mercredi 25 décembre 2024

Quelques photos de la temporada 2024

 
   Trois novilleros qui suscitent des espoirs : Jarocho et Marco Perez (à Toro), Aaron Palacio (à Garlin)
 

 




Diego Urdiales, désormais telonero de luxe, a connu une temporada des plus discrètes ; mais il reste un maître du classicisme. La photo de cette demi-véronique ne trompe pas. Almazan, 31 août.



Toro de Margé à La Brède. Dans beaucoup d'arènes françaises dites de première catégorie on a hélas vu des animaux très inférieurs en trapío à celui-ci, surtout lorsque les figures sont au cartel.
 

 



jeudi 19 décembre 2024

Sur Enrique Ponce

 
Jean Pierre Darracq "El Tio Pepe",  revue Toros n° 1338 (octobre 1988) :
 
   "Ça durera ce que ça durera. Mais les Anciens de ma génération se souviennent de l'oncle de ce gamin, ce petit valencien Rafael Ponce "Rafaelillo" qui fit des débuts époustouflants de novillero et tint ensuite la dragée haute aux grandes figures de l'avant-guerre. Or bien, cet après-midi la plaza de Madrid entièrement garnie de spectateurs, a savouré la joie incomparable de découvrir un torero, un vrai torero, en la personne de ce minuscule Enrique que l'on prendrait volontiers pour un élève de Seconde qui n'a pas beaucoup grandi. Ce gamin au cœur de lion cite le toro de face plutôt que de trois-quarts, charge la suerte dans toutes les passes, à droite ou à gauche, aguante au maximum et dégage ensuite le bras pour conduire la passe jusqu'à son remate normal. Et ceci face à deux grands novillos mansos l'un de Lupi, l'autre de La Fresneda, gratteurs de sable, lents à s'élancer, hésitants dans leurs embestidas. Je crois que s'il avait eu la chance de tomber sur le premier novillo de la corrida, qui, du début à la fin, répondit de loin et sans hésiter à tous les cites le gosse nous aurait rendus fous. Quand on le vit brinder au public ce sixième (en réalité le troisième sixième !) dont, apparemment, il n'y avait rien à attendre de bon, et ce fut le cas, personne ne croyait qu'on allait assister à un cours de tauromachie professé par un gamin qui, paraît-il, n'a pas encore dix-sept ans. Or tout le répertoire y est passé, avec une aisance confondante, liant les séries, soignant les remates, enjolivant les adornos comme s'il toréait du bout des doigts, avec délicatesse, mais comme un homme, un macho."



Domingo Delgado de la Camara , Le toreo revu et corrigé , 2002 :

   "Son courage est immense. Il ne le manifeste jamais par de grands gestes, et il réussit à briller face aux toros les plus difficiles. Alors que tous voient le danger de l'animal, Enrique, sans ignorer ce danger, voit avec optimisme quelque vertu cachée du toro que personne n'a vue. Alors, il s'emploie à fond. Sobrement et méthodiquement, il commence à lutter avec les toros les plus épouvantables. Il termine en s'en rendant maître, et ces bêtes sauvages ressemblent à des moutons qui demandent pardon. La faena qu'il réalisa face à un gros toro de Sepúlveda lors de la San Isidro en 1994 fit parler d'elle. Mais celle qu'il réalisa face à ''Lironcito'' de Valdefresno, lors de la San Isidro en 1996, fut encore meilleure. C'est la meilleure démonstration de domination que j'ai vue. La bête était un manso déjà toréé et ouvertement dangereux. Quand on sonna la mise à mort, il était au maximum. Il était devenu le maître. Ponce alla vers lui avec sa détermination naturelle. Les premières charges donnèrent le frisson. Le toro chargeait avec une grande violence, se dirigeant de manière évidente sur le torero. Il donnait les coups les plus sinistres. Ponce, au lieu de l'éviter en fuyant le combat, avançait sa poitrine à chaque passe, se croisant chaque fois plus - c'est exactement ce qu'il fallait faire, même si cela fait très peur. À chaque arrêt correspondait un coup précis de muleta. Le toro passait, chaque fois plus amplement et avec moins de violence. Il termina en le toréant sur les deux cornes avec son esthétique parfaite."



Jesus Hernandez, ganadero de Los Bayones , revue Terres Taurines n°69 ,  juin 2017 :

   ''À l'époque où Ponce tuait beaucoup d'Atanasios, beaucoup de toros sortaient sans offrir beaucoup de possibilités en apparence. Mais il leur laissait du temps sans rien exiger d'eux, puis les obligeait davantage et à la fin, ils embistaient du feu de Dieu. Ces toros ont besoin qu'on leur apprenne à embister. Ponce permit à l'encaste de vivre une époque dorée. Il tuait ta corrida et c'était une garantie. Il les rendait tous bons.''


Thierry Vignal , revue Toros n°2228 , novembre 2024 :

   "Ponce aura été un torero relativement ''court'' en ce sens qu'il aura été avant tout un muletero. Il lui est arrivé de très bien toréer à la cape, mais sa conception essentiellement cérébrale du rapport avec le toro l'aura conduit à voir dans le capote avant tout un instrument permettant d'évaluer les qualités et défauts du toro, une vision, donc, plus utilitaire qu'esthétique."
 
 



jeudi 12 décembre 2024

Enrique Ponce


 
   Le pouvoir d'Enrique Ponce ! Maître incontesté des années 90, trente-cinq temporadas passées sur les sommets de la toreria ! Combien de toros, dans cette longue carrière, l'auront mis en échec ? Très peu assurément. Sa capacité à tirer parti de tous, en particulier des toros mansos, rétifs, fuyards, a été une constante tout au long de sa carrière. Par quelle alchimie a-t-il eu le pouvoir de transformer de manière si régulière et parfois si radicale le comportement de ses adversaires, d'insuffler un zeste de bravoure à ceux qui en paraissaient dépourvus ? 
   Cette transmutation ne relève pas de la magie noire. En premier lieu, la confiance en soi qui émane du torero lorsqu'il commence à entrer en relation avec le toro se transmet progressivement à celui-ci. Avoir confiance en soi donne confiance aux autres, cette règle élémentaire des relations humaines s'applique aussi, les aficionados l'ont constaté depuis longtemps, à la relation du torero avec le toro, de l'homme avec l'animal. Mais cette confiance possède des fondements. Le principal d'entre eux est le courage. C'est lui qui va permettre de fouler les terrains que l'on a choisi, de s'y maintenir le temps nécessaire et de garder tout au long de la passe une lucidité parfaite qui va assurer un maniement de l'étoffe au rythme juste de la charge du toro. Cette lucidité permanente n'est possible que par l'assurance intime de sa capacité à toujours diriger les trajectoires de l'animal. Elle est à l'origine du temple, qui n'est donc pas état de grâce mais pouvoir du courage. 
   Et, pour peu que l'on ait une tête bien faite, la somme de ces expériences se transformera dès le plus jeune âge en science du combat. Le natif de Chiva partage ce privilège avec Paco Camino.
   Enfin si, porté par l'ambition, on donne chaque jour le meilleur de soi-même, on devient Enrique Ponce, figure du toreo.  
   Loin du mythe du torero né, le Valencien doit tout à sa volonté de puissance et fort peu à de supposées capacités innées. Sauf sans doute une conformation physique : élégance du corps, souplesse des articulations, qui lui a permis de toujours séduire publics et toros. Enrique Ponce, en revanche, n'a jamais été un torero de duende. Son toreo cérébral, basé comme celui de Luis Miguel Dominguin sur la constance dans le succès et la domination de tous les toros, était à l'opposé de ce ''miracle qui arrive à produire un enthousiasme presque religieux'' (Lorca).
   Une autre de ses grandes vertus a été de comprendre que, pour atténuer cette froideur que donne immanquablement toute supériorité technique, il devait affronter régulièrement des toros de fort trapío et posant problème. C'est pourquoi il combattit sans la moindre réticence les toros destartalados de Samuel Flores ou les imposants mansos de l'encaste Atanasio-Lisardo. Et c'est devant ces encastes-là qu'il obtint ses plus marquants triomphes. S'il profita bien sûr des facilités en matière de toro qu'offre la position de figure il ne fut pas, contrairement à certains de ses compañeros de succès, de ceux qui cherchent à imposer systématiquement aux empresas et au public le toro amoindri et docile.

   Pour toutes ces années d'élégante et de probe maestria, merci Monsieur Enrique Ponce.
 
 

 
 
photos : 1- Madrid  2 juin 2006  (Paloma Aguilar)
              2- Nîmes  18 septembre 2020 (Velonero) On se rappellera qu'Enrique Ponce fut la seule figure à dar la cara lors de l'épisode du Covid.
  

jeudi 28 novembre 2024

Croquis de la fête taurine (poèmes 16)

 
Alfonso Romero
 
Toute la misère du monde t'accable
en ce jour 
d'échec
Homme du commun, mon frère.
 
 
 
El Soro
 
Par ta lourdeur joyeuse
le public
conquis 
entrevoit une nouvelle vie.
 
 
 
Tomas Campuzano
 
Ferme et solide face à la houle
Ton corps
massif
fait front aux plus forts toros d'Espagne. 
 
 
 
 


 
 

samedi 23 novembre 2024

Bilan 2024

 
Ma corrida rêvée
 
 
                             6  toros de Victorino MARTIN  6
          Daniel LUQUE  -  Borja JIMENEZ  -  Juan ORTEGA



   Ma temporada 2024 nécessite vraiment le secours du rêve car elle a été particulièrement désafortunée. Tout avait pourtant commencé pour le mieux avec deux très bonnes corridas madrilènes, celle de Fuente Ymbro avec une grande journée de Roman puis celle de Baltasar Iban le lendemain, suivies d'une feria vicoise d'excellent niveau. Mais le temps exécrable qui régna à Vic était sans doute un signe précurseur; la suite, à l'exception de la très encastée corrida de Victorino Martin à Mont-de-Marsan, connaitrait une succession d'après-midi ordinaires, de contretemps et de désastres. Un sort contraire a voulu que je voie El Fandi gâcher quatre bons toros dans une temporada où je n'ai pas réussi à croiser le chemin de Borja Jimenez, ni celui de Juan Ortega ou de Pablo Aguado et où je n'ai vu Daniel Luque ou Morante que dans des journées médiocres en raison d'un bétail catastrophique. C'est le rêve qui se transforme en cauchemar ! Cauchemar aussi les deux corridas toreristes de la feria de Mont-de-Marsan et, pour enterrer la temporada, le lot scandaleux de Miura à Saragosse.
   Heureusement, tout le monde n'a pas été logé à la même enseigne : ceux qui, avec clairvoyance, se sont bornés à voir les corridas de Victorino Martin, de Fuente Ymbro, de Dolores Aguirre, ne se plaindront pas de leurs après-midi. Les toros de Santiago Domecq et de Victoriano del Rio ont également permis, le plus souvent, des tardes animées. Heureux enfin ceux qui ont fait le choix d'aller voir les Margé à Dax, leur caste a marqué les esprits des aficionados présents. 
   Nombreux sont aujourd'hui les toreros qui peuvent faire rêver et ce ne sont pas nécessairement des figures aux exigences démesurées. Outre Daniel Luque, grand maestro depuis plusieurs temporadas déjà, il y a Juan Ortega, artiste capable d'atteindre au sublime, sans oublier son compatriote sévillan Pablo Aguado; de son côté Borja Jimenez, triomphateur de Madrid et de Bilbao, a pleinement confirmé sa bonne temporada précédente. Il y a aussi Morenito de Aranda, inattendu triomphateur dans le Sud Ouest, on espère en secret le voir réaliser une temporada encore plus complète en 2025. Et Damian Castaño, que les insuffisances à l'épée empêchent d'occuper un meilleur poste mais qui a d'ores et déjà fait naître le rêve en s'annonçant comme unico espada face aux Dolores Aguirre de la feria de San Agustin del Guadalix en avril prochain. Et Roman, Clemente, Tomas Rufo ...
   
   Je voudrais ajouter quelques mots sur les retransmissions télévisées des corridas, sujet dont on a beaucoup parlé cette année. 
   J'ai bien sûr été très heureux de la possibilité offerte par One Toro de s'abonner sans difficulté depuis la France et j'ai souscrit aussitôt sans barguigner. Mais je dois dire que le recours au visionnement des corridas télévisées, trop inscrit dans la routine de la vie quotidienne et déconnecté de toute sociabilité, a du mal à me faire rêver. Il est un pis-aller. J'entends dire que la télévision est nécessaire à l'avenir de la corrida, j'avoue ne pas avoir d'opinion bien établie sur ce sujet. Il est certain que notre époque permet et exige d'avoir des images ''animées'' en permanence, il semble donc difficile pour la tauromachie comme pour d'autres activités culturelles d'exister sans cette profusion. Mais la corrida n'est pas un spectacle ordinaire. À trop se montrer, elle risque de se banaliser, de perdre sa singularité et sa grandeur. Il faut aussi savoir se faire désirer.
   Et que dire du niveau des commentaires qui font trop souvent passer les vessies pour des lanternes (excluons de leur médiocrité assumée, ceux de Domingo Delgado de la Camara qui, malgré son côté sentencieux, relève le niveau et tient des propos susceptibles d'éduquer les téléspectateurs). Il parait que l'on peut, dans certaines retransmissions sportives, avoir l'image accompagnée du son en direct du stade mais avec la voix des commentateurs en option. Quelle bénédiction si le procédé pouvait se généraliser !
   Des nombreuses courses que j'ai vues sur le petit écran, il me semble que j'ai gardé  un souvenir plus vif, plus chargé d'émotion de celles que l'on pourrait qualifier de toristes, lorsqu'elles étaient réussies. Je pense à la tarde des Dolores Aguirre de Bilbao avec notamment l'affrontement entre Damian Castaño et Argelon. Ou à la novillada de Cuadri à Villaseca de la Sagra, remarquable de bravoure et de mobilité. En revanche les quelques courses faciles et brillantes m'ont laissé peu de souvenirs, sans compter les courses désastreuses, majoritaires hélas.
 
Qui nous fera rêver en 2025 ? 


Assurément il y aura les pupilles de Baltasar Iban, prévus à Mugron le lundi de Pâques, ici à Madrid pour la dernière San Isidro.

 
 
 
   

mardi 29 octobre 2024

Croquis de la fête taurine (poèmes 15)

 
Peletero 
 
Dans les arènes de Condrette à Mugron
ta bravoure
éclata
en gerbes noires de fureur volcanique.
 
 
 
Matemáticas
 
Victorino tueur  grand mathématicien 
À la tangente de l'homme
deux fois tu frappas
Mais par Morante
fus dominé.



Desgarbado

Et  il  tourne,  tourne,  tourne
le petit
Desgarbado
ensorcelé au Luna Park de nos désirs.









mardi 15 octobre 2024

Zaragoza

 
 

 

 
 
 
Samedi 12 octobre 2024                               Zaragoza
température agréable                            Coso de la Misericordia
trois quarts d'arène
 
Trois toros de Miura (1, 4, 6), un de Concha y Sierra (2), un de Peñajara (3 bis) et un de Salvador Gavira (5 bis) pour Manuel Escribano (salut, salut), Esaú Fernandez (salut et salut avec division d'opinions chaque fois) et Jesus Enrique Colombo (silence, salut avec division d'opinions). Corrida goyesque.
 
Le Coso de la Misericordia est une des plus anciennes plazas de toros espagnoles (inauguration en 1764) et la première à avoir couvert son enceinte, par un système original qui allie l'esthétique et le confort auditif.
Ce jour, le dernière corrida à pied de la feria du Pilar, annoncée de Miura, fut un véritable désastre. Sur les cinq pensionnaires de Zahariche prévus on en retira deux pour invalidité et le sixième aurait dû l'être également. Quelle tristesse que ce dernier miura, attendu comme le messie en raison de ses 699 kg annoncés, et qui sortit de la première pique invalide et les cornes en pinceau ! Défensif fut le 1, brave et noble mais soso le 4. Bien sûr les deux sobreros ne valaient pas tripette, seul le 2, un remiendo de Concha y Sierra fit preuve d'une mobilité digne d'un toro de lidia.
Manuel Escribano fut l'unique maestro à tuer deux miuras. Il le fit avec l'oficio qu'on lui connaît et sut donner au noble quatrième quelques naturelles et droitières de qualité. Il fut le seul diestro du jour à être applaudi unanimement.
Esaú Fernandez ne tua, lui, aucun miura mais il dut lutter contre la partie intolérante du public qui lui reprocha avec une virulence malsaine son positionnement fuera de cacho. C'est toujours plus facile de s'en prendre aux modestes.
De Colombo, on retiendra les coups d'épée canon, incontestablement le point fort du Vénézuélien. On lui aurait su gré d'abréger notre déprime face au dernier.
Manuel Escribano et Jesus Enrique Colombo posèrent les banderilles avec des fortunes diverses. Les trois toreros allèrent a porta gayola à de nombreuses reprises, ce qui contibue à rendre banale une suerte qui devrait être extraordinaire.
Une tarde, la dernière de la temporada, qui laisse un mal sabor de boca.
 

jeudi 26 septembre 2024

Croquis de la fête taurine (poèmes 14)

 
Cayetano
 
En moi tant de toreros
Comment 
faire
briller
ma lumière propre ?
 
 
 
 
Emilio de Justo
 
Par la force du poignet et de l'âme
tu as
parcouru
le chemin qui mène aux étoiles.




Paco Ureña

Torero de géométrie et d'art
de forme 
et de cœur
dont les rondeurs se métamorphosent en or.
 
 






dimanche 15 septembre 2024

Éauze

 

 



Samedi 14 septembre 2024                   Éauze (Gers)
beau temps frais                                    Arènes Nimeño II
un tiers d'arène
 
Six toros de Pagès Mailhan (6 piques, 1 chute, bons au troisième tiers sauf le 6) pour Dorian Canton (une oreille, une oreille), El Rafi (salut, silence) et Yon Lamothe (salut, silence).
 
Le 7 juillet dernier, date traditionnelle et initialement prévue pour cette corrida, se trouvant, à la surprise générale, jour d'élection législative, les organisateurs élusates avaient décidé de reporter leur journée taurine à ce samedi 14 septembre. L'affluence s'en est sans doute ressentie.
Entre temps les toros de Pagès Mailhan ont été bien nourris. Présentation magnifique, beauté des formes, avec le bémol de quelques cornes abimées. Ils donnèrent dans l'ensemble un très bon jeu au dernier tiers. On aurait aimé voir les deux derniers sous une seconde pique, en particulier le cinquième qui avait obtenu, à la poussée, la chute du brave. Il se montra par la suite encasté. Seul le dernier, après une bonne pique, se montra réservé. La ganaderia Pagès Mailhan semble avoir atteint un niveau qui devrait lui permettre de sortir maintenant dans des arènes françaises de première catégorie. Il est certain que le lot de ce jour surpassait largement nombre de lots minables d'élevages plus huppés que l'on voit trop souvent face aux vedettes. Suivez mon regard . 
Dorian Canton, toujours porté par une volonté de réussir qui fait plaisir à voir, alterna maladresses qui le mirent parfois en situation difficile et toreo profond. Il se montra tueur efficace et, avec une oreille à chaque toro, fut le seul de la terna à réellement profiter du bon encierro.
Pourquoi, chaque fois que je vois El Rafi, ai-je l'impression qu'il ne donne pas son maximum, comme s'il se réservait pour une meilleure occasion - oui, mais laquelle?? Son premier toro est une véritable machine à embestir et il ne lui coupe pas les oreilles. Son second est un burel encasté face auquel il reste à distance prudente, toréant toujours sur le pico, jouant de la voix pour donner le change.
Yon Lamothe se montra sûr, dominateur et templé face au bon troisième. Il perdit le bénéfice de son travail lors de la suerte suprême, donnant l'impression que sa haute taille était plus un handicap (épées traseras) qu'un avantage. L'ultime, très vite parado au dernier tercio, ne pouvait autoriser une revanche.

 

mardi 10 septembre 2024

Pérégrinations taurines espagnoles de Christian (3)

 

24 août    Arenas de San Pedro    37° 

Bonne place à l'ombre avec juste ce qu'il faut de brise pour ne pas déranger les hommes.

1/2 arène... encore et public vieillissant. mais je me plais à rappeler que j'ai, globalement, bien vu de la jeunesse dans les divers tendidos visités. J’espère le dire en toute objectivité.

Paséo 19h05, 1 minute de silence pour Paco Camino qui a vécu et est mort tout récemment dans le coin. 

Je me souviens d'un épisode le concernant. À la fin des années 90 , j' étais assis à la terrasse ombragée d'un bar ou nous avions nos habitudes d'apéro de soirée car il était située sur les coteaux de la Sierra de Gredos d'où nous arrivait une fraîcheur salvatrice qui nous requinquait des après-midi infernaux que l'Espagne manchega-andalouse peut nous prodiguer. J'avisai ce jour-là un fringant sexagénaire qui s'entretenait avec le chef d'établissement et auquel bon nombre de membres de l'assistance présente jetaient des regards respectueux. Je m'enquérais du nom du bonhomme auprès de mes compagnons de tablée : " C'est Paco Camino", me répondit on dans un murmure de conspirateur.  "Paco qui ?" demandais je... Que de chemin parcouru dans le mundillo et  j'en connais encore si peu!

La corrida donc ....

Toros d'Adolfo Martin pour Curro Diaz et Manuel Escribano, erales de Pablo Mayoral pour Julio Mendez. Comme de coutume cet été nous oublierons les noms , âges et poids des animaux présentés mais je peux vous dire que nous fûmes gâtés pour une troisième catégorie. Juste pour pinailler, le premier de Curro Diaz était bizco que s'en était comique!

Curro n'en tira pas grand-chose et abrégea par un acier bien situé et rapide d'effet. Les gens donnent une oreille et ne se lèvent même pas pour l'arrastre du toro ou la vuelta du matador, public en carton qui vient passer un bon moment et distribuer des oreilles de bonne humeur. La suite me fera mentir.

Le suivant pour Manuel Escribano est bien dans le type de la maison selon la formule consacrée. Grand cadre et plus de gaz que le premier. Manuel pose les banderilles à cornes passées sauf la dernière paire. Son toreo a gagné un peu en subtilité depuis quelques temps mais le toro est compliqué, le diestro se retrouve un peu dépassé et n'insiste pas. Il me semble qu'il y avait pourtant  mieux à faire.

Mon trop plein de cynisme me fait penser que les deux compères s'offrent ici un entrainement de luxe tous frais payés d'autant plus que le lendemain Escribano a rendez-vous avec 6 toros en solo à Tarifa. Entrainement plus prise de risque limitée. Comme pour le public la suite des événements me fera mentir.

C'est au tour du novillero sans picador Julio Mendez de s'y coller. Je vais faire court : ce gamin a tout bon et j'ai peut-être vu l'avenir! Fouillez son pedigree, allez le voir, perso je vais le suivre de très près et vous feriez bien d'en faire autant ! Il irradie la classe par tous les pores de son costume !!!

Concernant la suite des événements, les deux compères n'étaient pas venus là pour faire entraînement contrairement à ce que je pensais et nous gratifièrent  de deux faenas fort enlevées.

Le public apprécia en connaisseur le travail effectué. Là aussi je me suis trompé puisqu'il y avait bien de l'aficion sur les étagères et ce ne fut pas le grand n'importe quoi dans la distribution de trophées , juste ce qui était justifié. Satisfaction.

La saison des live se termine là-dessus. Je me suis fort peu ennuyé depuis Céret , ma flamme brûle encore bien et j'en suis heureux.

Merci de votre attention et que la corrida dure encore un peu!

Christian

 

jeudi 5 septembre 2024

Encierro à Cuéllar

 
   Lorsque l'on arrive à Cuéllar, modeste cité de la province de Ségovie (9000 habitants tout de même), on est accueilli par un panneau de signalisation proclamant : "Cuéllar  Los encierros mas antiguos de España". Ce n'est pas rien ! On imagine que d'autres villes peuvent se prévaloir de cette ancienneté, ce qui est certain c'est que les archives ont gardé de nombreuses mentions des encierros locaux depuis le début du XVe siècle.
   Ici, l'encierro se fait en deux parties. Une première dans le campo, avec un départ de la manade, entourée de cavaliers, à 8 heures du matin, pour un parcours de cinq  kilomètres à travers champs et bois, depuis les rives du río Cega jusqu'aux premières maisons de la ville.
   Là, si tout va bien (ce qui est rare semble-t-il), à 9 heures et demi, les toros, toujours groupés, peuvent s'élancer dans les rues de la ville pour un parcours d'un kilomètre et demi jusqu'aux arènes. Alors les cavaliers s'effacent, les coureurs à pied prenant le relais.
 


Le parcours final de la partie campera de l'encierro juste avant l'arrivée en ville. (Photo prise en fin de matinée après le passage des toros, cliquer sur les photos pour les agrandir)



 
En attendant l'arrivée des toros, les Cuellaranos dansent sur le parcours urbain de l'encierro au son des dulzainas (hautbois traditionnel) et tamboriles. Un moment magnifique!



 
Au tour des coureurs ...
 
 

Cuidado ! Le danger est aussi pour les spectateurs.


Un buen mozo de Cebada Gago.


 Un sardo typique de l'élevage.


Après l'encierro, on lâche des toros dans la plaza pour les amateurs.


L'après-midi, à l'heure de la corrida, un abat d'eau tombe sur la ville. La corrida est annulée. Nous ne verrons pas lidier le beau lot de Cebada Gago par Juan de Castilla, Jesus Enrique Colombo et Molina. Dommage! Les Cebada n'avaient pas été si mal à Pampelune, il aurait été intéressant de les voir confirmer (ou pas)  la tarde du 8 juillet dernier. On sait que le fait de courir l'encierro dans  la capitale navarraise a un effet plutôt bénéfique sur le comportement des toros durant la corrida de l'après-midi. Ici, l'encierro est beaucoup plus long et très accidenté, les toros du jour sont arrivés très éprouvés aux arènes. Il faudra revenir ...

photos Velonero


 

  

lundi 2 septembre 2024

Almazán

 

 



Samedi 31 août 2024                         Almazán (Soria)
un quart d'entrée
temps frais, orageux et pluvieux

Six toros de Dominguez Camacho (inégaux, 7 piques) pour Diego Urdiales (une oreille, silence), Paco Ureña (une oreille, une oreille) et Pablo Atienza qui prenait l'alternative (deux oreilles, ovation).

Après deux jours d'orages et d'averses qui ont conduit à l'annulation des corridas de Cuellar jeudi et de Tarazona vendredi, l'incertitude est grande à l'heure du paseo. Une légère pluie tombe sur la plaza, l'orage gronde de tous côtés mais la piste est en bon état et le paseo débute à 18 heures en punto. Les orages iront se déverser en d'autres lieux, ne restera ici qu'une fraîcheur inhabituelle pour la saison. 
Les toros de Dominguez Camacho, d'origine Marquis de Domecq, auraient formé un joli lot si trop d'armures n'avaient été si discrètes, voire douteuses. Le sixième est un toraco digne des plus grandes arènes.
C'est face à Ordenado que le Ségovien Pablo Atienza est ordonné matador de toro. Son actuation fut une bonne surprise car on n'attendait pas le discret novillero qu'il a été à ce niveau. Il donna au toro de la cérémonie d'excellentes naturelles, se croisant et courant parfaitement la main, puis, le toricantano fit front sans perdre les papiers au dernier astado, un tío imposant et violent.
Devant un toro de charge limitée et un autre brusque, Diego Urdiales se montra fidèle à son concept classique. On retiendra de son ouvrage quelques belles véroniques et une media.
On doit l'autre bonne surprise de la tarde à Paco Ureña. Bien qu'il torée assez peu, l'homme nous est apparu en bonne forme, je dirai même rayonnant. Il exprima tout le possible de son premier adversaire, noble mais faible. Son temple et sa précision lui permirent de dominer le cinquième qui donnait de la tête. Quand on pense qu'un torero de sa qualité torée si peu et qu'il a été écarté de la dernière feria de Bilbao !
Public peu nombreux mais sensible et réceptif à l'art classique des trois toreros.