Jean Pierre Darracq "El Tio Pepe", revue Toros n° 1338 (octobre 1988) :
"Ça durera ce que ça durera. Mais les Anciens de ma génération se souviennent de l'oncle de ce gamin, ce petit valencien Rafael Ponce "Rafaelillo" qui fit des débuts époustouflants de novillero et tint ensuite la dragée haute aux grandes figures de l'avant-guerre. Or bien, cet après-midi la plaza de Madrid entièrement garnie de spectateurs, a savouré la joie incomparable de découvrir un torero, un vrai torero, en la personne de ce minuscule Enrique que l'on prendrait volontiers pour un élève de Seconde qui n'a pas beaucoup grandi. Ce gamin au cœur de lion cite le toro de face plutôt que de trois-quarts, charge la suerte dans toutes les passes, à droite ou à gauche, aguante au maximum et dégage ensuite le bras pour conduire la passe jusqu'à son remate normal. Et ceci face à deux grands novillos mansos l'un de Lupi, l'autre de La Fresneda, gratteurs de sable, lents à s'élancer, hésitants dans leurs embestidas. Je crois que s'il avait eu la chance de tomber sur le premier novillo de la corrida, qui, du début à la fin, répondit de loin et sans hésiter à tous les cites le gosse nous aurait rendus fous. Quand on le vit brinder au public ce sixième (en réalité le troisième sixième !) dont, apparemment, il n'y avait rien à attendre de bon, et ce fut le cas, personne ne croyait qu'on allait assister à un cours de tauromachie professé par un gamin qui, paraît-il, n'a pas encore dix-sept ans. Or tout le répertoire y est passé, avec une aisance confondante, liant les séries, soignant les remates, enjolivant les adornos comme s'il toréait du bout des doigts, avec délicatesse, mais comme un homme, un macho."
Domingo Delgado de la Camara , Le toreo revu et corrigé , 2002 :
"Son courage est immense. Il ne le manifeste jamais par de grands gestes, et il réussit à briller face aux toros les plus difficiles. Alors que tous voient le danger de l'animal, Enrique, sans ignorer ce danger, voit avec optimisme quelque vertu cachée du toro que personne n'a vue. Alors, il s'emploie à fond. Sobrement et méthodiquement, il commence à lutter avec les toros les plus épouvantables. Il termine en s'en rendant maître, et ces bêtes sauvages ressemblent à des moutons qui demandent pardon. La faena qu'il réalisa face à un gros toro de Sepúlveda lors de la San Isidro en 1994 fit parler d'elle. Mais celle qu'il réalisa face à ''Lironcito'' de Valdefresno, lors de la San Isidro en 1996, fut encore meilleure. C'est la meilleure démonstration de domination que j'ai vue. La bête était un manso déjà toréé et ouvertement dangereux. Quand on sonna la mise à mort, il était au maximum. Il était devenu le maître. Ponce alla vers lui avec sa détermination naturelle. Les premières charges donnèrent le frisson. Le toro chargeait avec une grande violence, se dirigeant de manière évidente sur le torero. Il donnait les coups les plus sinistres. Ponce, au lieu de l'éviter en fuyant le combat, avançait sa poitrine à chaque passe, se croisant chaque fois plus - c'est exactement ce qu'il fallait faire, même si cela fait très peur. À chaque arrêt correspondait un coup précis de muleta. Le toro passait, chaque fois plus amplement et avec moins de violence. Il termina en le toréant sur les deux cornes avec son esthétique parfaite."
Jesus Hernandez, ganadero de Los Bayones , revue Terres Taurines n°69 , juin 2017 :
''À l'époque où Ponce tuait beaucoup d'Atanasios, beaucoup de toros sortaient sans offrir beaucoup de possibilités en apparence. Mais il leur laissait du temps sans rien exiger d'eux, puis les obligeait davantage et à la fin, ils embistaient du feu de Dieu. Ces toros ont besoin qu'on leur apprenne à embister. Ponce permit à l'encaste de vivre une époque dorée. Il tuait ta corrida et c'était une garantie. Il les rendait tous bons.''
Thierry Vignal , revue Toros n°2228 , novembre 2024 :
"Ponce aura été un torero relativement ''court'' en ce sens qu'il aura
été avant tout un muletero. Il lui est arrivé de très bien toréer à la
cape, mais sa conception essentiellement cérébrale du rapport avec le
toro l'aura conduit à voir dans le capote avant tout un instrument
permettant d'évaluer les qualités et défauts du toro, une vision, donc,
plus utilitaire qu'esthétique."
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