Ma corrida rêvée
6 toros de Victorino MARTIN 6
Daniel LUQUE - Borja JIMENEZ - Juan ORTEGA
Ma temporada 2024 nécessite vraiment le secours du rêve car elle a été particulièrement désafortunée. Tout avait pourtant commencé pour le mieux avec deux très bonnes corridas madrilènes, celle de Fuente Ymbro avec une grande journée de Roman puis celle de Baltasar Iban le lendemain, suivies d'une feria vicoise d'excellent niveau. Mais le temps exécrable qui régna à Vic était sans doute un signe précurseur; la suite, à l'exception de la très encastée corrida de Victorino Martin à Mont-de-Marsan, connaitrait une succession d'après-midi ordinaires, de contretemps et de désastres. Un sort contraire a voulu que je voie El Fandi gâcher quatre bons toros dans une temporada où je n'ai pas réussi à croiser le chemin de Borja Jimenez, ni celui de Juan Ortega ou de Pablo Aguado et où je n'ai vu Daniel Luque ou Morante que dans des journées médiocres en raison d'un bétail catastrophique. C'est le rêve qui se transforme en cauchemar ! Cauchemar aussi les deux corridas toreristes de la feria de Mont-de-Marsan et, pour enterrer la temporada, le lot scandaleux de Miura à Saragosse.
Heureusement, tout le monde n'a pas été logé à la même enseigne : ceux qui, avec clairvoyance, se sont bornés à voir les corridas de Victorino Martin, de Fuente Ymbro, de Dolores Aguirre, ne se plaindront pas de leurs après-midi. Les toros de Santiago Domecq et de Victoriano del Rio ont également permis, le plus souvent, des tardes animées. Heureux enfin ceux qui ont fait le choix d'aller voir les Margé à Dax, leur caste a marqué les esprits des aficionados présents.
Nombreux sont aujourd'hui les toreros qui peuvent faire rêver et ce ne sont pas nécessairement des figures aux exigences démesurées. Outre Daniel Luque, grand maestro depuis plusieurs temporadas déjà, il y a Juan Ortega, artiste capable d'atteindre au sublime, sans oublier son compatriote sévillan Pablo Aguado; de son côté Borja Jimenez, triomphateur de Madrid et de Bilbao, a pleinement confirmé sa bonne temporada précédente. Il y a aussi Morenito de Aranda, inattendu triomphateur dans le Sud Ouest, on espère en secret le voir réaliser une temporada encore plus complète en 2025. Et Damian Castaño, que les insuffisances à l'épée empêchent d'occuper un meilleur poste mais qui a d'ores et déjà fait naître le rêve en s'annonçant comme unico espada face aux Dolores Aguirre de la feria de San Agustin del Guadalix en avril prochain. Et Roman, Clemente, Tomas Rufo ...
Je voudrais ajouter quelques mots sur les retransmissions télévisées des corridas, sujet dont on a beaucoup parlé cette année.
J'ai bien sûr été très heureux de la possibilité offerte par One Toro de s'abonner sans difficulté depuis la France et j'ai souscrit aussitôt sans barguigner. Mais je dois dire que le recours au visionnement des corridas télévisées, trop inscrit dans la routine de la vie quotidienne et déconnecté de toute sociabilité, a du mal à me faire rêver. Il est un pis-aller. J'entends dire que la télévision est nécessaire à l'avenir de la corrida, j'avoue ne pas avoir d'opinion bien établie sur ce sujet. Il est certain que notre époque permet et exige d'avoir des images ''animées'' en permanence, il semble donc difficile pour la tauromachie comme pour d'autres activités culturelles d'exister sans cette profusion. Mais la corrida n'est pas un spectacle ordinaire. À trop se montrer, elle risque de se banaliser, de perdre sa singularité et sa grandeur. Il faut aussi savoir se faire désirer.
Et que dire du niveau des commentaires qui font trop souvent passer les vessies pour des lanternes (excluons de leur médiocrité assumée, ceux de Domingo Delgado de la Camara qui, malgré son côté sentencieux, relève le niveau et tient des propos susceptibles d'éduquer les téléspectateurs). Il parait que l'on peut, dans certaines retransmissions sportives, avoir l'image accompagnée du son en direct du stade mais avec la voix des commentateurs en option. Quelle bénédiction si le procédé pouvait se généraliser !
Des nombreuses courses que j'ai vues sur le petit écran, il me semble que j'ai gardé un souvenir plus vif, plus chargé d'émotion de celles que l'on pourrait qualifier de toristes, lorsqu'elles étaient réussies. Je pense à la tarde des Dolores Aguirre de Bilbao avec notamment l'affrontement entre Damian Castaño et Argelon. Ou à la novillada de Cuadri à Villaseca de la Sagra, remarquable de bravoure et de mobilité. En revanche les quelques courses faciles et brillantes m'ont laissé peu de souvenirs, sans compter les courses désastreuses, majoritaires hélas.
Qui nous fera rêver en 2025 ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire