dimanche 8 mai 2022

Génie de Morante

    Voir cette œuvre, vivre ce moment - même à travers le petit écran - c'est, pour un morantiste, pour un aficionado tout simplement, accéder au Paradis, un paradis qui mêle l'émotion la plus profonde avec un sentiment de perfection indépassable.
   Il faut d'abord préciser qu'un tel chef-d'œuvre n'a été possible que parce qu'il y eut rencontre d'un torero et d'un toro. Aucune des bédigues de Garcigrande sorties mercredi ne l'auraient permis. Ballestero, pourtant du même élevage, était différent. Il se substitue à un invalide du fer titulaire d'Alvaro Domecq. C'est un imposant cinqueño, negro, de 550 kg. Il se montre très compliqué à la cape lors d'une réception inhabituellement longue et peu brillante. Le toro est méfiant, parcourt toute la plaza, fuyant. Morante donne beaucoup de passes dans le but de canaliser sa charge, il y parvient quelque peu en toute fin. La première pique est prise au réserve (carioca). La seconde au picador de turna (nouvelle carioca). Face à une charge brusque et incertaine, Juan José Trujillo prend des risques aux banderilles et se fait applaudir. A la fin du second tercio, le toro est à nouveau au toril, il faut aller le chercher et Lili se trouve en difficulté. Morante, à la barrière, observe, souriant, et lance une plaisanterie à son peon. Ces longs moments de brega ont certes montré que Ballestero avait gardé toute sa puissance et suivait la cape sans hésiter mais, à ce stade, rien n'est écrit, rien n'est prévisible. Il faut un torero et il y a Morante. Le chef-d'œuvre peut commencer.
   Comment peut-on donner la faena entière dans un terrain si réduit alors que le toro vient de passer la moitié de sa vie publique à visiter le vaste ruedo de la Maestranza ! Comment peut-on dominer avec ce naturel un toro qui a une charge si soutenue ! Et quelle ligazon dans les passes ! Comme le toro passe près du corps ! Comme la muleta parait petite mais ferme et douce à la fois, imposant au toro des trajectoires toujours maîtrisées.
   Je n'ose imaginer ce que fut cette faena pour les privilégiés qui l'ont vécue dans la plaza avec les vibrations des vieilles pierres de la Maestranza, la chaleur du olé de Séville, la folie d'un public acquis au génie de Morante.



1 commentaire:

christian a dit…

LA FAENA de le feria parait il et moi qui faisait autre chose!!!
vivement les redifs.