lundi 21 novembre 2022

Défense de la corrida : quelques citations

 "Je compris que le taureau était bien loin de donner infailliblement dans le leurre: pris entre les caprices de la bête et l'exigeante attente des spectateurs, le torero risquait sa peau; ce danger était la matière première de son travail...Chaque combat était une création; peu à peu, je démêlai ce qui en faisait le sens et parfois la beauté."
(Simone de Beauvoir, La force de l'âge, 1960)


"Il reste qu'on ne pénètre pas dans des arènes sans que l'inconscient ne propose un choix entre le parti du taureau et le parti de l'homme. Pour ma part, profane, j'avoue me porter d'abord du côté du premier, considéré comme un condamné à mort, inexorablement. Mais ce sentiment intime cède devant l'évidence qu'un taureau est un bœuf extrêmement privilégié, qui a joui de cinq années de liberté absolue pour conforter ses dispositions belliqueuses et que, pour lui aussi, l'apothéose du combat est un mode d'expression."
(Antoine Blondin, 1978)
 

"La vie opulente du taureau s'épanouit, au terme d'une trajectoire de quatre à six ans, dans ce dernier quart d'heure qui lui donne son sens. Supprimer les corridas, ce serait du même coup supprimer le taureau, ce chef d'œuvre de l'art et de la vie." (Michel Tournier, Petites proses, 1986)
 

"Los Toros sont entrés dans le débat politique où se joue un choix - le mot n'est pas trop fort - de civilisation, dont l'enjeu est: la mondialisation - ou non - et donc la banalisation de notre comportement et de notre être même." (Jean Cau, La folie corrida, 1992)
 
 
"Tant  que tigre pourra égorger la gazelle, le faucon la colombe, le requin le thon, le loup la brebis ou le renard la poule, prétendre interdire à l'homme d'affronter le taureau dans une lutte épique, esthétique et éthique équivaudrait à le priver des droits que l'on accorde aux autres espèces et à porter ainsi atteinte à sa nature. Qui peut concevoir un tel projet, si ce n'est ceux qui veulent en finir avec l'humanisme ?" (André Viard, Terres Taurines n° 60, 2016)
 
 
"Assister aux courses de taureaux est un acte volontaire et l'appréciation qu'elles méritent relèvent du choix de chacun. Je comprends parfaitement qu'il y en ait qui éprouvent du rejet et du dégoût, comme d'autres devant tant de spectacles, habitudes et démonstrations culturelles différentes. Mais que cela permette aux autorités, en arguant de la puissance morale institutionnalisée, de décider si elles sont compatibles ou pas avec notre citoyenneté, voilà qui traduit abus de pouvoir et arrogance. Interdire un jeu à l'indubitable racine littéraire et artistique, rigoureusement codifié et stylisé au long des siècles, dont jouissent maintes personnes et qui garantit une forme de vie et un type de développement économique, lié au paysage et à l'élevage, exige un peu plus qu'un respectable mais non généralisable haut-le-cœur de certaines sensibilités." (Fernando Savater, Tauroética, 2011)


"Qui aime la corrida aime forcément les taureaux. Il se rêve sûrement lui-même en taureau - il n'y a guère d'exception à cette règle. Il se dit simplement ceci : de toutes les espèces animales que l'homme s'est appropriées pour servir ses fins, de toutes les espèces qui peuplent l'imagination des hommes, un des sorts les plus enviables n'est-il pas celui de cet animal qui vit librement pour mourir en combattant ? Comparez ! (Francis Wolff, Philosophie de la corrida, 2007)
 
 

                                                                        photo Laurent Bernède
 



 
 
 




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