mercredi 14 juillet 2021

Vic Fezensac 2021 (suite)


 




   La journée de dimanche a connu des moments de grande qualité, de ces moments rares et précieux que nous offre la tauromachie lorsqu’une rencontre a lieu entre un toro sérieux et un torero en pleine possession de ses moyens.

 

Corrida de Hoyo de la Gitana

   Bonne surprise que cette corrida de Hoyo de la Gitana, d’un trapio imposant, sérieuse, brave (14 piques), avec un bémol : une faiblesse de pattes latente qui empêcha certains toros de donner toute leur mesure et obligea à changer les 6 et 6 bis en raison de problèmes locomoteurs.

   Ce jour, Lopez Chaves connut une grande tarde, proche de la perfection. La lidia de son premier Hoyo de la Gitana constitua un modèle du genre. Tout ce qu’il fit à ce toro âpre fut précis, adapté, efficace. Pas un geste de trop, pas une passe superflue, une faena courte, pour une domination totale sur un toro qui ne demandait qu’à extérioriser sa caste austère. Une leçon de maître. Une oreille après une demi-estocade. Le Salmantin récidiva face au quatrième, plus avenant. Son sitio parfait, ses naturelles profondes soulevèrent l’enthousiasme du public qui l’obligea à accomplir deux tours de piste après une mise à mort laborieuse qui le priva de tout trophée. Grande journée de Lopez Chaves qui restera dans la mémoire de tous les aficionados présents.

   Avec un toreo beaucoup plus superficiel, Manuel Escribano fit appel à son expérience et à la variété de son jeu pour passer la rampe (salut, silence).

   Adepte d’un toreo répétitif et en ligne, Miguel Angel Pacheco passa totalement inaperçu.

 

Corrida de José Escolar Gil

   Il y a des corridas qui, comme les bons toros, vont a mas, ce fut le cas de celle-ci commencée dans la fadeur et l’ennui et terminée par un grand triomphe.

   Le petit ruedo vicois avait bénéficié pour l’occasion d’un lot d’une présentation supérieure qui en temps normal aurait été lidié à Madrid ou Pampelune. Mais les arènes de Las Ventas tournent au ralenti et, en cette semaine de San Fermin, les rues de la capitale navarraise restent désespérément désertes.

   Les quatre premiers Escolar Gil ne refusent pas l’appel des picadors (3 piques chacun)  mais pêchent par leur fadeur au point de permettre la sieste habituelle des jours sans toros. Il faut dire que de leur côté les toreros n’aident pas.

    Octavio Chacon est loin de son niveau d’il y a quelques années, on le sent usé prématurément par les rudes combats qu’il a déjà mené. Il laisse échapper les possibilités qu’offre, en particulier à gauche, son second adversaire.

   Manchero, le cinquième, est un magnifique cardeno. Il prend trois piques en poussant de verdad puis fait preuve d’une belle noblesse bien qu’entachée elle aussi de soseria. Alberto Lamelas n’est pas l’homme de la situation. Sans sitio, destemplado, le vaillant batailleur qu'il est ne peut en tirer profit malgré l’appui des tendidos qui l’avaient affectueusement appelé à saluer en début de corrida en souvenir de ses exploits accomplis en ce même ruedo.

   Jusqu’à ce moment, on peut dire que l’après-midi est un échec aussi pour les toreros qui n’ont jamais su prendre la mesure de toros à contrestyle de ce cartel de guerriers.

   Mais sort Cantador, plus petit malgré ses cinq ans bien sonnés, qui va changer la donne. Trois piques prises en brave pour lui aussi mais il possède en outre le nerf, la codicia, l’alegria qui manquaient à ses frères et qui vont donner du relief à ses charges répétées durant le troisième tiers. Gomez del Pilar saura profiter de ce remarquable adversaire, en particulier dans d’énormes séries de naturelles qui feront lever le public. Il arrête judicieusement la faena après un léger accrochage sans laisser au toro le temps de reprendre le dessus. Une entière, résistance du toro, deux oreilles pour Gomez del Pilar et vuelta pour Cantador. Final heureux d’une feria plus que jamais indispensable.

 

 


2 commentaires:

christian a dit…

J'aime le mundillo et ses aficionados aussi pour ca :
Un seul toro sur 6 de bon,qui se comprend avec l'homme en face et on pardonne tout,la tarde est sauvée.
Vive les escolar !!!

Anonyme a dit…

Concis, justes, sobres, vos reseñas reflètent bien ce que Vic a vécu...certes du décevant, mais les deux grands moments offerts par Domingo Lopez Chaves et Gomez del Pilar emportent tout dans un flot de frissons et d'émotions brutes.
Quel final!
Seul ce pauvre Zocato dans Sud-Ouest a trouvé Cantador "gentillet", lol

Qu'arrive vite Céret!

Beñat