Si la feria 2018 a été largement décevante elle s'inscrit toutefois pleinement dans la tradition des ferias vicoises. Ce fut une feria austère qu'aucun haut fait, ni de la part des toros, ni de la part des matadors, ni de celle des picadors n'est venu transfigurer. Des toros imposants, des cuadrillas fréquemment apeurées, des piques
nombreuses mais mal données, des matadors qui hésitent à s'engager à la
mort, un public souvent acariâtre.
Pour moi, l'aspect le plus négatif s'est trouvé dans la médiocrité des prestations de la quasi totalité des piqueros ayant actué durant la feria. Il s'agit là d'une régression importante - et que bien sûr j'espère provisoire - par rapport aux progrès qui avaient été accomplis ces dernières années dans ce domaine.
Les toros
El Retamar
Tout avait bien commencé avec quatre novillos d'origine Nuñez au trapío harmonieux. De la mobilité, de la caste, une exquise noblesse hélas entachée de faiblesse chez le 3 et, pour finir, Avecejon un melocoton brave et noble honoré d'une vuelta al ruedo.
Valdellán
Sur quatre toros (un renvoyé pour boiterie) un bon : le sobrero Mirasuelo qui malmena la cavalerie (la seule chute de la feria) et fit preuve de noblesse encastée dans la muleta timide de Sebastian Ritter.
Los Maños
Une des déceptions de la feria avec quatre toros (dont un pour la concours) bien présentés mais réticents sous la pique, broncos, avisés. Seul Tostadito, le quatrième de la corrida de samedi avait du son au troisième tiers quoique gardant la tête haute. L'actuation sans ambition de Manuel Escribano ne lui a pas permis d'être mis en valeur. On restera donc sur le souvenir de Jardinero, ce grand toro vainqueur du concours l'année dernière.
Corrida-concours
Basée sur l'encaste santa coloma, la corrida-concours n'a pas permis à celui-ci de se mettre en valeur; elle a, au contraire, mis en évidence ce qui constitue un des péchés mignons de l'encaste, la sosería. Seul Olivito, un cinqueño adipeux de La Quinta sorti en première position, donna du relief à la matinée, avant que l'ennui ne s'installe. Ce fut un toro spectaculaire au premier tiers car il accourut de loin à l'appel du piquero (3 piques) puis il fut noble dans la muleta de Lopez Chaves avec toutefois le défaut de relever la tête à la fin de chaque passe. Beaucoup de spectateurs demandèrent (en vain) la vuelta, oubliant que le toro n'avait en réalité que fort peu poussé sous le peto.
Raso de Portillo
Loin d'être aussi infâme que j'ai pu le lire ici ou là, la corrida de Raso de Portillo a été une authentique et intéressante corrida à la vicoise. Impressionnante de trapío et variée de comportement. Il est vrai que le quatrième, haut et laid, a été un manso décasté. Auparavant, un castaño de El Quiñon, second fer (avec rajout de sang domecq) de la famille Gamazo, s'était révélé un vrai démon et avait permis à Alberto Lamelas de montrer sa meilleure face, celle du belluaire. Ces deux toros créèrent une psychose parmi les cuadrillas et les deux derniers Raso furent complètement escamotés. Le cinquième, après avoir créé une panique totalement injustifiée dans la cuadrilla, finit noble mais soso dans la muleta d'Antonio Nazaré. Quant au sixième, Uño, il fut un des rares bons toros de la feria mais il fut massacré par trois piques assassines. Malgré ce mauvais traitement, sa noblesse au troisième tiers en faisait un toro à succès possible.
Pedraza de Yeltes
En complément de la reseña d'hier deux mots sur les Pedraza : un excès de forme pour un manque de fond.
La sortie de Olivito, cinqueño de La Quinta, vainqueur de la corrida-concours (photo Laurent Bernède)
A suivre...
1 commentaire:
Je n'ai assisté qu'à deux courses lors de cette édition Vicquoise 2018. Le défi Valdellan / Los Manos et la corrida de Pedraza de Yeltes. J'ai un point de vue très négatifs pour ces deux courses. Le défi des ganadérias a déçu. Rien ou pas grand choses à se mettre sous la dent. Les rencontres avec la confrérie des Castorenos furent pathétiques, hormis le tercio avec le réserve de Valdellan. Manuel Escribano a vite compris la musique et s'est mis en mode "Gestion de la temporada".Le Mexicain Sergio Flores m'avait bien plu le Dimanche précédent à Madrid devant une corrida de Baltasar Iban exigente. Il a beaucoup tenté à son premier , mais dans le désordre et de plus a très mal tué. Son second n'offrait rien de bon , ce fut le néant.Quand au Colombien Sébastian Ritter, il n'avait nullement sa place à Vic. Faible et bagage technique bien pauvre. Jamais dans le sitio. Et dire que le garçon affronte les Saltillo dans quelques jours à Madrid....Erreur de Casting de la part des Vicquois...mais avaient ils le choix ? Peu de toreros au portillon pour affronter ces deux fers, surtout durant la période San Isidro.
La corrida de Pedraza de Yeltes avec son Cartel haut de Gamme, m'a elle aussi déçu.Première déception , la plaza aurait du afficher le No Hay Billetes...on en était loin. Ensuite la présentation des Toros : ce sont 7 mammouths qui défilèrent dans le ruedo. Immense de présentation, des pitones effrayants...mais trop lourd, des cous courts ne leur permettant pas d'humilier malgré un fond de noblesse évident. Et puis l'âge des toros ! 5 d'entre eux de Septembre / Octobre 2012 ! A mon avis , ces toros étaient réservés pour sortir l'an dernier dans une Plaza de Première...un an après ils se sont retrouvés à Vic. Les Aldanueva eurent des soucis de stabilité , plusieurs dérapages contrôlés , ou pas, ces derniers occasionnant des blessures (problème de pistes ?). Et puis des premières piques interminables ( au 5 et 6ème), les autres prisent poussivement...oui les Pedrazas furent dans l'ensemble décevants. J'avais émis quelques doutes à leur sujet après la corrida de Dax 2017...Madrid et Vic confirment. Avec des Amigos Aficionados, on se disait que les Pedrazas avaient des soucis de comportements dans les grands ruedos ( Madrid et Pamplona en 2016 , Madrid cette année) et bizarrement fonctionnaient bien dans des plazas aux dimensions plus petites ( Azpeitia et Dax). Vu la corrida de Vic , dont la piste est loin d'avoir un diamètre conséquent, je me dit que le problème est bien ailleurs. Manque de fond , de Caste...et oui! avec les toros , rien n'est jamais gagné! J'ai trouvé que les toreros avaient fait le maximum , avec un Luque excellent à son 1er , et un Emilio de Justo restant dans son registre toute l'après midi . Un petit bémol sur Curro Diaz dont je n'ai pas apprécié son comportement à son second toro, qu'il a carrément bousillé au cheval sur une première pique longue ,dure, mal placée, animal coincé entre la barrière et le cheval, deux fois...m'expliquer que Curro a eu des gestes de grade classe...j'ai du mal!
Nos amis Gersois avaient misés sur le Santa Coloma et un élevage en vogue...Patatras! Faisons leur confiance, car nul doute qu'ils travaillent déjà pour monter une grande édition 2019 !
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