mercredi 21 juillet 2010

Madeleine 2010 (2)

Corrida de GARCIGRANDE

Aujourd'hui corrida réussie : trois vedettes, bons toros, 6 oreilles, public satisfait.
Le genre de tarde dont, en général, il n'y a pas grand chose à dire. Et pourtant...

Pour moi, il y eut au cours de la corrida deux moments particulièrement intéressants, deux moments de combat.
D'abord lorsque Matias TEJELA dut puiser au plus profond de lui-même pour dominer Malvestido, joli colorado encasté qui l'avait vilainement pris au cours d'une série de naturelle.
Ensuite lorsque Enrique PONCE se colleta avec Secuestrador, seul manso de l'après-midi, réfugié aux planches dès le premier tercio. La lidia de PONCE, ses différentes stratégies, leur réussite ou leur échec, tout fut passionnant jusqu'à l'échec final dont témoigna une mise à mort laborieuse qui vit le maestro frôler les trois avis.

Mais parlons des toros. Domingo Hernandez avait envoyé au Plumaçon ce qui se fait de mieux pour ce genre de corrida. Un encierro brave, noble, solide, chargeant jusqu'au bout (jusqu'au bout de la passe et jusqu'au bout de la faena). Un luxe de corrida. Avec un sérieux bémol : les cornes des deux derniers, indécentes. Un autre bémol, le petit nombre de piques prises (sept). Mais là, les toreros (et la présidence) ont leur part de responsabilité car si le JULI, étant donné ses capacités techniques et morales actuelles, peut se permettre de demander le changement de tercio après une simple pique, il n'en allait pas de même, aujourd'hui, pour ses camarades de cartel. Une pique de plus à leurs toros respectifs leur aurait sans doute facilité la tâche. N'est pas JULI qui veut! On peut même penser que certains toros piqués dans les conditions d'une corrida-concours auraient pu offrir une tout autre image de leur bravoure que celle donnée par la misérable pique unique carioquée. Mais c'était aujourd'hui jour de passes et non de piques. Les meilleurs, le premier plus bravucón que brave avec lequel, en d'autres temps PONCE eut fait un malheur, le troisième qui fit mordre la poussière au groupe équestre, et le dernier face auquel TEJELA redevint un infumable pegapase.

Ah oui, il faut quand même parler un peu du JULI, grand triomphateur de l'après-midi avec quatre oreilles! Quand il torée par naturelles ou par derechazos pas un olé! Puis en fin de faena , il chauffe le public par un toreo de proximité parfaitement au point. Il parachève l'ouvrage avec ses estocades fulminantes (impressionnante celle au 2, mais un petit raté au 5 avec mete...y saca).
J'ai la nostalgie du JULI vu ici il y a quelques années face aux San Martin, il m'avait ce jour-là ému aux larmes. Est-ce moi qui ai changé? le toreo du Juli ? les toros (ah! la vive noblesse des petits santacolomas de Chafik)? Toujours est-il qu'aujourd'hui le Madrilène m'a laissé de marbre.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Pendant plusieurs années, j'ai eu les larmes aux yeux en resongeant à ces deux faenas du Juli aux petits taureaux gris. Je craignais d'être le seul. Je vois que non. Une autre faena du Juli à Arles à un taureau qui ne valait pas grand chose me colle encore une sorte de douce mélancolie.
Le problème c'est que ce torero est bon tout le temps, mais qu'on le voudrait exceptionnel toujours, ce qui par définition est une impossibilité.
Moi je sais voir l'art dans la muleta du Juli, mais qui pourrait faire un chez d'oeuvre chaque jour?
Amicalement
DM.

FIX a dit…

je n'étais pas à la corrida mais tu poses une question... et tu donnes la reponse: le public!
Si on ne valorise pas le travail classique du torero, il va chercher les oreilles autrement. J'ai vu les images sur Feria tv. Comment ce bout d'homme (pas grand en taille) arrive à donner les muletazos les plus longs de l'escalafon actuel; c'est techniquement hallucinant. Il arrive à varier ce qu'il demande au toro en cours de série: je l'oblige je l'oblige pas, tiens tu as pris du lourd sur les deux dernières je vais t'allégrer sur les suivantes. Ce qui fait qu'il donne deux muletazos de plus que les autres par série... Techniquement ce type est fascinant.
Alors bien sur on voudrait le voire face à d'autres challenges techniques.

velonero a dit…

DM et FIX ,merci pour vos commentaires éclairés sur le toreo du Juli.
C'est vrai que son exceptionnel niveau technique, sa régularité (les artistes n'ont pas choisi d'être irréguliers pour rien) se retournent parfois contre lui.
Mais ce qu'on peut lui reprocher à coup sûr c'est - malgré quelques exceptions par ci par là - d'être toujours dans les mauvais coups question présentation du bétail et de rechercher dans ce domaine d'excessives facilités.
Velonero