lundi 25 juillet 2022

Madeleine 22 : a mas comme les bons toros (1)

    Voici quelques notes et impressions sur une feria montoise qui, hormis le jour de Morante et des Garcia Jimenez, a connu des tardes intéressantes et, comme les bons toros, est allée a mas pour se terminer avec le grand spectacle des Pedraza. L'affluence du public est elle aussi allée en augmentant, les corridas de fin de semaine (proches du plein total) ayant connu une affluence supérieure aux corridas toreristes du mercredi et jeudi (4/5ème).
 
     Mercredi : deux toreros 
   Très inégal en âge, trapío et caste, sans aucun bon toro, le lot de Victoriano del Rio avait un côté fond de tiroir, en l'occurrence fond de campo. Il constitua une déception dans une temporada où abonde, dans d'autres ruedos, ce que l'élevage produit de meilleur. Le succès de la tarde revint à deux toreros qui ont su tirer le meilleur de toros anodins.
   Antonio Ferrera et Daniel Luque ont eu à peu de choses près un sorteo identique. Peu motivé et sans sitio, le natif des Iles Baléares a rendu copie blanche (silence, silence) tandis que le Sévillan affirmait sa classe et son pouvoir sur les toros. Il tua en outre de deux estoconazos (deux oreilles, une oreille). L'un parait être au bout du rouleau, l'autre semble marcher sur l'eau, il peut avec tous les toros et torée avec une classe de grand maestro.
   Diego Urdiales a pu profiter de la noblesse fade du cinquième pour donner plusieurs naturelles de qualité supérieure. A montrer dans les écoles taurines. Mais l'ensemble de son ouvrage manqua de dominio. Oreille après estocade entière. Il n'avait rien pu tirer du second en querencia permanente près des tablas.

     Jeudi : Échec pour les arènes montoises
   Georges Orwell a inventé le concept de common decency que l'on pourrait caractériser avec Jean Claude Michéa de "sens commun qui nous avertit qu'il y a des choses qui ne se font pas". Cette corrida, imprésentable, fait partie de ces choses qui ne devraient pas se faire. Elle signe l'échec des nouveaux organisateurs, leur incapacité à faire respecter par une figure de la tauromachie (Morante de la Puebla) et par un marchand de toros (Garcia Jimenez, alias Matilla) une décence minimale correspondant à l'éthique de la tauromachie. Ces toros-là n'avaient rien à faire sur le sable du Plumaçon qui se targue d'être une arène de première catégorie et dont le public n'est pas prêt à prendre au sérieux ce qui s'accomplit devant des bichos aussi insignifiants. Au final, c'est la tauromachie toute entière qui sort affaiblit de cette après-midi.

     Vendredi : L'oreille de Rafaelillo
  











   Retour à la normale, et même un peu plus, avec le magnifique lot cinqueño des héritiers de Celestino Cuadri lidié vendredi.
   On essaie toujours de nous vendre les Cuadri comme des toros terrorifiques. Rien n'est moins vrai, le toro de Cuadri est foncièrement noble et les trois derniers de ce jour sont venus en apporter la preuve. Certes leurs armures et leur tamaño si imposants inspirent le plus grand respect, certes leur lidia a été compliquée ce jour aux deux premiers tiers, mais ils sont capables de livrer au troisième tercio des charges profondes qui rendent possible le meilleur toreo. Un regret bien sûr, c'est que de si beaux animaux se soient montrés si peu actifs au cheval. 12 piques ordinaires, les combats épiques face à la cavalerie sont restés une fois de plus dans nos rêves.
   En pleine forme, moral au plus haut, combattant comme jamais et bon torero, Rafaelillo fait plaisir à voir. Face au très bon quatrième, il donna une faena complète qui culmina en d'excellentes séries de naturelles templées, longues, profondes. Après une demi-estocade il coupa une grosse oreille qu'il fallut aller chercher au desolladero à la suite d'un énorme quiproquo entre présidence, alguazils, toreros et public.
   Octavio Chacon n'a été que l'ombre de lui-même. Il laissa le très noble cinquième sin torear.
   Damian Castaño toréa très peu de cape, coupant court à ses réceptions. Voulait-il préserver ses toros pour la faena ou bien ne se sent-il pas à l'aise dans le maniement du capote ? Il dut abréger son travail avec le troisième blessé à un pied, mais la noblesse du dernier lui permit de réaliser une excellente faena sur les deux cornes qui lui aurait valu un appendice sans son inefficacité répétée épée en main. Étrange manière de tuer que la sienne se profilant très loin du toro.
















7 commentaires:

christian a dit…

Bonjour pierre.
Tu assassines la corrida de garcia jimenez (que je vis a cuenca .lamentable)
Pourtant un témoin de moralité irréprochable et ,au demeurant, aficionado et fan de guitariste anglais affirme que l'on te vois sur une vidéo réclamer le salut du mayoral au premier de morante!!!
Que doit on penser???

christian a dit…

Trêve de plaisanterie ,ton paragraphe sur la corrida du jeudi tape juste et fort.
J'ai vu ces bichos a cuenca ,mon dieu cette fadeur.
El juli pouvait faire le malin,à vaincre sans péril....

Frédéric a dit…

Je ne l'ai vu qu'en vidéo, mais il m'a semblé que le premier bicho de Morante était plus proche du becerro que d'un toro de 4 ans devant peser au minimum 460kgs, puisque nous sommes dans une plaza de première catégorie. Comment la commission taurine a t'elle pu accepter de procéder à l'embarquement d'un tel lot ?
Quant au quiproquo sur l'oreille de Rafaelillo, il me semble que d'après le réglement taurin, le rôle de l'alguazil, placé sous l'autorité du président, consiste à faire appliquer le réglement de la course avec rigueur et être à l'écoute des directives présidentielles. De nos jours, pour des raisons marketing, on a préféré confier ce rôle à des pin up dont la seule fonction est de faire la bise au torero en lui remettant les trophées. Voici le résultat de cette politique.

velonero a dit…

Merci pour vos commentaires.
Je pense qu'effectivement plusieurs toros de Garcia Jimenez étaient en-dessous du poids réglementaire. J'espère que, comme il est de tradition à Mont de Marsan, les organisateurs donneront le poids des toros en canal.Pour la question de l'oreille c'est le président qui est à l'origine du quiproquo par la manière étrange dont il a cru montrer le mouchoir sans le montrer vraiment.

christian a dit…

j'ai eu vent de cette manip de mouchoir présidentielle à l'arrache.
que c'est il passé ?

Frédéric a dit…

Sans vouloir te contredire mon ami Pierre, mais la vidéo de la course est pourtant explicite, on voit clairement le président tenir 1 mouchoir blanc pendant plus de 7 secondes et faire non pour la 2ème oreja. Si l'alguazil n'est pas capable de comprendre cela, mieux faut faire autre chose.
Source: corrida TV au bout de 9 minutes10 du reportage.

velonero a dit…

Certes il l'a tenu mais l'a gardé por dentro au lieu de le montrer por fuera ce qui fait que les gens placés en bas dans l'arène ne l'ont pas vu ou ont cru à une hésitation de sa part non suivie d'effet. Bien sûr tout cela reste anecdotique et Rafaelillo a pris la chose avec beaucoup d'humour (voir son sourire sur la photo ).