mardi 26 juillet 2022

Madeleine 22 : a mas comme les bons toros (2)

     Samedi : La Quinta
    Belle après-midi de toros grâce à un lot de La Quinta dont la mobilité encastée maintint en permanence l'intérêt en piste. Un lot brave en 13 piques, que l'on aurait aimé mieux mis en valeur au cheval. Les meilleurs : le 4 qui ne trouva hélas pas son maître en la personne d'Antonio Ferrera et le 5 qui plongeait avec délice et douceur dans les leurres. Le plus difficile : le 6, un de ces santacolomas qui ne lâchent jamais leur proie. A l'issue de la course, le public appela fort justement et de manière spontanée le mayoral à saluer.
   Antonio Ferrera (bronca, sifflets), en perdition, a gâché deux bons toros. Devant le tambour major il stoppa sa faena à la première difficulté. Face à la caste du quatrième il ne put tout simplement pas, privé de toute ressource morale pour surmonter la difficulté de son adversaire et l'hostilité du public.
   Bonne après-midi en revanche pour Gines Marin, torero de classe, auteur de faenas complètes et adaptées à ses adversaires, perdant le triomphe à la mort (salut, une oreille).
   Le jeune Angel Tellez, récente révélation de la San Isidro madrilène (il remplaçait à ce titre Emilio de Justo), a pleinement confirmé tout le bien que l'on disait de lui. Il toréa avec une vaillance et une sincérité de tous les instants. Ses naturelles au troisième eurent la griffe d'un grand torero (vuelta). Il fut débordé par le sixième dont les difficultés dépassaient ses actuelles capacités mais ne baissa jamais les bras, c'est ainsi que l'on apprend.

     Dimanche : Le grand spectacle des Pedraza
 

 
 
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
   Pour la deuxième année consécutive, les toros de Pedraza de Yeltes ont conclu les fêtes de la Madeleine de la meilleure façon qui soit : par un lot de grande bravoure et poder. 15 piques prises avec ténacité et deux chutes en témoignent d'autant que, par la suite, les salmantins gardèrent toute leur mobilité même si certains eurent en fin de faena tendance à vouloir rejoindre les planches. De ce lot complet, deux toros bien différents ressortirent. Jacobo, le troisième, afficha d'emblée caste et personnalité. Il se précipite sur le cheval dès qu'il l'aperçoit dans le ruedo et lui saute au cou. Après ce préambule, le tercio sera épique. Sur la première pique il désarçonne le cavalier puis jette tout le monde à terre. Il pousse dur à la seconde mais sort seul. La troisième relève du jamais vu : sur le choc, le piquero est soulevé à l'horizontale et retombe à deux mètres du cheval. La quatrième est supérieure : toro, cheval et piquero longuement arcboutés dans un effort contraire de poussée et de résistance. Ovation de gala pour German Gonzalez, héros de ce tercio hors du commun. Par la suite, le toro montrera beaucoup de tempérament et de mobilité et sera fort justement primé d'une vuelta.
   Deslumbrero, autre colorado typique de l'encaste sorti en sixième position sera lui aussi honoré d'une vuelta al ruedo. Son comportement correspondra davantage aux critères d'une bravoure normalisée. Il prend trois piques en poussant longuement et fixement. Il est placé une quatrième fois face au cheval mais il tarde à s'élancer et le changement de tiers est judicieusement demandé. Grande ovation à Juan José Esquivel son picador. Il fait preuve ensuite d'une grande fixité et charge avec noblesse sur les deux axes.
   Thomas Dufau a su se montrer digne d'un tel sorteo. Pour contenir les charges soutenues du 3 il dut raccourcir les séries et les remater en deux temps par molinete et pecho. Bien que souvent à la limite de la rupture il put ainsi rester maître de la situation. Après une belle entière il fut récompensé par une oreille. Face à l'excellent Deslumbrero, sa faena posée, classique, de bon goût lui ouvrit à nouveau les portes du succès (une oreille). Un final un peu long et une demi-estocade après pinchazo lui coûtèrent sans doute la deuxième oreille. Belle journée pour le Landais qui avait besoin de ce triomphe après une longue période maussade.
   Très belle faena aussi d'Alberto Lamelas au second toro, avec un toreo très reposé, en particulier par naturelles pleines de douceur et de temple. Une grosse oreille après une estocade engagée. Il parut fatigué au cinquième (la chaleur ?) où l'on revit le Lamelas brusque et précipité face à un toro vif et collant (pegajoso) qu'il ne réussit jamais vraiment à canaliser.
   Avec une réussite moindre, Lopez Chaves pratiqua lui aussi un toreo de qualité mais sans parvenir au succès de ses camarades de cartel.
   Au final, sortie a hombros du mayoral et de Thomas Dufau, point d'orgue d'une feria dont les trois dernières journées eurent du contenu et satisfirent aficion et grand public.

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