mardi 2 avril 2024

Prélude

    La temporada vient de commencer et l'aficionado s'est de nouveau mis en quête de toros braves et de bon toreo.
   En prélude à la temporada, cet extrait de ''La solitude sonore du toreo'' de José Bergamín :

   "J'ai entendu beaucoup de vieux amateurs et de toreros dire qu'il est chaque fois plus difficile de voir un taureau sauvage dans l'arène, qu'il est très rare de voir surgir des stalles dans les arènes un taureau brave. Mais qu'est-ce qu'un taureau brave ? N'entrons pas ici dans le labyrinthe des définitions classiques qui vont de Pepe Hillo à Domingo Ortega.
   Contentons-nous de dire qu'un taureau brave est avant tout un taureau qui charge, et ça, d'après don Ramón del Valle Inclán, le taureau sait le faire depuis des milliers d'années. Il est indubitable que si les taureaux ne chargeaient pas, il n'y aurait pas de tauromachie possible et que l'art de toréer n'existerait pas. Or nous voyons de nos jours sortir dans le rond - si fréquemment qu'on finirait par croire qu'il n'y en a point d'autres - des taureaux qui ne chargent pas. En revanche, parmi ces taureaux qui ne chargent pas, nous en voyons qui passent, c'est-à-dire qui suivent sans barguigner le leurre du bâtonnet au drap rouge ou de la cape rose, aussi docilement que s'ils étaient domestiqués. La différence existant entre le taureau qui fonce et l'autre qui passe, suit le chiffon rouge en chargeant de façon si faible, si molle, si docile, qu'on ne dirait plus une charge, me paraît être ce qui distingue le taureau brave de celui qui ne l'est pas : ce qui les différencie.   (...)
   Le taureau courageux charge le torero, qui ne le fait pas passer mais sortir de sa charge impétueuse en lui retirant le volume qu'il cherchait comme finalité même à sa charge. C'est pourquoi la fameuse phrase attribuée à Lagartijo ou à Cúchares n'est pas vraie : ''Le taureau vient, tu t'enlèves, sinon c'est lui qui t'enlève.'' Commentant la façon de toréer de Belmonte, Pérez de Ayala disait avec raison que ce n'est pas le torero qui s'écarte, mais le taureau qui est écarté, enlevé de soi, par une passe de soie rose ou de drap rouge. On ne fait pas passer un taureau, on l'enlève - c'est une chance - en lui faisant un sort, grâce à la figure qui porte justement ce nom; et, lui ayant jeté ce sort, on le lui impose, et on paraphe, sans se frotter à lui. Nous insistons sur ce point : passer n'est pas charger. Le taureau qui charge ne passe pas, ne passera jamais.''
 
 
Novillo de Baltasar Iban chargeant, hier à Mugron (photo Laurent Bernède)
 

2 commentaires:

Laurent B. a dit…

Excellent prélude ! en te souhaitant une belle temporada avec des Toros qui chargent con casta y poder !
à samedi sans doute
Laurent

christian a dit…

Il suffit d'en voir un et la saison est sauvée.
Du coup on repique au truc pour la temporada d' après.
On est des coeurs d'artichauts en fait!