Après plusieurs mois de pluies continues, la douceur printanière donne envie de toros. Ça tombe bien, il y en a - et des sérieux - à Mont-de-Marsan pour la novillada de Saintperdon dont la date traditionnelle de la fin août a été cette année avancée au mois d'avril, et à Aignan qui a dû reporter d'une semaine sa corrida pascale pour cause de mauvais temps.
Samedi, au Plumaçon, les novillos de Valdellán (les santacolomas de León) étaient majoritairement bien roulés et intéressants. Ils ont permis à Miguel Andrades, un novillero atypique de se montrer à son avantage. Atypique parce qu'à 28 ans, après ce que l'on peut appeler une longue éclipse puisqu'il a été finaliste du bolsin de Bougue en 2013, le Jerezano a refait surface l'an passé en novillada piquée en affrontant avec succès nombre de fers réputés difficiles. Il torée avec entrega, transmet de l'émotion au public, possède à la cape un répertoire varié et pose les banderilles remarquablement. Oserai-je dire que, dans cet exercice, il m'a fait penser à Victor Mendes ? On ne peut trouver meilleur compliment. Il faut mettre, hélas!, un bémol à tant de choses positives : la nature l'a malencontreusement doté d'une très petite taille, ce qui va constituer pour lui un très sérieux handicap si un jour il doit affronter des toros.
Les voyages répétés, embarquements, débarquements, imposés aux Baltasar Iban ces derniers jours avaient certainement amoindri leurs capacités physiques (plusieurs fléchirent du train arrière) mais la caste, elle, est toujours là et bien là. Certes leur bravoure fut moins tonitruante que celle de leur frères de l'an passé à Vic-Fezensac mais tous furent intéressants, les 2 et 5 braves, plusieurs d'une belle noblesse, tous résistants à la mort.
La qualité de la prestation d'Uceda Leal, alliance de l'expérience et d'une sobriété pleine de classe, porta davantage sur les toros que sur le public. Face à deux adversaires imposants et difficiles, il resta toujours maître de la situation et tua avec efficacité. Le quatrième, brusque et sans recorrido à sa sortie, révéla au troisième tiers une corne gauche fréquentable que le maestro madrilène ne se fit pas faute d'exploiter (sans excès d'engagement toutefois).
Un placement sûr, des toques subtils, une capacité à lier permettent à Dorian Canton d'accéder au plus pur et au plus difficile du toreo : la domination par la douceur. Il eut en revanche parfois du mal à adapter son rythme à celui de ses toros et se fit donc tutoyer trop souvent les leurres (oreille du 2). Dorian Canton a besoin de toréer.
La charge vive et franche du dernier permit à Christian Parejo de s'étirer en naturelles et de terminer l'après-midi oreille en main. Une épreuve passée avec succès pour le jeune Biterrois.
Photo Laurent Bernède : Mont-de-Marsan, Miguel Andrades
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