mardi 25 juillet 2023

Mont-de-Marsan 2023 (suite)

 Samedi 22 juillet
Toros de La Quinta (vuelta au cinquième Corchaito) pour Daniel Luque (une oreille, une oreille), Emilio de Justo (silence, deux oreilles) et Clemente (silence, une oreille)
 
Points positifs : 
   - Après son bajonazo de jeudi, Daniel Luque nous devait une estocade, elle vint au quatrième : estoconazo, mort instantanée du toro et oreille.
   - Face au cinquième, un toro en or, l'entrega ou plutôt le survoltage d'Emilio de Justo, depuis la puerta gayola jusqu'à l'estocade contraire finale lui a valu un chaleureux triomphe.
   - La révélation Clemente
Lorsque sort le sixième La Quinta, le Bordelais sait qu'il joue son va-tout. Il débute par trois farols à genoux, le dernier extrêmement risqué dans les terrains du centre. Suivra une très grande actuation face à un très bon toro. La faena est complète, artistique, variée, le toro est dominé mais sur la tentative de recibir, le torero est pris et blessé au mollet, malgré la douleur, en boitillant, il poursuit le combat, estocade, descabello, émotion générale et grosse oreille avant départ pour l'infirmerie. Nous venons de vivre le moment le plus fort, le plus émouvant de la feria.
Beaucoup découvraient Clément Dubecq ce jour et pourtant il y a dix ans déjà il se présentait en novillada piquée à Captieux ... (voir ici)
   - La belle attitude des deux maestros qui par respect pour le compagnon blessé décident de sortir à pied plutôt qu'à hombros comme l'arithmétique taurine le leur aurait permis.

Points négatifs :
   - La présentation très déficiente de deux La Quinta (les 1 et 3), anovillados. Cela fait sept toros qui dans cette feria étaient, même s'il possédaient l'âge légal, plus proche du novillo que du toro. Sept de trop pour une arène qui est classée en première catégorie.
   - Dans la petite brochure distribuée à l'extérieur des arènes par la peña Los Pechos, le rédacteur fait la différence entre un toro docile et un toro noble. Il est écrit : "Le toro docile ou soso, est fade et candide. Il répond niaisement aux sollicitations sans jamais chercher à être dangereux. Il collabore plus qu'il ne combat." Il m'a semblé que cette définition s'appliquait parfaitement à la plupart des La Quinta du jour. On exceptera le 2, plus encasté, et le 6, le plus complet du lot.
   - La gestion de l'après-course a été calamiteuse (public captif dans les arènes et public à l'extérieur qui attendait pour pénétrer dans une plaza déjà pleine) et aurait pu avoir des conséquences graves. Tout ça pour un concert de bandas ! Sans compter la suspicion qui s'installe : s'achemine-t-on à Mont-de-Marsan vers un hold-up à la dacquoise avec corrida suivie de concert qui permet de remplir les arènes avec un cartel faiblissime et bon marché ?


Dimanche 23 juillet
Toros de Pedraza de Yeltes pour Rafaelillo (salut, vuelta), Alberto Lamelas (salut, silence) et Thomas Dufau (silence et despedida)

Points positifs :
   - Par leur présence physique, les toros de Pedraza apportent à la corrida une émotion particulière. Tout ce qui se réalise devant eux prend de l'importance. S'ils n'ont pas atteint aujourd'hui la perfection des deux précédentes années, leur bravoure mêlée à une pointe de mansedumbre a contribué à une tarde souvent vibrante et a permis quelques beaux tercios de piques. Pour moi, le lot le plus intéressant de la feria.
   - Les adieux réussis de Thomas Dufau
Un hommage officiel en début de course, un émouvant brindis à sa cuadrilla et à son équipe au sixième et pour finir une sortie a hombros de despedida sur les épaules de ses compagnons toreros ont marqué les adieux de Thomas Dufau à la plaza montoise, celle où il a le plus toréé et où il a toujours donné le meilleur de lui-même. Mais le plus important est peut-être la très bonne faena que Thomas a réussi à construire au bel et bon dernier Pedraza. Une faena au cours de laquelle il s'est senti torero et a pu montrer le très bon niveau qu'il est parvenu à atteindre après douze ans d'alternative. Et finalement l'échec à l'épée n'a été que le témoignage de ce qui, durant sa carrière, a constitué son talon d'Achille.

Points négatifs :
   - Être spécialiste des corridas dures use. Pour un Rafaelillo qui, avec un belle dose de roublardise, comme il en a fait preuve ce jour, a réussi à durer, d'autres se sont usés prématurément. Alberto Lamelas s'est trouvé aujourd'hui en grande difficulté. En particulier face au redoutable cinquième dont la caste l'a débordé à tel point qu'il a dû renoncer au combat et aller chercher l'épée.
 
 
   Bien que sans corrida complète, cette feria laissera le souvenir de nombreux moment forts. Elle connut un grand succès public auquel ne sont pas étrangers des cartels variés et bien équilibrés. On regrettera toutefois la présentation insuffisante de certains toros, en particulier lors des corridas de figures.




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cette corrida de La Quinta fut très contrastée dans le sens où les toros sont sortis comme d'habitude sosos et très sosos exception faite du dernier.
Mais il y a eu un très grand de Justo selon moi au 5° (il était passé un peu à côté de son premier); quant à Clemente...que dire? La divine surprise, il a fait chavirer le Plumaçon ...du grand art, et pas dû à la chance.
Enfin les Pedraza, certes moins bons que les deux années précédentes, sont tombés sur trois toreros qui n'ont pas su les exploiter en fonction de leurs caractéristiques.
Beñat