mardi 18 juillet 2023

Céret (suite)

   

 
   
   Après une première expérience décevante (voir ici), la présentation irréprochable des toros de Saltillo et d'Escolar Gil ainsi que des novillos de Los Maños m'a permis, cette fois, d'apprécier la feria cérétane sous son meilleur jour. La qualité d'une feria vient essentiellement des élevages qui sont proposés et de leur présentation mais d'autres éléments peuvent rentrer en ligne de compte. J'ai également apprécié durant les deux jours passés dans la plaza catalane la chaleur du public lorsque les toreros faisaient les choses bien. Il y a aussi l'extraordinaire qualité de la Cobla Mil.lenària dont la musique possède une force émotionnelle incomparable.
   Si la présentation des toros fut un grand sujet de satisfaction, la déception est venue de leur comportement à la pique. Peu d'entre eux ont poussé de verdad sous le caparaçon, non par manque de moyens physiques mais par défaut de bravoure. Et comme de leur côté les piqueros se sont montrés d'une grande médiocrité, le bilan de la feria reste décevant de ce point de vue.
   Mais n'oublions pas que ce qui fait aussi le succès d'une feria toriste, ce sont, paradoxalement, les toreros. Si l'âge d'or de la corrida toriste dans les années 80 du siècle passé est lié aux grands moments que connurent alors les ganaderias de Victorino Martin, de Miura et de Guardiola, il est aussi redevable aux excellents toreros qui les affrontaient, à savoir Ruiz Miguel, Victor Mendes, les frères Campuzano, Luis Francisco Espla, Nimeño II pour ne citer que les principaux. C'est en ce sens que l'éclosion d'un torero comme Gomez del Pilar est une excellente nouvelle pour les corridas toristes. Sa prestation cérétane face à ses deux Escolar Gil a été d'un haut niveau, le maestro alliant entrega, dominio et pureté du toreo.
  La corrida d'Escolar Gil a généré de l'émotion en permanence par sa caste et sa dangerosité. Alvaro de la Calle en fit les frais face au premier, un toro réellement démoniaque. La plaza ne fut qu'un long cri lorsque, après l'avoir pris lors de l'estocade, le toro s'acharna sur lui alors que tous les toreros étaient venus au quite. Par bonheur, la blessure n'est pas aussi grave qu'elle aurait pu être. On souhaite revoir le Salmantin, dont la probité, à l'image de son toreo, mérite un meilleur sort. On souhaite aussi que les toros de José Escolar fassent preuve dans leur évolution d'une bravoure plus franche, aussi bien à la pique que face aux leurres. L'intérêt de la tarde a beaucoup tenu à la qualité et au sens des responsabilités des trois matadors (Alvaro de la Calle, Javier Cortes, Gomez del Pilar).
   Le dimanche matin, la novillada de Paloma Sanchez Rico de Terrones, très attendue parce que issue d'un encaste devenu rare (Gamero Civico), a été finalement intégralement remplacée par un encierro de
Los Maños. La déception des aficionados fut compensée par la bonne qualité du lot des buendias aragonais. Il y a peu à dire des novilleros si ce n'est que le portugais Diego Peseiro, bon banderillero, fut, des trois, celui qui fit preuve de plus de personnalité.
   Le succès public de la feria est encourageant pour l'avenir. Que de nombreux Céret de Toros voient encore le jour ! La fiesta le nécessite.


3 commentaires:

christian a dit…

Mieux que le dépucelage de 2017 donc!
Je n'ai qu'une peur pour josé escolar c'est qu'a force de présenter des saletés pareilles,il ne trouve plus à vendre ses toros.
Je ne changerait rien à ma ganaderia préférée perso mais je peux comprendre l'enthousiasme tres modéré des matadors à se frotter à de semblables concentrés de violence et de cruauté

Anonyme a dit…

Après cette féria de Céret je considère désormais Noé Gomez del Pilar comme un grand torero. Je le suis depuis un bon moment; il a connu des succès, des altibajos, des blessures...mais ce qu'il a fait dimanche est énorme; encore plus à son second toro qu'au premier.
L'ovation de despedida en dit long sur l'émotion qu'il a provoquée chez chacun d'entre nous.

Beñat

christian a dit…

L'image d'alvaro de la calle luttant vaillamment pour ne pas etre débordé malgré ses pauvres moyens m'a profondément ,tres profondément ,touché.
Le courage en remplacement d'une technique accomplie m'a bouleversé.
Et je crois que le plus terrible c'est que l'on savait tous qu'il allait se faire attraper !!!
Une histoire qui fini bien...ca aurait pu être tellement pire.
Saletés d'escolar !!! Heureusement que je vous aime.
On ne t'oubliera plus jamais alvaro de la calle.