jeudi 1 juin 2023

Vic 2023 : un grand cru (3)

 
 
La corrida de Baltasar Iban
 
   Déjà deux corridas réussies. Mais nous n'étions pas au bout de nos joies car les Baltasar Iban allaient faire passer sur les arènes Joseph Fourniol le grand souffle de la bravoure. Ce fut une corrida bravissime au cheval, comme on en voit peu dans une temporada et je dirai même dans une vie d'aficionado ... Je me souviens encore de l'extraordinaire bravoure d'une novillada d'Isaias y Tulio Vazquez en 1984 à Saint Sever car, comme le dit remarquablement Nicolas Rivière dans Campos y Ruedos à propos des Ibanes : 
"-Et les toros qui ont été tués là, qu'est-ce qu'on en fait après ?  
- On s'en souvient."
   On se souviendra donc de Pardal, de Provechoso, de Provechito, de Santanero, de Lastimoso et de Costurito. De leurs assauts sans fin contre les chevaux, des chutes énormes qu'ils provoquèrent parfois, de leur élan brutal vers la cavalerie et du choc assourdissant qui remplissait toute l'arène lorsqu'ils rencontraient le peto. 
   Merci donc à feu don Baltasar et à tous les responsables de la ganaderia pour toutes les joies passées, présentes et à venir offertes aux aficionados par leurs toros de passion et de feu.

   Morenito de Aranda est un drôle de type. Cet excellent torero, qui n'a jamais possédé la volonté de domination qui fait les emmerdeurs, les dictateurs ou les figures du toreo, avait décidé, aujourd'hui, à Vic, de s'agenouiller au centre du ruedo pour recevoir son premier toro. On frôla la tragédie de très peu et Morenito, malgré une blessure à l'aisselle lidia et toréa remarquablement son adversaire (oreille). Il est sans doute rentré ce jour dans le cercle restreint des toreros de Vic.


La corrida de Rehuelga

   D'aucuns penseront que Daniel Luque en réalisant deux faenas de qualité supérieure, dont un faenon au quatrième toro, a instillé auprès du public vicois le venin du torérisme. Ils ont bien tort car la tauromachie est une et l'on peut très bien apprécier, comme l'a fait l'ensemble du public, dimanche la bravoure d'un grand lot de toros et lundi l'art d'un grand torero. A condition bien sûr que cet art advienne devant des toros dignes. Ce qui était le cas avec les Rehuelga, magnifiques de trapío, astifinos, brave et nobles, avec la douceur que possède souvent l'encaste santa coloma.
   Il n'en reste pas moins vrai que le plaisir et la joie ne sont obligatoires pour personne et que certains aficionados avaient décidé de ne pas se rendre à la corrida du lundi, de même que de nombreux aficionados aquitains ne mettent jamais les pieds à la feria vicoise parce qu'ils ne goûtent pas ses rudesses. Cada uno en su casa y Dios en la de todos, dit le proverbe espagnol.
   L'autre intérêt de la tarde résidait dans la despedida de Lopez Chaves. On préfèrera, à son sujet, se souvenir de sa grande journée de 2021 face aux toros de Hoyo de la Gitana. Il avait ce jour-là frôlé la perfection.



   Au bilan si positif de la feria il ne faut pas oublier la part qui revient à la cavalerie d'Alain Bonijol. La bravoure des Baltasar Iban aurait-elle été si flamboyante si, dès la première rencontre, les toros s'étaient fracassés contre un mur ? Chaque jour, la mobilité et la souplesse des chevaux ont été remarquables et ont contribué à la qualité des tercios de pique.
    J'ignore à quoi cela est dû mais il y a des années où les cuadrillas refusent de participer à la fête (l'an passé par exemple) et d'autres où elles rivalisent de bonne volonté et de compétence. Ce fut le cas cette année et l'on ne peut citer tous les picadors et banderilleros ayant rempli leur office avec efficacité ou talent. Je me bornerai à mentionner le retour dans le ruedo vicois de Mehdi Savalli en costume de plata. Une bonne brega et deux belles paires de banderilles pour l'Arlésien, invité à saluer.
   Les paseos retardés constituent un manque de respect pour le public qui est à l'heure, encore plus pour le public du soleil, et la corrida est un spectacle déjà suffisamment long pour la capacité de concentration de certains. Le phénomène n'est pas seulement vicois et si, comme je le pense, l'informatisation des billetteries et des paiements qui limite et ralentit le fonctionnement des taquillas en est la cause, il est urgent pour les organisateurs d'y remédier. Et le remède est simple et connu : se donner les moyens d'ouvrir davantage de guichets.
 
 

 
Photos : deux toros de Rehuelga (Velonero, L. Bernède)

 
   

1 commentaire:

Diano a dit…

Quieto Frederic, faut pas s'emballer. Je n'étais pas à Vic le lundi, mais la corrida m'a été racontée par des amis, très déçus par ce lot de toros. Pourtant ce ne sont pas des anti Luque comme vous et moi.
Vu le remplissage il y a fort à parier que Luque sera à Vic l'an prochain...face à des Dolores Aguirre?

Beñat