1er toro : Filigrana, Dax samedi 8 septembre
Filigrana est un toro léger, il a sa pointe de caste. La muleta d'Emilio de Justo, d'un temple parfait, sait lui donner confiance et allonger son parcours. Il parvient à lier des séries de derechazos et fait preuve d'une élégance certaine. Après une estocade tombée et une forte pétition, l'oreille est accordée. Outre l'estocade, je vois un bémol dans le toreo que le torero nous a proposé : l'usage abusif du pico de la muleta. Il me fait alors penser à une grande figure aujourd'hui vieillissante mais toujours au sommet après plus de 25 ans d'alternative. Emilio sera-t-il son successeur?
2ème toro : Filipino, Dax samedi 8 septembre
Filipino a clairement indiqué qu'il n'était pas question de le titiller sur sa droite. A gauche, sa charge est courte et brusque. C'est du côté du cœur qu'Emilio monte à l'assaut. Il se croise, le consent à fond et, peu à peu, construit sa domination par des naturelles qu'il n'est pas question de lier entre elles mais qui sont de plus en plus limpides. C'est de l'excellent travail, précis, valeureux, efficace. Un toreo à l'opposé de celui pratiqué à son toro précédent. Après une media lagartijera d'effet fulminant il coupera une nouvelle oreille.
3ème toro : Mocito, Mont de Marsan samedi 22 septembre
Le matin, Emilio a appris le décès de son père. Honorer son contrat est la meilleure façon d'honorer le défunt. Il brinde la mort de Mocito à sa mémoire. Le victorino possède sur la droite une charge vibrante, son armure est astifina. Trois séries de derechazos engagés, dominateurs, avec un temple qui soumet la charge du toro. De la grande tauromachie. Mais dès la première passe à gauche le torero est bousculé, repris dans les airs, blessé à la cuisse. Il est amené à l'infirmerie. Quelques instants plus tard Emilio revient, grimaçant de douleur, la cuisse fortement bandée. Quel pundonor! Une dernière série magnifique à droite, une mise à mort en deux temps, un dernier salut au ciel, et pendant qu'on réclame l'oreille, le retour entre les mains des chirurgiens. Emilio Serrano Torres peut reposer en paix, son fils est torero.
4ème toro : Matraca , Mont de Marsan samedi 22 septembre
Matraca est le toro de l'après-midi. Il commence par faire des choses étranges à la cape, puis comme ses frères du jour il répond tardivement, après avoir beaucoup réfléchi, à l'appel du picador. A la muleta, sa charge est puissante, violente, terriblement encastée mais peut-être moins sournoise que celle de ses prédécesseurs dans le ruedo. Il ne sera pas toréé par le natif de Cáceres qui se trouve à ce moment-là sur la table d'opération de l'hôpital de Mont de Marsan, mais on peut imaginer ce que sa lidia aurait pu donner entre les mains d'un Emilio de Justo aussi décidé, aussi sincère et talentueux qu'il le fut face à Mocito. Pour l'aficionado, dans une temporada, nombreux sont les rendez-vous inachevés, celui-ci ouvre des espérances pour l'avenir.
Au delà des moments difficiles qu'il est en train de vivre, nul ne sait quel sera le futur d'Emilio de Justo, mais, à considérer ce qu'il a fait tout au long de la temporada et particulièrement devant des toros aussi compliqués que peuvent l'être ceux de Victorino Martin, on n'hésite pas à imaginer les grands moments qu'il a la capacité de nous faire vivre, pour peu que l'emporte sa version du toreo la plus pure et la plus sincère.
¡Ánimo, Maestro!
photo Laurent Bernède
1 commentaire:
y a des triomphes qui me font plaisir plus que d'autres..celui d'Emilio à Madrid hier en fait parti ! se lo merece...1 semaine après sa cornada au Plumaçon
le système est souvent injuste pour ne pas dire pourri mais parfois le Toro et le bon Toreo remet les vraies valeurs à leur place ! suerte Emilio
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