vendredi 22 avril 2016

Notes sur Séville

Indulto
   Contrairement à celui d'Arrojado de Nuñez del Cuvillo en 2011, l'indulto de Cobradiezmos n'a pas suscité de polémique. Il est vrai qu'en comparaison avec ce que nous offre la cabaña brava habituellement, le pupille de Victorino Martin fut un toro réellement exceptionnel. Il a pourtant hésité et gratté avant de s'élancer pour la deuxième pique ... mais a poussé avec bravoure. Comme toujours en pareil cas c'est son comportement au troisième tiers qui a suscité la demande d'indulto.
   Même lorsqu'ils sont portés par une sincère allégresse populaire - plutôt que téléguidés cyniquement depuis le callejon - j'éprouve toujours une réserve vis à vis des indultos. J'y vois d'abord la glorification d'un produit parfaitement calibré (mais pourquoi pas après tout, à condition que la chose soit rare). J'y vois aussi une défaite de l'éthique taurine qui veut que le toro meure en défendant sa peau dans l'arène face à un matador qui prend tous les risques à l'heure de vérité.

Justice taurine
   Affronter les toros de Victorino Martin n'est pas toujours un choix de la part des matadors. Ne pas les affronter et préférer le chant des sirènes des élevages domecquisés en est un assurément. Un mauvais. Car la justice taurine veut que pendant que certains s'ennuient et ennuient devant les toros anodins qu'ils ont voulus d'autres accomplissent des exploits et sortent de l'ombre face aux Victorino.

Public
   Ce qui est extraordinaire à Séville c'est, dès lors que le torero torée bien, l'entrée en action immédiate du public. Une communion s'opère; un olé rauque, profond, dont les vibrations semblent faire trembler (mais peut-être le font-elle réellement) les solides et vieilles pierres de la Maestranza, surgit des entrailles de chaque spectateur. Cela fait partie du bonheur d'être à Séville.

Musée
   Dans l'ancien couvent de la Merced Calzada, lieu plein de charme et havre de paix, se trouve aujourd'hui le musée des beaux-arts de Séville. On peut bien sûr y admirer des toiles célèbres de Murillo et Zurbaran. Mais j'y ai découvert un tableau magnifique : La muerte del maestro de José Villegas. L'immensité de la toile et sa virtuosité technique n'empêchent pas l'émotion de naître devant cette cuadrilla recueillie devant le cadavre du maestro. Le peintre s'est inspiré de la mort de Bocanegra en plaza de Baeza le 21 juin 1889.



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