dimanche 22 novembre 2009

Joseph Peyré La Tour de l'Or

Je restais sur le souvenir désastreux que m'avait laissé, encore adolescent, la lecture de Sang et Lumière (prix Goncourt 1935), le livre le plus connu de Joseph Peyré. A tort ou à raison; il faudrait le relire. Toujours est-il que cette Tour de l'or, parue en 1947, m'a réconcilié avec l'écrivain béarnais. Les clichés sont certes bien là - le matador gitan, la belle aristocrate amoureuse, la riche française névrosée, la cuadrilla picaresque - mais le plus souvent détournés. Le style est léger, vif, parfois incisif, telle cette magnifique phrase :"Miguel Santamaria, après sa carrière d'étoile, ne battait pas monnaie de ses adieux, les promenant comme tant d'autres dans toutes les villes d'Espagne, à trente mille le cachet."
Le mélo nous est épargné; c'est au contraire un sourd malaise, parfois teinté d'ironie, que distille le livre, chapitre après chapitre. L'époque est en effet très particulière, quasiment inimaginable pour un lecteur d'aujourd'hui. Il est mal vu de participer aux processions de la Semaine Sainte, le torero hésite à s'y montrer; et, se marier avec une aristocrate, est-ce, par les temps qui courent, la meilleure façon d'assurer son avenir?... Car nous sommes en 1936, le Frente Popular a gagné les élections et, en Andalousie, les anarchistes ont le vent en poupe. Bientôt, Miguel Santamaria sera happé par le tourbillon de l'histoire jusqu'à faire le paseo dans les arènes de Madrid au son de l'Internationale. Joseph Peyré, avec une ironie impitoyable pour son héros s'amusera même de sa peur des révolutionnaires dans un épisode barcelonais hallucinatoire.



La belle couverture (maladroitement rafistolée) de l'édition de 1947

NB On peut lire sur le blog La fête sauvage un texte très intéressant de Joseph Peyré qui dénonce certains égarements de la corrida.

1 commentaire:

RAYITO DE UBRIQUE a dit…

http://rayitodeubrique.blogspot.com
ME HA ENCANTADO SU BLOG, LE MANDO EL MIO PARA QUE ENTRE Y VEA LO QUE LE PARECE.
UN ABRAZO,RAYITO.
SEGUID ASI.