Mario Vargas Llosa, La tante Julia et le scribouillard, traduction d'Albert Bensoussan
Le passage est certes caricatural mais il traduit bien la plaie que constituent ces entrevues à tout bout de champ avec des gens - les toreros, en l'occurrence - qui n'ont assurément pas fait sans raison le choix de côtoyer les toros mais dont le mystère est, de toute évidence - au moins dans un premier temps, réfractaire à tout discours.
Le pire, ce sont les interviews dans le feu de l'action. Le matador est encore couvert de sueur et de sang que déjà on lui tend, depuis le callejon, un micro (dérisoire corne arrondie) auquel il n'a strictement rien à dire, lui qui, il y a quelques secondes encore, était en relation avec le plus bel animal de la terre.
Ne parlons pas des pensums que sont les interviews dans la presse taurine espagnole. Les toreros y sont devenus maîtres incontestés de la langue de bois.
Bien sûr il peut y avoir de grandes et belles réussites. Mais c'est toujours la distance, le recul qui les rend possibles. Le plus bel exemple en est le travail que François Zumbiehl a mené à bien avec les principales figures de la tauromachie et qui a donné ce magnifique livre Des taureaux dans la tête, paru en 1987 aux éditions Autrement.
NB Un colloque sera très prochainement consacré à Mario Vargas Llosa à Bordeaux. L'auteur y sera présent.
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