Nous avions parlé en début d'année de l'indispensable livre de Guy Suire sur le cinéma et la tauromachie. Deux nouvelles œuvres cinématographiques d'importance sont sorties depuis.
Nuestro tiempo
Ce film du cinéaste mexicain Carlos Reygadas retiendra l'attention des aficionados car il se déroule dans une ganaderia de l'État de Tlaxcala. On y voit de nombreuses scènes de campo qui dénotent la bonne connaissance du sujet par le réalisateur et même son aficion : vie des toros, tri, tienta a campo abierto. On y voit aussi le matador Sergio Flores s'entrainant. Pour rester dans le registre taurin, même si c'est plus anecdotique, lors d'une impressionnante séquence visuelle au cours de laquelle nous survolons la mégapole de Mexico, on reconnait la plaza de toros Monumental. Et le dernier mot du film revient aux toros : un violent combat les oppose qui se terminera par la mort de l'un d'eux. De fait, tout au long du film, le réalisateur met en correspondance ce qui relève de la nature, de l'instinct et ce qui relève de la culture. Ainsi la magnifique première séquence durant laquelle des enfants jouent dans la boue d'un étang. Ainsi le sujet principal du film qui montre un couple (les ganaderos) qui se délite lorsque l'attrait sexuel qui les unissait se trouve remis en question. Le sujet est certes un peu convenu d'autant que ne manquent ni l'amant, ni le pacte d'infidélité entre époux. Mais le talent de Carlos Reygadas qui est l'un des meilleurs cinéastes mexicains actuels lui permet de donner, avec l'aide des toros, de l'intérêt à la situation.
Pour terminer, il est nécessaire de préciser qu'il s'agit d'un film lent (3 heures) et d'une grande beauté formelle. Nuestro tiempo vient nous rappeler que notre temps n'est pas fait que de faciles séries de consommation courante, le cinéma qui prend son temps y tient encore sa place ... et les toros aussi.
Dune
Ce n'est pas sans une pointe de satisfaction que les aficionados auront constaté que, dans son adaptation du chef-d'œuvre de science-fiction qu'est Dune, le cinéaste Denis Villeneuve a maintenu les références taurines que contenait l'œuvre originale de Frank Herbert.
Le grand-père de Paul a en effet perdu la vie au cours d'un combat contre un taureau. C'est avec un grand respect pour cet ancêtre vertueux et exemplaire que, lors du départ pour la planète Arrakis, ses descendants font suivre la tête du taureau meurtrier ainsi qu'une sculpture et le portrait en torero de cet éminent membre de la famille Atréides. Ils continueront ainsi à orner la salle à manger du nouveau palais familial.
La référence à la tauromachie parait logique si l'on rappelle que ce qui fonde le pouvoir des personnages principaux et notamment du héros Paul Atréides, c'est la maîtrise de soi, en particulier de sa peur, et la capacité à diriger, par sa force mentale, des puissances bien supérieures. En somme le fait d'agir en torero !
1 commentaire:
On parle de chef d'oeuvre cinématographique ,j'ai hate de le voir.
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