mercredi 12 juin 2019
Vic 2019 : un cru supérieur (suite)
Dimanche
corrida concours
Un grand toro (Matablanca de La Quinta) parfaitement piqué et ses concurrents au comportement toujours intéressant ont contribué à faire de cette matinée une excellente corrida concours.
Soriano de Saltillo cárdeno cinqueño
Toro imposant et lourd. Il prend quatre piques pour une chute mais Juan José Esquivel, après une mauvaise tarde hier, n'est toujours pas à la hauteur de la situation. Pour celui qui fut un excellent picador, l'heure de la retraite semble avoir sonné. Le saltillo fait preuve au dernier tiers d'une noblesse un peu fade que ne met pas à profit un médiocre Rafaelillo. Ovation à l'arrastre.
Matablanca de La Quinta cárdeno cinqueño
Lui aussi est lourd et imposant, son armure discrète est davantage dans le type santacoloma. Il se montre dur et encasté à la cape, de même lors des mises en suerte durant lesquelles il est difficile à manœuvrer. Grand tercio de piques : il obtient, sur les deux premières piques, la chute du brave par une poussée fixe et continue; la troisième confirme sa bravoure. Tito Sandoval, excellent, sauve l'honneur de la corporation des picadors. Au troisième tiers, Matablanca est noble, d'une fixité impressionnante. Vuelta à sa dépouille, unanimement demandée.
Excitado de Partido de Resina cárdeno
C'est un plaisir d'admirer le pablorromero, une estampe avec, tout au long de sa lidia, un port de tête altier. Ce n'est certes pas un grand brave mais son comportement laisse entrevoir des espérances pour l'avenir de l'élevage. Il vient bien de loin par trois fois à l'appel du piquero mais ne pousse pas sous le fer. Puis il fait preuve d'une grande mobilité et noblesse. Ovation à l'arrastre.
Judio de Pagès Mailhan colorado ojo de perdiz
Ce toro haut, très armé, fait une sortie tonitruante et se blesse peut-être en se jetant sur un burladero. Il connaitra des problèmes d'équilibre durant le reste de sa lidia. Malgré ce handicap il prend trois piques sans s'employer puis se montre nerveux, avec du genio. Quelques sifflets à l'arrastre.
Corchaito de Flor de Jara cárdeno oscuro
Le buendía met parfaitement la tête dans toutes les capes qu'on lui présente. Il renverse le picador à la première rencontre puis sera massacré aux deux piques suivantes sous l'œil indifférent de Lopez Chaves. Manque d'ambition incompréhensible de la part du Salmantin qui semble se contenter de son succès face à Matablanca. Après ce mauvais traitement, le toro sera noble mais soso dans la muleta. Palmas pour Corchaito qui n'aura pas eu la chance de son lointain ancêtre de 1928.
Joterito de Los Maños negro entrepelado
Après trois piques prises sans style le santacoloma aragonais se révélera au troisième tiers où sa noblesse encastée permettra une bonne faena à Alberto Lamelas. Palmas .
Rafaelillo médiocre et quasi absent (silence, silence).
Lopez Chaves bien avec le La Quinta et, on l'a vu, décevant face au Flor de Jara (une oreille, silence)
Alberto Lamelas, qui remplaçait Manuel Escribano, blessé à Madrid, a connu une bonne matinée. Il aurait dû repartir en triomphateur grâce à deux bonnes faenas mais son maniement déficient de l'épée réduisit le tout à une vuelta et un salut.
corrida de Dolores Aguirre
Assister à une corrida de Dolores Aguirre est un exercice particulier qui demande sérieux et concentration. Une ascèse pour l'aficionado. Et ne parlons pas de ce que doivent ressentir les toreros...
Des toros noirs, au pelage luisant, massifs, donnant une impression de puissance. Des armures que l'on sent destinées à donner la mort. Lorsque, comme aujourd'hui, la mansedumbre, certes toujours présente, ne prend pas le dessus mais se mêle, dans une alchimie spécifique à l'élevage, à une bravoure sauvage qui semble venir en droite ligne du bos primigenius (auroch sauvage), l'émotion est à son comble, aussi bien sur les gradins que sur le sable du ruedo parmi les coletudos.
Un bilan comptable, celui du premier tercio : après des sorties circonspectes et, souvent, un refus de rentrer franchement dans les capes, dix-huit dures piques prises avec ténacité et un batacazo.
Tout avait pourtant commencé "gentiment" avec les trois premiers toros, plutôt avenants (un peu de faiblesse même pour les 2 et 3). Mais lorsque Clavetuerto passa la porte du toril on sentit bien que la corrida allait prendre une tournure différente. Après trois piques, parfaitement mises en suerte par Gomez del Pilar, prises avec bravoure (ovation à José Manuel Sangüesa) il se révéla être un véritable démon, distribuant derrotes, tornillazos, tarascadas y hachazos. Plus question de rêver de douces faenas, on domine si l'on peut, et on sauve sa peau. C'est une des facettes de la tauromachie.
Le cinquième était un manso dangereux et le sixième, Voluntario, permit un de ces moments de tauromachie épique que Vic affectionne. Miguel Angel Pacheco se planta face à la fiera, il réussit à courir la main en plusieurs séries de droitières terminées par changement de main et pecho libérateur. Le tout avec élégance et dominio. Mais lorsqu'il prit la gauche, la terrible voltereta qu'il subit fit craindre le pire. Le Gaditano revint sur la corne droite avant d'en finir d'une entière qui libéra une grosse oreille dans l'émotion générale d'un grand moment de tauromachie.
Avec le premier, Gomez del Pilar avait payé auprès du public les conséquences d'un tercio de pique catastrophique. Face à Clavetuerto il décida raisonnablement qu'il n'était pas de taille à lutter et personne ne lui en voulut. Par ailleurs chef de lidia remarquable.
Javier Jimenez pas dans son élément.
Au final, grâce aux Dolores Aguirre, nous avons assisté à une vraie et bonne corrida vicoise qui a, en outre, permis la révélation d'un jeune matador : Miguel Angel Pacheco.
photos Laurent Bernède
Partido de Resina
Dolores Aguirre
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1 commentaire:
Les aguirre sont à cenicientos et je vais (encore) les louper.
Bel épisode 2!
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