mardi 11 juin 2019

Vic 2019 : un cru supérieur

   Si l'an dernier la feria avait laissé le pèlerin vicois sur sa soif, cette édition fut, aussi loin que je plonge dans mes souvenirs, une des plus complètes et sérieuses jamais vues en ces lieux. Aussi bien pour la présentation des toros qu'en ce qui concerne leur bravoure et leur poder.
   Bien sûr tout ne fut pas parfait. La novillada d'El Retamar a déçu par sa faiblesse de pattes, de trop nombreux piqueros ont fait preuve d'une maladresse regrettable et quelques matadors sont venus sans la moindre ambition.
   Mais, de Gaspachero, fin castaño de Cebada Gago à Miralto, un Pedraza résistant, tous les toros furent les dignes représentants de leur encaste et offrirent au public des peleas conformes à ce que l'on est en droit d'attendre d'un toro de lidia.
   Ce fut parfois rude et austère, parfois beau et émouvant.

Samedi

novillada d'El Retamar
   L'an dernier les quatre nuñez d'El Retamar avaient permis à la feria de débuter sous des auspices trompeurs (ils constituèrent en fait le meilleur de la feria). Ce fut l'inverse cette année. Leur faiblesse de pattes les empêcha d'extérioriser les qualités morales qu'ils semblaient posséder. La feria ne pouvait qu'aller a mas.
   Pas plus que son frère Michelito il y a deux ans, André Lagravère "El Galo", second fils du matador de toros local Michel Lagravère n'a pu convaincre, sur la terre de ses ancêtres, du bien fondé de sa vocation taurine. Ses mises à mort calamiteuses lui firent même entendre la stridence des sifflets gersois. On sauvera de sa prestation son application à la cape et aux banderilles. Pour lui, une matinée à oublier.
   Son de cloche différent pour le Béarnais Dorian Canton. Sa cape templée, son jeu de muleta précis et deux estocades bien portées lui permirent de couper une oreille (généreuse) de chacun de ses novillos.



corrida de Cebada Gago
   Voir un lot de toros de Cebada Gago est en soi un plaisir d'esthète. Silhouette fine et mais sérieuse, robes variées, armures harmonieuses et astifinas : voilà des toros qui ont du trapío ! Et quand en plus, comme ce jour, ils possèdent de la bravoure, de la caste, du poder, le plaisir de l'aficionado est complet. Malheureusement tout au long de la tarde, les picadors ont piqué comme des sagouins. Seize piques, quasiment toutes mal placées, que les cinqueños de Cebada supportèrent sans dommage. A la fin de la course, le mayoral fut appelé à saluer.
   En ce début de temporada, Octavio Chacon n'est pas au mieux de sa forme. Vaillant et belluaire certes mais sans la domination qu'il exerçait l'an dernier sur tous les toros. Espabilado, le quatrième, à la caste redoutable, lui mena la vie dure sans que le Gaditano ne trouve la solution.
   Ruben Pinar fait partie de ces toreros qui savent triompher sur leurs terres (Internet m'apprend qu'il vient de triompher pour la septième fois consécutive dans les arènes d'Albacete) mais sont incapables de s'exporter. A la vérité il n'était venu à Vic que dans l'intention de humer l'air local. Pas sûr qu'il ait même pensé à remplir ses coffres d'Armagnac et de confit.
   Thomas Dufau s'est montré professionnel efficace. Il a touché les deux toros les plus accommodants (très noble le 3, venant de loin avec franchise le 6), a coupé l'oreille de chacun après des entières efficaces et est sorti a hombros des arènes.
   Manolo Vanegas, le jeune matador vénézuélien, qui avait pris l'alternative à Vic en 2017 et dont un toro, à l'entrainement, avait brisé les vertèbres, a reçu l'hommage du public et des toreros présents. Aujourd'hui, après une longue rééducation,  il marche (à l'aide d'une béquille) et l'on peut penser qu'il pourra mener une vie normale.


Photos : chicuelina d'El Galo
              le troisième Cebada Gago

1 commentaire:

Frédéric. a dit…

C'est vrai que les Cebada sont souvent extrêmement agréables à regarder et que dans l'ensemble à Vic, ils sortent plutôt bien. J'ai encore en mémoire cette course d'un après midi dantesque ou le lot avait pris 20 piques (la concours de la matinée étant restée mémorable avec les 2 sobreros de Criado lidiés par Robleno). Quel gachis, que une fois de plus sur des lots intéressants, nous n'ayons pas de piqueros à la hauteur. C'est tout le problème des corridas toristas.