Pour la première fois depuis 2002, il n'y aura pas de corrida-concours cette année à Vic. Pourtant au cours de ces corridas-concours s'inscrivirent, sur le sable des arènes Joseph Fourniol, quelques-unes des plus belles pages de la feria du Toro. Qui ne se souvient de Camarito de Palha lidié en 2009, des excellents toros de Victorino Martin primés en 2002 et 2003 ou de ceux de La Quinta en 2004, 2005, 2008 et 2012?
Il y a très exactement dix ans, la corrida- concours du dimanche matin fut une des corridas les plus accomplies et les plus fortes en émotion qu'il m'ait été donné de voir dans ma vie d'aficionado.
Dès le premier toro nous sommes sur les cimes. Negrero est un magnifique exemplaire cárdeno de La Quinta. Il fait preuve d'une bravoure parfaite en quatre piques. Il poursuit El Fundi à la sortie des banderilles puis se montre noble sur les deux cornes. Le maestro de Fuenlabrada réalise une excellente faena, à la fois dominatrice et artistique, en particulier sur la corne gauche. Il termine par une grande estocade. Deux oreilles pour le maestro et vuelta pour le toro, proche de la perfection.
Puis sort du toril un très beau Victorino, très armé. Sa course est si vive qu'il heurte un burladero de plein fouet et reste mort sur le sable de la plaza. Un froid s'abat alors sur l'arène : peine pour ce toro brave qui meurt sans avoir pu combattre, dépit pour ce moment perdu - un combat qui s'annonçait beau et qui s'évanouit absurdement.
Mais la course se poursuit. Voici qu'apparait, hors-concours, un immense toro cinqueño de Criado Holgado. Il va prendre cinq piques en venant fort et de loin, cinq piques qui semblent lui donner chaque fois un surcroît de puissance et de codicia. A la muleta, le petit Robleño se bat comme un lion. Un derrote lui coupe la cravate en deux. A la mort c'est mission impossible. Ovation pour Fernando Robleño et pétition de vuelta pour le remplaçant qui a réussi à faire oublier le Victorino.
Le troisième toro de Cuadri va permettre une pause dans les émotions. Il a le type massif de la maison ainsi que la bravoure et la noblesse mais c'est un invalide croulant sous les kilos.
Voici maintenant le San Martin, de format plus réduit, rond, negro lucero, calcetero. Il prend deux piques qui durent plus de cinq minutes chacune car il refuse obstinément de quitter le cheval malgré les nombreux tirages de queue dont il est l'objet. Sa noblesse ne sera pas exploitée par Fernando Robleño.
Le cinquième appartient à la ganaderia de Fuente Ymbro. Grand, haut, armé discrètement, il fait preuve de caste et d'âpreté et sera parfaitement lidié et dominé par El Fundi, grand torero à la maturité rayonnante (une oreille).
Le dernier toro de Clemares Perez Tabernero, après un tour de piste au galop, se révèle invalide. Il sera remplacé par un deuxième sobrero de Criado Holgado, autre cinqueño puissant et brave (deux chutes de l'excellente cavalerie d'Alain Bonijol). Robleño l'affronte avec courage et parvient au cours d'une faena vibrante à dominer la violence du tío par de bonnes séries de derechazos. Hélas, sa petite taille l'empêche à nouveau de tuer correctement ce qui réduit son succès à une forte ovation.
Ainsi se termine la course, témoignage de la grandeur de la fiesta brava et désormais souvenir précieux dans la mémoire des aficionados présents.
1 commentaire:
J'y étais, évidemment, je l'avais un peu - beaucoup - oubliée: Merci d'avoir évoqué cette mémorable matinée. La mort instantanée du second contre un burladero, çà je l'ai toujours sur la rétine. Quel choc! Et quel froid glacial qui nous a envahi! Heureusement vite oublié par ce soobrero d'exception
Merci encore, Velonero
Enregistrer un commentaire