La mort rôde toujours dans les plazas de toros. C'est l'essence même de la tauromachie de permettre sa présence et de jouer avec. La suerte (le hasard) et bien sûr les progrès de la médecine font que, le plus souvent, elle ne parvient pas à ses fins.
Parfois pourtant la suerte tourne à l'aigre.
Mala suerte pour le picador José Muñoz le 22 mai 1999 à Vic-Fezensac.
Mala suerte, quelques deux cents ans plus tôt, le lundi 8 juillet 1793, pour le picador Bartolomé Carmona à Madrid.
Ainsi en témoigne le Diario de Madrid (il s'agit là d'un extrait d'une des toutes premières reseñas de corrida) :
El cuarto, de Castilla la Vieja, entró muy ligeramente a una vara y a seis banderillas de fuego. A la sexta saltó la barrera con la banderilla encendida. Lo mató Pedro Romero. Este toro no entró a la espada sin levantar la cabeza a una altura tan desmedida que frustraba enteramente la acción de la espada. Despues de la primera estocada que fue bien puesta pero que por esta causa no pudo ser profunda, acometió al caballo en el que estaba Bartolomé Carmona, quien no huyo a la carrera como hubiera podido, y cogió el caballo de manera que no tan solo hirió a éste de muerte sino que en la caída que dio Carmona le sucedió la desgracia de recibir un golpe fuerte en la nuca, que de resultas murió parece a breve rato; lo mató Romero a la segunda estocada puesta con mucha inteligencia.
Le quatrième, de Castilla la Vieja, prit une pique par surprise puis six banderilles de feu. A la sixième il sauta la barrière avec la banderille allumée. C'est Pedro Romero qui devait le tuer. Ce toro arriva à la mort en levant la tête à une hauteur si démesurée qu'il empêchait totalement de porter une estocade efficace. Après le premier coup d'épée qui fut bien placé mais qui pour cette raison ne put entrer profondément, le toro fonça sur le cheval monté par Bartolomé Carmona, qui ne s'enfuit pas au galop comme il aurait pu le faire, et renversa le cheval de telle manière que non seulement il le blessa à mort mais que lors de la chute que fit Carmona celui-ci eut le malheur de recevoir un violent coup sur la nuque dont il mourut peu de temps après; Romero tua le toro à la seconde estocade placée avec beaucoup d'intelligence.
Goya La mort du picador 1793
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire