lundi 18 mars 2013

Valencia

Il n'y a guère, Valence avait encore des rêves de grandeur. Aujourd'hui, les équipes de foot sont en faillite, la mégalomaniaque cité des arts et des sciences ressemble à une coquille vide, la plaza de toros continue à donner, comme si de rien n'était, 12 spectacles pour les Fallas mais la plupart devant des gradins dégarnis. Tout cela ne constitue bien sûr que la partie visible de l'iceberg. L'essentiel, la difficulté de chaque famille, reste caché, et le visiteur étranger découvre une ville bruyante et vivante comme toute ville espagnole qui se respecte. Chaque jour, à 14 heures en punto, les mascletas explosent devant des milliers de personnes et le 19 au soir les Fallas brûleront. Ainsi le monde continuera de tourner.

Le cahier des charges impose à l'empresa l'organisation d'un nombre si important de courses que Simon Casas a cru bon de saucissonner la feria en trois morceaux : la feria des novilladas, la feria des encastes, la feria des figuras. Avec un double implicite désastreux : les figures n'affrontent pas d'encastes variés, ceux qui les affrontent ne sont pas des figures. Tout le contraire de ce vers quoi une tauromachie de verdad devrait tendre. A savoir : les matadors qui n'affrontent qu'un seul encaste ne sont pas des figures et il y a parmi les matadors qui affrontent des encastes variés d'authentiques figures.

Ayant assisté aux quatre corridas de la feria dite  des encastes voici mes impressions.
Mais je voudrais donner d'abord mon avis sur la question du public car je crois qu'il faut dédramatiser les commentaires catastrophés sur la pauvreté des entrées réalisées.
Un tiers d'entrée, soit 3 à 4 000 spectateurs, les mardi, mercredi et jeudi. Demi-entrée, soit 5000 spectateurs le vendredi. C'est peu, mais si l'on considère :
 - la crise économique qui frappe l'Espagne et réduit considérablement les possibilités financières des familles, leur imposant de faire des choix
 - le fait que ces jours étaient ouvrables, que donc, à 5 heures de l'après-midi, heure du début de la corrida, les gens qui en ont un sont au travail
 - le temps épouvantablement antitaurin (froid glacial et vent violent) en particulier le mercredi et le jeudi
 - le fait que les corridas sont retransmises en direct sur Canal + toros
 - le fait que le public valencien n'a jamais brillé par sa fibre toriste
on peut considérer que c'est un véritable miracle d'avoir réuni autant de monde sur les gradins ces jours-là.

Mardi,  toros d'Adolfo MARTIN
 Un lot cinqueño, magnifique de trapío, avec un grand toro, Aviador, sorti en troisième position, brave et noble, avec une corne droite pour triompher a lo grande.
Le premier, brave également, montra de la qualité dans la cape de Ferrera mais celui-ci ne le consentit jamais et l'animal resta inédit.
Le deuxième, encasté,  est en revanche amélioré par le toreo sincère d'Eduardo Gallo.
Mais la corrida va a menos avec  trois derniers toros médiocres, rajados et cherchant les planches.
Dans l'ensemble, hormis le 3, tous les toros sont allés a menos.

Mercredi, toros de MIURA
 Autre corrida cinqueña et bien présentée malgré quelques cornes vite escobillées. Même le premier, bien que ne pesant que 505 kg, qui sont peu pour un miura, a fière allure.
En revanche corrida très difficile, bronca, sans recorrido, gardant la tête dans les nuages.
Plusieurs avec le comportement, récurrent dans l'élevage, qui consiste à faire le tour de l'arène au moment de la mort.
Le 2, faible de pattes, est remplacé par un Valdefresno manso. Le 1 et le 6 montrent aussi de la faiblesse.
Corrida décevante donc, mais peut-on reprocher à un miura d'être difficile?

Jeudi, toros d'ALCURRUCEN
 Point n'est besoin de s'étendre sur le fiasco des nuñez de la famille Lozano, bien présentés eux-aussi. Une corrida infumable, mansa, décastée.

Vendredi, toros de FUENTE YMBRO
 Encore une corrida bien présentée, de comportement inégal mais avec beaucoup de mobilité, à l'exception du 6, manso sans charge.
 Le premier est un domecq comme en rêvent les toreros : terciadito, brave, noble, tempéré par un peu de faiblesse de pattes.
 Mais le 4 et le 5 sont d'un bois différent : d'authentiques fieras, forts, encastés, mobiles, demandant un torero dominateur et sûr de lui (ce qu'ils ne trouvèrent ni avec J. Bautista ni avec M. Tejela). Le 4 alla a mas après un début de manso et le 5 donna tout d'abord l'impression d'avoir un problème de vue. Il transperça le burladero d'un coup de corne (corne intacte après le choc) en le heurtant, puis donna une vilaine colada à Tejela. Mais tout rentra dans l'ordre ensuite et, malgré les bons soins du picador, il chargea fort au troisième tiers.

Petit bilan de ces quatre journées avec quatre encastes différents
 - le meilleur toro, un albasserada d'Adolfo Martin
 - Miura reste Miura (même pour le pire)
 - des nuñez en mansedumbre majeure
 - et les domecq ... les toros de meilleure charge
La dominante : une bonne présentation générale, ce dont il faut savoir gré à l'empresa.

à suivre : les matadors


















préparation d'une mascleta ou les pétards valenciens

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