mercredi 5 octobre 2011

Baltasar Iban conservatoire de la bravoure du toro de lidia



En ce dimanche de clôture du Zapato de Oro d'Arnedo, la novillada de Baltasar IBAN a représenté ce que la cabaña brava espagnole peut  produire de mieux. A savoir une bravoure qui s'exprime dans les trois tiers, bravoure qui a pour conséquence la noblesse, car le toro fort et combatif s'engage jusqu'au bout dans les leurres.

9 piques et 2 chutes tel est le bilan du premier tiers, bilan qui doit être réévalué si l'on prend en compte le temps passé par chaque novillo sous la pique. En effet plusieurs d'entre eux poussèrent durant de longues minutes, les toreros éprouvant les plus grandes difficultés à leur faire quitter le cheval.

Le premier, Provecho a une sortie hésitante avant de prendre en brave deux piques pour une chute. Il fera preuve d'une grande noblesse à la muleta, tempérée par une légère faiblesse du train arrière. Sergio BLASCO construit quelques belles séquences à droite mais reste en dessous de la qualité du novillo.

Costarito est un mauvais esprit. Il refuse durant cinq bonnes minutes de sortir des chiqueros. Angel PUERTA le torée magnifiquement par véroniques mais à la deuxième demi-véronique (celle de trop) il est pris brutalement puis rechargé au sol. Il s'en tire heureusement avec de simples contusions. Le novillo prend une pique longue et violente dont il sort un peu étourdi ce qui incite Puerta à demander le changement de tiers. Le novillo mènera la vie dure à la cuadrilla au deuxième tiers et se montrera bronco et de charge courte au troisième. Angel PUERTA s'arrime comme un vrai novillero et réussit quelques belles naturelles une à une. Visiblement il ne maîtrise pas la technique de l'estocade, la mort s'éternise et le combat se finit dans le silence.

Costurito II provoque un batacazo sur la première pique, le piquero heurtant violemment le burladero (sans dommage grâce à la protection du castoreño), le toro, de son côté, se refusant à quitter le cheval à terre. Panique dans le ruedo. Fernando ADRIAN l'emmène au picador de réserve pour une deuxième rencontre longue et poussée sur plusieurs mètres. Le novillo répond parfaitement au second tiers et Raul Adrada, prenant tous les risques, pose deux magnifiques paires (salut). Faena sérieuse de Fernando ADRIAN adaptée aux conditions du novillo. Une entière trasera et tendida suivie de deux descabellos. Pétition majoritaire, vuelta al ruedo, bronca à la présidence qui empêche regrettablement le toro de sortir sous l'ovation qu'il méritait.

Camarino, sorti en quatrième position, sera parfaitement mis en suerte au premier tiers par Sergio BLASCO. Deux piques prises avec bravoure et parfaitement données par le picador Ivan Garcia, ovationné. Au troisième tiers le novillero se désunit complètement et se montre incapable de donner la moindre passe correcte malgré la qualité de son opposant.

Santanero, le cinquième sera l'unique novillo de l'après-midi à sortir seul de la pique. Pique unique et bien insuffisante. Il puntée nerveusement dans la  muleta. Face à un tel adversaire, la verdeur d'Angel PUERTA est si manifeste que malgré sa vaillance désordonnée il est peu à peu dominé par le novillo qui, lui, va a mas. Toutefois, c'est avec plaisir que je le reverrais l'an prochain car le garçon possède l'envie et le courage qui font les novilleros authentiques.

Lorsque sort comme un bolide le dernier novillo de la course et de la feria la novillada a été jusque là passionnante à suivre et un clair succès pour la devise de Baltasar Iban. Santanero II va transformer ce succès en événement triomphal puisqu'il va être indulté. Autant le dire tout de suite, cet indulto m'a paru largement exagéré. Tout d'abord parce que Santanero II n'a reçu qu'un seul puyazo. Ensuite parce que ce genre d' acontecimiento procède toujours d'une hystérie collective qui, je ne sais si je dois le regretter ou m'en réjouir, me  laisse assez circonspect voire agacé.
Mais revenons au héros du jour. Negro et bien armé, astifino. Sortie de bolide donc puis charge claire dans la cape de Fernando ADRIAN. La pique est longue, très longue acculant d'abord le cheval contre les tablas puis le poussant le long de celles-ci, refusant les sollicitations du péonage. Il finit par sortir, gaillard et je savoure à l'avance la deuxième rencontre. Hélas! la présidente accède à la demande de changement de tiers du novillero. Après un bon tercio de banderilles, il fait preuve, dans la muleta du novillero madrilène, d'une charge longue et inépuisable, typique des futurs indultés. Fernando ADRIAN, sûr de lui, n'hésite pas à le citer de loin pour une faena variée dans laquelle prédomine l'usage de la main droite. En gardant la jambe contraire légèrement en retrait il privilégie la fluidité au détriment de la profondeur mais ne tombe jamais dans la vulgarité (il nous épargne notamment les culerinas). Faena bien construite et dominatrice, qui fait rugir les tendidos - le son de la charge du novillo y contribue pour une bonne part. Le final, après la sortie du mouchoir orange, est très beau, le novillero ramenant le toro jusqu'au toril par des adornos muy toreros.
Après  à peine une temporada à l'échelon des novilladas piquées, Fernando Adrian a montré aujourd'hui qu'il était un torero solide sur lequel il fallait compter...
Et bien sûr final triomphal aussi pour l'élevage avec la sortie a hombros du mayoral.

6 commentaires:

el Chulo a dit…

la caste peut toujours renaître de ses cendres!

miguel de burdeos a dit…

L'indulto de Santanero II ne me paraît pas exagéré. Quelles doivent être les qualités d'un grand toro ? Caste, bravoure, noblesse. Une triplette que je résumerai en un seul mot : la race. Le toro "indultable" aura, en plus de la race, un supplément où cohabiteront présentation, trapio, hechuras, alégria. Santanero II a réuni toutes ces qualités.
Il convient d'ajouter que le règlement espagnol a été respecté. S'agissant d'une arène de 2° catégorie, le torero peut demander le changement de tercio à l'issue de la première pique.
J'aurai également apprécié de revoir ce novillo une seconde fois devant le cheval. Mais, il faut reconnaître qu'il s'est fortement employé, en poussant longuement et avec franchise, lors de cette monopique qui en valait bien trois.
Doit-on apprécier la bravoure au nombre de piques reçues ou selon le comportement du toro lors du tercio ?
Petit comparatif.
- Valdellan à Parentis : 6 novillos, 20 rencontres. Je n'ai vu aucun toro brave (et encore moins encastés !!).
- Santanero II à Arnedo : 1 vraie pique en brave (et de la caste à revendre).
La bravoure se juge en trois temps : avant, pendant et après la rencontre avec le fer.
Les Valdellan aux 20 piques étaient des mansos con genio. Santanero II, monopiqué, était un novillo très brave et très encasté.
Doit-on ne pas récompenser un novillo qui était trop brave au point ne pas sortir du cheval malgré le châtiment de la (mono)pique ?

Xavier KLEIN a dit…

Ne pas avoir vu de caste chez les Valdellan de Parentis, faut quand même le faire!
Défaut de bravoure on peut en discuter (cela dépend de la façon dont on qualifie la chose), défaut de caste: nous n'avons pas dû voir la même novillada!
Voir d'ailleurs l'article de Velonero sur le sujet ("Parentis, piquants Valdellan") ainsi que l'immensissime majorité des reseñas.
Pour ma part, c'était en qualité l'un des tous premiers lots de la temporada Aquitaine, voire le meilleur!
Evidemment on n'est pas là dans les canons du "toro moderne"!
Quant à indulter un novillo, c'est à dire un "ado", et à omettre dans les qualités requises un "détail", la FORCE, c'est très tendance.
Pour ma part, je pense qu'aucun toro ne devrait être indulté à moins de 3 piques, ce qui éviterait de sombrer dans le ridicule desgarbadien, qui ne tue pas puisque le dit Desgarbado a survécu (son public aussi d'ailleurs!).
Cordialement.

velonero a dit…

Bravoure, caste, genio, des sujets de discussion inépuisables pour la plus grande joie des aficionados...
Il est certain que ces derniers temps on a beaucoup primé des toros allant au cheval plusieurs fois, de loin, mais poussant très peu et sortant seul. Tout le contraire des Baltasar Iban dont la bravoure m'a fait penser à celle des Isaias y Tulio Vazquez (d'il y a longtemps) et des Maria Luisa Dominguez Prez de Vargas (des grandes années).
Merci, en tout cas, Chulo, Miguel de Burdeos et Xavier Klein pour vos commentaires.

pedrito a dit…

Les Valdellan de PARENTIS? Comme on aimerait en revoir chaque semaine, dans toutes nos plazas du SUD, à l'EST comme à l'OUEST, alors que, hélas, ces tardes taurines sont rarissimes.
Pour ma part, cent pour cent d'accord avec XAVIER: un indulto après une seule rencontre est un non-sens, une hérésie qui caractérise la corrida moderne, celle qui fait prendre des vessies du spectaculaire médiatique pour des lanternes d'une lidia galvaudée, et qui amène inexorablement la corrida, la FIESTA BTRAVA, dans la nasse tendue par les lobbies- naïfs ou fascisants- de la sensiblerie.
Chaque semaine nous apprend un nouvel exemple de cette indultitude imbécile, sans que leurs auteurs coupables de démagogie ne retiennent jamais la leçon de tous les desgarbados injustement grâciés par les gesticulations et les tricheries de la maffia aux ordres du mundillo qui sévit dans les callejons.
Salut à TOUS

velonero a dit…

Oui Pedrito l'indulto du novillo de Baltasar Iban était excessif, oui aussi pour l'intérêt qu' a présenté le lot de Valdellan à Parentis, mais cela n'empêche pas que le lot de novillo de Baltasar Iban d'Arnedo était d'un tès haut niveau de bravoure et de caste. Un regal pour l'aficionado.
Cordialement.