samedi 26 mars 2011

Bonne affaire

Il n'aura échappé à personne que la question de l'immigration est un thème béni pour un certain nombre de nos politiciens.
En général c'est pour dire que les immigrés sont très méchants et qu'il faut avoir très peur d'eux. Moi qui ai surtout très peur des politiciens qui disent ça j'ai été très heureux de trouver dans le numéro 1048 du Courrier international ce texte traduit du quotidien espagnol ABC et signé Juan Pedro Quiñonero.


Les immigrés sont une très bonne affaire pour l'économie française : ils reçoivent de l'Etat 47,9 milliards d'euros, mais ils reversent 60,3 milliards. Autant dire un solde positif de 12,4 milliards d'euros pour les finances publiques, qui ne représente pourtant que la part monétaire de transferts bien plus importants. Dans ce pays de 64,7 millions d'habitants, 6,5 millions de Français comp­tent au moins un immigré dans leur famille. Les chiffres de l'immigration légale sont très fluctuants. En France, on recense environ 5,3 millions de résidents étrangers avec leurs familles.
Une équipe de chercheurs de l'univer­sité de Lille, sous la direction du Pr Xavier Chojnicki, a réalisé pour le compte du ministère des Affaires sociales une étude sur les coûts de l'immigration pour l'éco­nomie nationale. Travaillant sur des chiffres officiels, les chercheurs ont décor­tiqué tous les grands postes de transfert des immigrés. Il en ressort un solde très positif. Les chercheurs ont remis leur rap­port en 2009, au terme de trois ans d'études. Les 47,9 milliards d'euros que coûte l'immigration au budget de l'Etat (2009) sont ventilés comme suit : retraites,16.3milliards d'euros ; aides au logement, 2.5 milliards ; RMI, 1,7 milliard ; allocations chômage, 5 milliards ; allocations familiales, 6,7 milliards ; prestations de santé, 11,5 milliards ; éducation, environ 4,2 milliards.
De leur côté, les immigrés reversent au budget de l'Etat, par leur travail, des sommes beaucoup plus importantes : impôt sur le revenu, 3,4 milliards d'euros ; impôt sur le patrimoine, 3,3 milliards ; impôts et taxes à la consommation,18.4 milliards ; impôts locaux et autres,
2.6 milliards ; contribution au rembourse­ment de la dette sociale (CRDS) et contri­bution sociale généralisée (CSG),6,2 milliards ; cotisations sociales, environ 26,4 milliards d'euros.
A ce solde positif de quelque 12,4 mil­liards d'euros il faut ajouter d'autres reve­nus pas toujours monétaires, mais d'une grande importance sociale et économique : les immigrés occupent l'immense majorité des emplois dont les Français ne veulent pas, et 90 % des autoroutes ont été et sont construites et entretenues avec de la main-d'œuvre étrangère. Sans immigrés, les prix à la consommation (produits agricoles et autres) seraient bien plus élevés, la main-d'œuvre étrangère étant bien moins payée. La comptabilité réalisée par les cher­cheurs de l'université de Lille fait ressor­tir aussi de profonds changements sociaux. Majoritairement jeunes, les immigrés sont de grands consommateurs : comme nous venons de le voir, ils versent environ 18,4 milliards d'euros à l'Etat sur leurs dépenses personnelles, notamment en TVA. Les immigrés ont modifié en pro­fondeur le sport et les arts populaires fran­çais : la grande majorité des footballeurs de haut niveau sont issus de l'immigration, et les artistes d'origine immigrée, noirs et maghrébins, peuplent le Top 50 de la chanson populaire.
Parallèlement, de nombreux métiers, en particulier dans les services, ne fonc­tionnent en France que grâce à l'immigra­tion. Plus de la moitié des médecins hospitaliers dans les banlieues sont étran­gers ou d'origine étrangère. Pas moins de 42 % des travailleurs des entreprises de nettoyage sont des immigrés. Plus de 60 % des ateliers de mécanique automobile de Paris et de la région parisienne appartien­nent à des mécaniciens et petits entrepre­neurs d'origine étrangère.
Dans un domaine aussi crucial que l'avenir du système des retraites, les immi­grés jouent un rôle des plus favorables. Le très officiel Comité d'orientation des retraites est parvenu à cette conclusion : "L'entrée de 50 000 nouveaux immigrés par an permettrait de réduire de 0,5 point de PIB le déficit des retraites."
Juan Pedro Quiñonero

11 commentaires:

el chulo a dit…

Bravo pour ce post Velonero. Mais tout de même Chojnicki, c'est pas un nom bien gaulois ça!En tous cas il doit plaider pour sa paroisse.

Trêve « d'humour », ce papier démontre combien on doit se défier des idées reçues et surtout parler sans savoir. L'extrême droite, populiste, voire fasciste ou nazie s'il faut, a toujours prospéré sur les crises, et toujours de la même façon : désigner un bouc émissaire, détruire l’État, et le Parlementarisme au profit d'un Parti Unique. Tentation qu' hélas certains communismes ont épousée également.

Badinter a eu cette jolie expression, je le paraphrase, « on s'adresse au cortex ».

Le plus insupportable si tu dis que le problème dépasse largement quelques abrutis, est qu'immédiatement on te traite de « couille molle », de gauchiste bobo parisien, voire de lâche. Simplement parce que tu dis que le problème est plus profond, ne date pas d'hier et doit s'aborder par le biais non seulement de l'économie mais aussi de la sociologie. Et aussi qu'il n'est pas interdit de réfléchir à notre part aussi, de responsabilité nous les « purs » gaulois.

Les mêmes « provinciaux » d'ailleurs qui te traitent de « bobo parisien » ne quittent pas leurs 100km carrés d'où ils observent le monde entier, ou s'ils le quittent c'est pour revenir après 15 jours au club med ou équivalent et avec des idées définitives et autorisées sur le pays concerné.

Disant cela, tu cautionnes donc les dealers, les petites frappes.

Effarant !

Ludovic Pautier a dit…

toi aussi, épigone de la frange ( pour un chauve, c'est déjà douteux) élitaro-angélique ( un enseignant = un planqué à Tivoli ou tout comme, jamais au front mais par contre représentant le noeud de tous les mots : l'éducation nationale ), toi aussi donc, tu lis "courrier international" ! et pas "minute". faut pas s'étonner après, hein.
abrazo, Don Pedro.

ludo

Xavier KLEIN a dit…

Hier, lors de la soirée des cantonales, j’entendais Claude GOASGUEN, responsable UMP (ex activiste du mouvement d’extrême droite Occident), prétendre qu’il ne devait pas y avoir de tabous en ce qui concerne l’immigration, qu’il fallait «écouter les peurs des français» (sic), et
Tout cela me fait penser à un excellent ami, revenant de Bordeaux après une semaine estudiantine et qui m’avait déclaré, il y a 30 ans qu’il était désormais raciste parce qu’un «bougnoul» l’avait insulté et rudoyé dans le bus. Je lui avais demandé ce qui serait advenu, si un breton, un corse ou un basque avait fait de même…
On entendait les mêmes poncifs sur les ritals ou les polacks qui venaient manger le pain des français au début du XXème, ou les portos et les espingouès dans les années 60, etc., etc.
Pour eux comme pour nos modernes immigrés on semble oublier que c’est le patronat qui les a massivement «importés» pour casser le marché de l’emploi, et maintenir des salaires bas dans le BTP et l’industrie. On oublie aussi de considérer la démographie française qui tranche avec celle du reste de l’Europe, en demeurant dynamique.
Jouer sur les peurs, diaboliser, ne considérer qu’une partie de l’équation, diviser: des vieilles recettes toujours actuelles.
Merci Velonero de nous ramener à la RAISON et de trancher avec la banalisation ambiante du discours de la peur et de l'extrême.

Philippe Marchi a dit…

Ouf ! un peu d'air frais... Merci à vous tous.

pedrito a dit…

En 1958, jeune postier émigré à Roubaix, je m'étais entendu dire le plus sérieusement du monde par un certain Dupent que je venais bouffer "leur" pain (des ch'tis).
Puis un peu plus tard, copain avec Ghout Lakdar, nous avions évité de justesse une râclée, au Fresnoy de Roubaix. Enfin, après avoir été témoin d'un passage à tabac en règle, sur un pauvre hère bourré, par 5 ou 6 flics du commissariat central, j'ai été guéri définitivement de cette putain de maladie qui reprend, hélas, du poil de la bête.

Et chez nos amis espagnols, avez-vous idée du mépris de certains catalans à l'encontre de l'Andalousie et des Andalous?

Effarant !!

Merci pour ton bol d'air, cher Velonero

el Chulo a dit…

tu veux parler de "los moros" ou de "los murcianos" cher pedrito?

el chulo a dit…

dans même orde d'idée:

hier à l'Assemblée à la question d'un socialiste s'insurgeant contre le démembrement de l'école de la République. Chatel, le faux cul à la tête d'ange: "nous avons embauché plus de 15000 enseignants, l'éducation nationale est le premier embaucheur de france.". réfléchissons un peu: 1 sur 2 départ à la retraite non remplacé, soit 16000 postes supprimés, donc, fatalement, il "faut" pourvoir les 15000 ou 16000 autres. nous prend t'il pour des cons l'autre idiot?

Anonyme a dit…

Mais non. Chatel, c'est émilie jolie.et nous, les nenseignangnants de petits nenfants, on chante avec lui. on pourrait s'en prendre à qui de droit, mais non. z'ont raison les gens,on est vraiment des bisounours.

Ali Lodelpiton

Anonyme a dit…

Ben voyons !
Outre le fait qu'on peut faire dire aux chiffres ce que l'on veut,quid de l'immigration clandestine ?Combien coûte-telle ?
Et puis quel cynisme d'affirmer:"...la main d'oeuvre étrangère étant bien moins payée."La voilà donc la solution pour rendre nos entreprises plus compétitives !
En fait ce serait de la délocalisation à l'intérieur même de nos frontières.

manolo
p.s.désolé d'apporter un peu de contradiction démocratique.

velonero a dit…

Manolo, l'argument "ben voyons" me paraît un peu court par rapport à une recherche menée sur plusieurs années par des gens a priori sérieux...
En revanche vous faites bien de signaler le cynisme qu'il y a à utiliser une main d'œuvre taillable et corvéable à merci.
Ce qui serait souhaitable c'est que le développement des pays pauvres (qu'il faudrait sans doute favoriser...) permette aux gens de rester dans leur pays. Volem viure al pais, disait-on à une époque.

Anonyme a dit…

Señor Manolo, vous avez tout à fait raison : l'immigration clandestine a un coût. un coût à l'état. mais ce coût est ce qu'on appelle "un manque à ganger".en effet, aucun travailleur clandestin ( souvent d'ailleurs employés sur des chantiers publics qui ont sous-ttraité un tas de petites babioles à des micro-sociétés privées )n'a de fiche de paie où sont reversées dans les caisses de l'état les sommes des charges dont devraient s'affranchir leurs employeurs s'ils étaient honnêtes (certains sont de bonne foi, c'est vrai qu'il est parfois difficile de distinguer un vrai d'un faux papier ).Mais par contre ces ouvriers mangent, dorment, consomment , paient de la TVA...
alors, régularisons tous les travailleurs clandestins, plutôt que d'exacerber les antagonismes à coup de lois sur le voile intégral (2000 ? 1000? 500? d'où tient-on les chiffres puisqu'à ce jour rien ne permettait d'en vérifier la véracité ? pour l'instant une -allez deux mais il y en a une on n'a pas encore son nom, ça viendra, les médias s'arracheront bientôt les petites nouvelles :
http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=10835 )

ensuite, à nous qui croyons être le centre du monde où vienfrazit s'entasser des hordes de mécréants dépenaillés et barbares , ceci :

http://owni.fr/2011/04/11/exil-refugies-libye-data-donnes/

aaaaahh bon mâme Michu, les déplacements de population c'est pout tout le monde pareil ? je croyais que tous ces immigrés avaient des chaises à porteurs pour arriver en pleine forme chez nous. merde alors !

Tryphon Patapalante