lundi 9 août 2010

Parentis 2010

A propos des Prieto de la Cal

Pouvoir faire des liens avec le passé (vécu ou imaginé) fait partie des charmes de l'aficion. En l'occurrence, je garde un vif souvenir des deux novilladas de Prieto de la Cal sorties dans ces mêmes arènes en 1989 et 1991. Deux des courses les plus terrorifiques que j'ai vues. Des toros surpuissants avec des cous énormes, une force colossale dans le train avant. Des monstres qui semblaient tout droit sortis des enfers telluriques. Avec une sorte de bravoure brute pour ceux de 89, qui donnaient à imaginer ce que pouvait être une bonne corrida de Veragua au XIXème siècle. Deux ans plus tard en revanche la puissance était toujours là mais la course tenait davantage de la moruchada.
Vingt ans après, en l'an de grâce 2010, rien de tout cela. On serait plutôt revenu au temps des Prieto de la Cal des années 1950 lorsque Luis Miguel Dominguin et Antonio Ordoñez leur coupaient oreilles et queues. Ils avaient en effet troqué leur poder et leurs hachazos meurtriers pour une faiblesse de pattes sous-jacente et une noblesse de bon aloi. Un tercio de pique bien mené permit de révéler en 17 rencontres qualités et défauts de chaque novillo. Rencontres qui ne furent la plupart du temps que des picotazos car, ou bien les toros ne poussaient pas, ou bien leurs forces limitées nécessitait de relever la pique rapidement. Mention toutefois au 2, brave et noble mais hélas sans poder, et au magnifique 6, impressionnant à sa sortie puis spectaculaire quoique sans vraiment pousser à la pique enfin très noble au troisième tiers.
Pour finir, je suis persuadé que la manière exemplaire dont s'est déroulé le tercio de pique a permis à certains novillos de garder leur mobilité au dernier tiers. Six piques appuyées et carioquées, comme on le voit trop souvent ailleurs, avaient toutes les chances de laisser sur la piste six blocs de marbre.


Bonne novillada de José Joaquin Moreno de Silva

Bravoure, noblesse, caste, mobilité, solidité : les saltillos de Moreno de Silva ont montré à quel point cet élevage constitue un magnifique trésor pour la cabaña brava.
17 piques (et une chute) mais aujourd'hui des piques pour détruire face à des toros qui poussent. Une exception pour Carlos Rebosa aux ordres de Juan Ortiz primé pour son tercio au second de la tarde.
Certains novillos pour triompher a lo grande. Hélas, à l'exception de Juan ORTIZ, petit Colombien con valor, ils n'eurent en face d'eux que des novilleros timorés, apeurés, voire inhibés. Heureusement, l'ensemble des péons tint la route et porta même la novillada en assurant l'essentiel de la brega et de la lidia. Bravo à eux.
Bravo aussi au public qui, pris de compassion pour le naufragé Daniel PALENCIA, le poussa, au dernier novillo, à donner quelques passes qui mirent en évidence aux yeux de tous - y compris du novillero - que loin d'être la terreur des ruedos son adversaire possédait au contraire un excellent fond de noblesse.

3 commentaires:

Xavier KLEIN a dit…

Ami Velonero,
Nous n'avons pas du voir la même novillada de Moreno de Silva, ce qui prouve une fois de plus que la chose n'est pas une science exacte et que c'est là son plus grand charme.
Intéressant certes, mais je n'ai nullement vu la "bravoure, noblesse, caste, mobilité, solidité".
Tout au contraire de la faiblesse (des trains arrières enkylosés et une baisse notable de tonus au troisième tercio), de la mansedumbre dés le capote (entrée antérieurs en avant), confirmée à la pique par des poussées brutales mais syncopées et des sorties seuls.
Puis beaucoup de genio, avec des toros qui dés les premières passes cherchaient l'homme.
Un miracle que les pauvres gamins, les seuls volontaires qui aient bien voulu figurer au cartel, avec peu ou pas de novilladas au compteur, s'en soient tirés sans égratignures.
De brega, je n'ai vu que celle de Cañada, tout le reste n'ayant été que pitoyable et n'ayant guère contribué a placer les novilleros dans les meilleures conditions.
Certes un lot bien meilleur et plus intéressant et complet que celui des cousins d'Orthez, mais qui, à mon sens, ne mérite pas pour autant tes éloges appuyés.
Entièrement d'accord pour Juan Ortiz.
Tout cela n'étant pas faire injure à nos amis de Parentis qui mérite toute considération.

velonero a dit…

Cher Xavier,
C'est le charme de la corrida de susciter divergences d'opinions et discussions passionnées qui en découlent.Tu me donnes l'occasion par tes remarques de défendre mon point de vue.
Bravoure oui sans aucun doute pour moi (à l'exception du 6 qui chercha le refuge des planches dès sa sortie), bravoure qui est instinct offensif qui, sous la pique, conduit le toro à maintenir sa charge, à pousser jusqu'aux planches, à renverser le cheval sans vouloir le quitter malgré les sollicitations. Certains sont allés vers le picador avec un galop franc et allègre.Certes il y a eu aussi des scories: hésitations, sorties sans sollicitation.
Je n'ai pas vu de faiblesse mais des novillos qui prennent 3 piques appuyées (avec de la part des picadors le désir de les détruire) et qui, malgré ce traitement,ont encore les moyens de charger, parfois avec codicia, au 2ème et 3ème tiers. Quelques génuflexions chez certains mais vite surmontées.
Ce que tu appelles genio je l'appellerai caste car ce n'était pas selon moi un instinct défensif. Lorsqu'on leur présentait la muleta a peu près correctement tous la prenaient avec franchise et jusqu'au bout de la passe (ce que j'appelle noblesse). D'ailleurs les trois novilleros malgré leur petit bagage et pour certains leur peur irrépressible ont tous réussi à donner des passes limpias. Et s'ils étaient parvenus à lier ils auraient pu obtenir des triomphes car il m'a semblé que certains novillos une fois bien embarqués dans la muleta allaient a mas (en particulier les deux de Nunes Casquinho et le 6). En cela ils m'ont fait penser aux bons victorinos.
En espérant donc avoir l'occasion de les revoir l'an prochain.

Evita a dit…

Tout à fait d'accord avec Velonero. Merci à lui pour ses resenas écrites avec la distance nécessaire.