mercredi 15 avril 2009

Arles 2009 (1)

Pluie
Il pleut sans discontinuer sur Arles et les courses annulées s'accumulent. L'espoir que le ciel et les toros se refusent à offrir, il faut donc aller le chercher ailleurs : dans les livres, les apéros, qui, du coup, prennent une ampleur encore plus considérable, enfin les expos dont la ville n'est pas avare.
A la Boutique des Passionnés, j'ai acheté un recueil de poésies d'Alain Riemann, Tu seras toro mon fils. Lecture idéale en écoutant tomber la pluie dans une chambre d'hôtel.

Il pleut dans les arènes
la plaza de toros
est triste sous la pluie
Une tache sombre
s'attarde autour d'un totem qui luit

Sur le thème de l'indulto, j'ai bien aimé celle-ci :
Je suis
cet adulé
l'indult au corps
que la foule
a gracié

Le séminal amant
qui te doit
sa descendance
et ta blessure
de matador
impuissant
à me donner
la mort.

Pour l'apéro, il y a bien longtemps que mon estomac (et mon palais) refuse l'absorption intempestive de cette boisson jaunâtre et anisée qui fait partie intégrante de la culture locale. Mais que mes compañeros sachent que je suis plein d'admiration pour leur capacité à aguantar des quantités gargantuesques de ce breuvage. Heureusement on trouve partout à Arles de l'excellente sangria. J'ai découvert cette année la sangria blanche, étonnamment légère et digeste.


Très émouvante l'expo sur Lucien Clergue et les gitans d'Arles. Pour les photos du maître local, mais aussi pour l'évocation de ces figures musicales que sont José Reyes et son cousin Manitas de Plata, passés directement, par la grâce de la musique, de la roulotte aux grands hôtels new-yorkais et à la fréquentation des plus grands artistes de l'époque (Cocteau, Picasso, Dali, Chaplin).


Miurada
Je voudrais me faire ici l'écho de propos et interrogations entendus du côté du club taurin La Muleta (tertulia y after).
A l'exception des deux premiers, deux invalides bonasses, les quatre toros suivants sont jugés intéressants avec le regret de ne plus retrouver le comportement de ces miuras intraitables d'antan. Le cinquième, de grand trapío, prenant trois piques en venant de loin puis très mobile et encasté au dernier tercio est un très bon miura. En ce qui concerne le troisième, la question est posée : a-t-il été un grand toro? Lui aussi a pris trois piques puis est venu de très loin sur la muleta de Julien Lescarret mais il a passé une bonne partie de sa vie publique à gazapear.
Comme trop souvent chez Miura les armures sont l'objet de toutes les suspicions. Le second toro a tout de même transpercé le burladero d'un magistral coup de corne!

Juan José Padilla suscite des avis très partagés. Pour ses détracteurs il est la vulgarité incarnée. Auteur, qui plus est, d'un geste particulièrement anti-taurin : son second adversaire après avoir pris une pique en poussant fort se trouve idéalement placé pour le second puyazo à la suite d'un quite du matador. Mais celui-ci, donne l'ordre à son peon d'emmener le toro tout contre le peto nous privant ainsi du plaisir éventuel d'une grande pique et empêchant par là même le toro d'exprimer sa bravoure.
En revanche beaucoup soulignent les nombreux aspects positifs de son actuacion : chef de lidia irréprochable, capeador excellent, seul torero de l'après-midi à n'avoir jamais reculé, banderillero impressionnant au quatrième (encore que la longueur du tercio ait pu contribuer à décomposer le toro), enfin une personnalité qui sort des sentiers battus et provoque dans les gradins passion et divergence d'opinions - un des rares toreros actuels à avoir un tel impact sur le public.
Julien Lescarret a été apprécié pour sa bonne conduite de la lidia, en particulier lors du tercio de piques, ainsi que pour sa recherche permanente de solutions aux problèmes posés par ses deux toros. Il s'est ouvert un large crédit et a franchi l'obstacle de sa première miurada avec succès même si l'on a l'impression que, muleta en main, il a souvent du mal à maintenir son emprise sur le toro.
Rafaelillo a été sincère mais limité, sans doute handicapé par sa petite taille face à un lot de plus de 600kg de promedio.




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