mercredi 8 avril 2009

Histoire de poulets












Je revoyais hier soir à la télévision les célèbres et terribles images de ces poulets élevés et tués industriellement (We feed the world, documentaire autrichien de Erwin Wagenhofer, 2006). Dégagé de l'émotion que ne manque pas de provoquer la première vision - à côté de moi, ma femme qui découvrait le film était tétanisée, j'ai senti deux évidences.
Tout d'abord, on traite les animaux comme on traite les hommes. Il y a en effet une claire correspondance entre la vie de ces poussins agglutinés, canalisés, manipulés et nourris par de mystérieuses mécaniques et la vie de l'homme salarié et citadin. Les quelques images de travailleurs à la chaîne que l'on aperçoit parfaitement fondus à cette réalité concentrationnaire sont à cet égard particulièrement effarantes.
La deuxième évidence concerne la tauromachie. Elle m'a paru avoir de beaux jours devant elle tant elle incarne une résistance à ce système (tant qu'elle incarne une résistance à ce système). Dans l'arène chacun est libre d'être lui-même, d'aller jusqu'au bout de lui-même. Dans le combat de l'homme contre le taureau, du taureau contre l'homme tout peut advenir : l'art, la vulgarité, la joie, la souffrance, la blessure, la mort...
Sauf lorsque la corrida n'est plus que derechazos à la chaîne, toritos consentants et triomphes prévus. Elle devient alors, elle aussi, industrielle et productiviste, comme l'abattage des volailles.

3 commentaires:

Bernard a dit…

Cher Velonero,

J'ai vu aussi hier soir... et, comme toi probablement, au fur et à mesure du déroulement de ces images inhumaines, je ne pouvais m'empêcher de voir - dans une sorte de surimpression mentale - des images de "campo" et d'autres de "lidia" (3 à 5 ans de vie pour un combat dans l'honneur)!... Et puis, au moment de la séquence portant sur la "chaîne d'abattage", je me suis souvenu de mon grand-oncle qui - dans les années 60 - élevait encore quelques poules et prenait grand soin, lorsqu'il les tuait de son couteau, d'en bien recueillir la "sanquette" - ensuite dûment aillée et persillée avant cuisson... J'étais enfant alors, et ne réalisais pas encore combien il y avait d'humanité dans ses gestes, parce qu'il les investissait d'une part de lui-même, de cette part de soi - si humble fut-elle - qui, faisant lien, fait tout l'humain de l'Homme!...
Au-delà, comment dès lors ne pas sentir le poids d'inhumanité que recouvre par exemple le remplacement si moderne (!) du mot "berger" par "gestionnaire de troupeau"...
Le jour où les "mayorales" seront devenus eux aussi des "gestionnaires de troupeaux", il y a fort à parier que nous n'aurons plus rien à faire autour d'un "ruedo"...

Bien à toi - Bernard

El Mijano a dit…

Bravo pour ce texte, pour ce qu'il signifie: il nous renvoye à notre enfance, à notre histoire, à nos souvenirs ,à ce que nous restons, ou que nous tentons de rester,- du moins pour certains d'entre nous-: humbles, humains.
Et aficionados de verdad, contre vents des réformes et marées des évolutions

bruno a dit…

Belle reflexion!!!!!!!!!!!!!!
hors des sentiers battus et que Simon le tayloriste et affairiste nous foute pas le stakanovisme dans le ruedo.
Merci à toi ,merci aux toros et basta à Francis Lalanne le friend de chicken ketchup ....avec deux doigts de cocaine !!!!!!!!!!!!!!