Il semblait qu'à la faveur des corridas-concours de Saragosse et de Saint Sébastien le tercio de pique avait retrouvé dernièrement un peu de sa superbe. Hélas, cette feria marque en ce domaine un net recul. Sans doute par incapacité des matadors et des picadors, mais aussi, certainement, par volonté délibérée de la gent taurine de ne pas accorder plus d'importance qu'il ne faut (à leurs yeux) au toro. Ce sera le seul point noir d'une feria irréprochable au niveau de la présentation et durant laquelle les bons toros furent nombreux.
La novillada
Les novillos de PEREZ DE LA CONCHA ont un physique destartalado assez éloigné des critères santacolomeños. Au cheval ils cognent dur en faisant sonner les étriers, puis à la muleta, ils gardent la tête haute et mobile. Ils reçurent une vingtaine de piques traseras qui contribuèrent à aggraver leurs défauts. Il eut été intéressant,en revanche, de voir l'effet que des piques données dans le morillo auraient pu avoir. Seul point positif pour ce lot, la solidité.
Antonio Joao FERREIRA, dut faire face à un sorteo compliqué. Son premier novillo était un criminel qui lui fonça droit dessus et l'envoya dans les airs dès la première passe de muleta. Le protégé de Richard Milian fut mis en difficulté, ce qui est normal, mais il n'a pas fait preuve en la circonstance des qualités morales qui ont permis à son mentor de faire la carrière honorable que l'on sait. Bravo à David Romero pour ses deux paires de banderilles.
EL SANTO tomba, lui, sur les deux novillos les plus toréables de la matinée. Il ne put leur donner une passe sans bouger les pieds.
Marco LEAL se montra volontaire et vaillant, comme un novillero doit être.
La corrida-concours
Je ne sais en quelle langue les organisateurs vicois ont expliqué aux toreros de ce jour qu'il s'agissait d'une corrida-concours mais sans doute l'an prochain faudra-t-il le faire en ouzbek... à moins de mettre au cartel des toreros qui possèdent les capacités et la volonté nécessaires pour lidier ce genre de corrida. Moindre mal que le toro de La Quinta ait été bien compris par Luis Bolivar et bien piqué par Ismael Halcon. Mais ce ne fut qu'un feu de paille car les cinq autres bons toros (que lujo!) ne furent à aucun moment mis en valeur comme cela aurait dû être le cas. Una pena...
Le représentant de MIURA est un colorado typique de la casa. Il s'élance sans se faire prier à quatre reprises vers le picador mais de trop près car sans réelle mise en suerte. Il s'emploie peu sous les piques. A la muleta il fait preuve d'une noblesse un peu fade. (palmas à l'arrastre)
Huracan de LA QUINTA est un cárdeno cinqueño très volumineux. Il prend quatre piques en partant franchement et en poussant fixement puis il montre une belle noblesse sur les deux cornes. Un toro comme en rêvent les aficionados et les bons toreros. (vuelta al ruedo)
Le pupille de PRIETO DE LA CAL est un jabonero musculeux qui fait une sortie tonitruante. Il sera piqué trois fois sans jamais avoir été fixé. Il montrera ensuite une noblesse un peu fade mais qui se maintiendra durant la longue faena de Serranito, lequel ne parviendra pas à lier deux muletazos. (palmas)
Le VICTORINO MARTIN prend trois piques sans fixité (l'absence de lidia de Javier Valverde n'aide pas). Il se met à faire l'avion comme les victorinos savent parfois le faire dans la muleta peu inspirée du salmantin. (ovation)
Avec sa peau fine et son poil luisant, Ballena de FIDEL SAN ROMAN représente parfaitement l'encaste Villamarta (par Señores Guardiola Dominguez). Mal lidié, il prend trois piques sévères sans être réellement mis en valeur puis fait preuve d'une noblesse très encastée que Bolivar aura du mal à canaliser. (ovation)
Malgré sa bravoure qui s'exprima dans trois piques en poussant fort, le toro de CHARRO DE LLEN ne put réellement concourir car il était handicapé par un léger problème locomoteur. (silence)
Le toro de La Quinta fut réellement supérieur mais dans des circonstances plus favorables d'autres toros de cette matinée auraient pu faire également de dignes vainqueurs. Personnellement, j'ai bien aimé le Fidel San Roman qui rappelait la bonne caste des Guardiola Fantoni de la meilleure époque.
2 commentaires:
un avis, que j'ai toujours partagé, c'est le mien , et que j'ai forgé après quelques années d'opiniâtres observations :
le ruedo vicois n'est-il pas de circonférence trop réduite pour véritablement : et juger des taureaux, et permettre au toreros des mises en suerte digne d'une concours ,et de doser et placer des "lances" de 1° tiers dans certaines règles de l'art ?
en tout cas il nous tarde les 6 la quinta que madeleine tient au chaud.
ludo
Sans oublier ceux de Roquefort le 25 mai.
C'est vrai que l'exiguité du ruedo vicois est un handicap mais les organisateurs l'ont en partie résolu en ne faisant sortir qu'un seul piquero. (ce qui devrait etre la norme pour toutes les corridas et tous les ruedos)
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