Chez les toreros, les satisfactions furent moins nombreuses.
Étonnant Sanchez Vara, il aurait pu, en tant que chef de lidia, demander la suspension de la concours sans que personne ne s'en offusque mais, volontaire comme un débutant, plus sincère qu'en certaines occasions, il connut une tarde complète (vuelta, oreille), sachant tirer profit de la noblesse du Saltillo et de la mobilité du Veiga Teixeira. On le vit même, dans la boue, réaliser un quiebro cité depuis une chaise !
Le Colombien Juan de Castilla toréa avec sitio et aplomb, donnant le sentiment qu'il avait les moyens techniques et animiques de se faire une place dans la profession. Il coupa l'oreille du Pagès Mailhan avant de partir pour Madrid où l'attendait en soirée deux Miura. Joli coup de pub de son apoderado !
Luis Gerpe coupa l'oreille du dernier Dolores Aguirre pour un formidable coup d'épée. Celui-ci possédait une corne gauche pour faire un malheur que son matador n'exploita que partiellement ce dont on ne lui tiendra pas rigueur quand on sait le peu que ce garçon a toréé depuis son alternative.
Il faut dire un mot de Roman. Dans la catégorie des toreros malchanceux, celui-ci occupe une place privilégiée. Il a déjà subi plusieurs très graves blessures qu'il a toutes surmontées comme l'a montré son actuation magistrale à Las Ventas il y a quelques jours. On ne peut que souhaiter qu'il en soit de même pour celle-ci et lui donner rendez-vous pour une ovation de gala dans l'arène vicoise lors de la feria 2025.
Avec trois oreilles coupées, Morenito de Aranda est le grand triomphateur de la feria. Il fut un chef de lidia parfait durant toute la course et sut dominer les trois toros qu'il tua, en particulier celui qui blessa Roman dont il fallait se méfier comme de la peste; il tira parti avec maetria du formidable Saltacancelas dans une faena qui enthousiasma les gradins. Morenito est entré dans le cœur des Vicois.
Il faut maintenant en venir aux déceptions.
Une constatation (et un regret) tout d'abord : la caste s'est affinée chez Raso de Portillo, on ne voit plus les massifs et puissants novillos qui avaient mis le feu aux arènes de Parentis il y a quelques années.
Nous avons parlé des Cuadri de leur tendance de toujours à s'immobiliser et de l'espoir que représente Trastero, le premier toro du fer lidié samedi, dans la lutte contre cette immobilité qui est un combat permanent dans l'élevage. Fernando Robleño n'est jamais parvenu à dominer ses charges fougueuses mais exemptes de venin. Dommage ! Il parvint parfois, en revanche, à allonger la charge du retors quatrième.
Esau Fernandez a beaucoup toréé ces dernières années dans les arènes de troisième catégorie, il y a visiblement peu appris car il s'est montré très insuffisant dans tous les domaines à ses deux adversaires. Le public vicois le lui fit savoir.
Examinons maintenant le cas El Rafi. Tout d'abord c'est un torero d'une grande élégance ce qui est une qualité en tauromachie, mais il se trouve que cette qualité n'est pas de celles qui font partie de l'idiosyncrasie vicoise. Premier handicap. Surtout si elle n'est pas accompagnée d'un état d'esprit de combattant. Que l'on pourrait désigner en des langages divers : aller au charbon, être batailleur, se croiser, charger la suerte. Toutes choses qu'El Rafi n'a jamais vraiment faites. Deuxième handicap.
Enfin, les accidents de la course (blessure de Roman, interruption et attente d'une heure) n'étaient pas ce que peut rêver de mieux un jeune torero qui se présente à Vic pour se trouver dans les meilleures conditions. Troisième handicap.
Le résultat sera une après-midi négative pour le Nîmois qui n'a jamais vraiment su prendre la mesure des trois toros qu'il a tués dont deux au moins offraient de réelles possibilités. El Rafi à Vic : une erreur de casting comme la plaza gersoise en connait de temps en temps.
Je ne voudrais pas terminer ce petit bilan sans rappeler l'importance des cuadrillas qui contribuent lorsqu'elles font correctement leur travail à donner à la lidia toute sa saveur et toute sa vérité.. Comme chaque année, certains picadors, certaines cuadrillas ont failli alors que d'autres ont été remarquables de courage et de pundonor, en un mot d'aficion, en particulier lors de la corrida concours dans des conditions de lidia extrêmes. Mentionnons ceux qui furent les plus en vue.
Pour les picadors :
Pepe Aguado
Juan Antonio Agudo
Antonio Garcia
Pour les banderilleros :
Ignacio Martin
Raul Cervantes
José Manuel Mas
Victor del Pozo
Mathieu Guillon
João Pedro Pacheco
Francisco Javier Tornay
Marcos Prieto
Photos : cette photo de Juan de Castilla au cinquième toro est un bon témoignage sur l'état de la piste durant la concours (Laurent Bernède)
Gomez del Pilar, mal servi le jour des Cuadri, ne put que montrer ses bonnes intentions (Velonero)
4 commentaires:
Bien Pierre ! bon résumé
tu peux aussi rajouter dans ta liste lui , se lo merece
https://www.flickr.com/photos/107436810@N03/53737836317/in/album-72177720317208008/
Marcos Prieto au Pietro de la Cal
Au plaisir
laurent
Je le rajoute tout de suite.
Heureux vicois malgré la pluie. J'avais fait cette année le choix de Madrid (frisquet mais sans pluie).
J'ai été heureux pour Morenito de sa réussite et son professionnalisme; il méritera d'être doublé l'an prochain; et bien sûr empathique envers Roman qui semblait revenir à un bon niveau.
Enfin j'ai un point commun avec vous : j'ai vu aussi Juan de Castilla à Madrid dimanche après-midi, et il a emporté l'adhésion de tout le public, y compris du tendido 7. A suivre de près.
Beñat
D'autant qu'a cinq heures le lendemain il etait au taf.
Il a la foi ,il a envie... pas de raison que ca ne finisse pas par sourire!
C'est vrai que c'est dommage pour roman revenu à un bon niveau.peut etre que la convalescence ne durera pas trop longtemps.
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