Que, malgré un temps continuellement frais et pluvieux, tous les spectacles prévus aient pu avoir lieu constitue la première réussite de la feria. Ce fut un petit miracle pour la corrida concours du dimanche matin donnée sous une pluie continuelle. L'autre réussite réside dans l'excellente présentation de tous les toros et dans l'intérêt que quasiment tous présentèrent au cours de leur lidia. Le point noir fut bien sûr la terrible cornada de Roman le lundi. Ce type d'accident est certes inhérent à la fiesta brava mais la vision du matador valencien suspendu d'interminables secondes à la corne de Segoviano comme à un crochet hantera le souvenir de tous les spectateurs du jour.
Nous ferons un bilan de cette feria en deux parties : les satisfactions d'une part, les échecs et déceptions d'autre part.
Petite mais bien faite, très typée santacoloma, la novillada de Raso de Portillo a été brave et noble. Elle aurait dû retourner au desolladero avec quelques oreilles en moins, ce qui, et c'est fort dommage, n'a pas été le cas.
Les toros de Cuadri, tous de trapío imposant, auraient pu sortir sans problème à Madrid. Le premier autorisa tous les espoirs car il conserva jusqu'à la fin une mobilité et une vivacité remarquables. Ah ! si chaque lot de Cuadri pouvait compter quelques exemplaires de la sorte ... la ganaderia retrouverait facilement sa place au premier plan. Ce fut hélas le seul de la tarde à montrer cette volonté permanente d'en découdre que l'on pourrait appeler bravoure, les autres, à l'habitude : tardos, aplomados, de charge limitée.
Dimanche matin, heureusement, les toros de la corrida concours eurent tous de l'intérêt à l'exception du Palha, ce qui permit au public d'aguanter trois heures de course sous la pluie. Passons-les brièvement en revue.
Le Saltillo, magnifique, brave et d'une noblesse pastueña.
La seule qualité du Palha était son aspect physique impressionnant, mais décasté, se dégonflant.
Le Prieto de la Cal, classique jabonero, bravito, noblote, de caste limitée.
Le Veiga Teixeira, très beau negro, très mobile mais manquant de fond.
Le La Corte fut celui qui poussa le mieux, con los riñones, aux trois premières piques. De manière surprenante, il rua au contact du fer à la quatrième. La bravoure reste un mystère ...
Sans être supérieur, Ranchero II de Pagès Mailhan (sorti cinquième pour cause de décollage d'avion) remporta le prix car il se montra le plus complet du concours. Une consécration pour les ganaderos camargais.
Nous aimons les mansos con casta y poder de chez Dolores Aguirre mais la surprise du jour fut la présence dans le lot de deux toros braves et nobles : Carafea, le quatrième et Perdigon, le sixième. Ce dernier, magnifique castaño, garda,après quatre piques venant de loin, un bon recorrido au dernier tiers et possédait une excellente corne gauche. Il fut justement honoré d'une vuelta al ruedo et le mayoral fut appelé à saluer à l'issue de la course.
Lundi, enfin, corrida santacolomeña de Los Maños. Tous les toros furent d'une grande mobilité avec un fond de mansedumbre qui les faisait s'ouvrir vers les barrières. Le quatrième, Saltacancelas, fit preuve, comme son frère du même nom vainqueur de la corrida concours en 2016, d'une bravoure remarquable à la pique, il eut ensuite une longue charge au troisième tiers. La vuelta al ruedo était justifiée mais il y avait eu auparavant une pétition d'indulto par quelques mauvais plaisants - il y en a à Vic ! - d'autant plus incongrue que le toro avait lui aussi montré son attirance pour les barrières.
Pour en finir avec les points positifs de cette feria concernant le bétail on soulignera que tous les toros étaient magnifiquement présentés et que quasiment tous étaient suffisamment costauds pour supporter trois ou quatre piques. À ce sujet notons toutefois que toutes les piques ne se justifiaient pas. Il faut prendre garde à ne pas reproduire durant le premier tiers ce que l'on reproche au troisième : une longueur excessive qui finit par lasser le public.
(à suivre ...)
photos : un cuadri typique, le 2 Agorero (Velonero)
Ranchero II de Pagès Mailhan, vainqueur du concours (Laurent Bernède)
Carafea, un brave Dolores Aguirre (Laurent Bernède)
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