La sortie des toros et leur apparition en piste est un des moments les plus spectaculaires de la corrida. Je me souviens de la réaction, il y a quelques années, d'un couple installé à mes côtés qui voyait sa première corrida. A chaque sortie ils poussaient des cris d'exclamation, visiblement très émus par la puissance et la sauvagerie qui émanait de chaque animal. Il y avait dans le regard de ces néophytes une fraîcheur que nous aficionados avons peut-être parfois perdue.
Les novillos de La Quinta ont tous eu une sortie pleine de vivacité que l'objectif de Laurent Bernède excelle à fixer. Il n'est pas rare que, après un ou deux tours de piste, ces si fiers animaux se dégonflent comme ballons de baudruche. Manque de caste ou, on le sait bien aujourd'hui, alimentation inappropriée. Ce ne fut pas le cas des novillos de ce jour dont l'élan initial se maintint jusqu'au bout et se transforma même en résistance pour certains malgré les coups d'épée reçus.
Sans démériter totalement, leur combat face à la cavalerie (13 piques) fut davantage sujet à caution. Beaucoup de poussées sur une seule corne, beaucoup d'étriers qui sonnent et une réticence à s'engager dans un second voire troisième assaut.
Muleta en main, Yon Lamothe s'est efforcé d'atténuer les problèmes (ou les facilités) que pourrait lui valoir sa grande taille. Il évite de plier son grand corps, de citer avec le pico, de toréer despegado. Il essaie au contraire de toréer avec la panza de la muleta et de faire passer le novillo près de son corps. Le tout avec des qualités de temple et une grande fluidité dans les changements de main.
Cette photo du bajonazo à son second adversaire me paraît très pédagogique. Au lieu de croiser pour détourner le coup de tête vers sa droite, le jeune Landais a jeté sa muleta sur la tête du toro et l'a aveuglé. Il semble être parti droit mais a eu une grosse réticence à s'engager, restant à grande distance du toro, sur la face, le coup d'épée résultant - il ne pouvait en être autrement - très bas.
Voilà du travail en perspective pour le novillero s'il veut franchir un palier dans la profession.
Belle naturelle de Diego Garcia qui a laissé une bonne impression par sa présence en piste et sa capacité à s'imposer à deux toros qui chargeaient fort.
Victor Hernandez, au toreo classique mais froid, a connu une après-midi discrète. Excusable devant son premier qui gardait la tête haute, comme on peut le voir sur la photo, mais on était en droit d'attendre de sa part un travail plus abouti au quatrième, un novillo dont le seul problème était l'armure ouverte et aiguisée comme un crayon à papier.
Photographies : Laurent Bernède
1 commentaire:
D'après les échos, la novillada de Roquefort a fait une bonne entrée et nous ne pouvons que nous en féliciter.
Plus inquiétant est ce qui se passe actuellement à Bilbao ou les tendidos sont déserts. On pouvait croire à l'accident pour les Dolores, mais la première course de "figuras" hier a obtenu un résultat quasi identique, malgré l'arrivée dans la ville de l'étape de La Vuelta cycliste, ce qui aurait du logiquement ramener du monde dans les arènes. Il sera intéressant d'observer ce qui va se passer dans les prochains jours avec des cartels de "No hay billetes". Si jamais, ceux-ci ne devaient pas remplir, il faudra sérieusement s'inquiéter.
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