dimanche 20 juin 2021

Partido de Resina en Cuellar

 

   Par la grâce de la télévision j'ai passé un samedi très européen.
   
   D'abord à Budapest où les footballeurs français durent lidier les assauts de la furia hongroise. S'il s'en tirèrent finalement sans dommage majeur, j'eus la très nette impression que nos artistes du ballon rond auraient été bien plus à l'aise face à une équipe de type domecq que face au piquant plein de caste du onze hongrois. Mais si j'aborde ici ce sujet inhabituel c'est pour évoquer ce qui m'a paru essentiel en cette caniculaire après-midi d'Europe centrale : un stade débordant d'un public aussi chaud que des mozos navarrais un jour de San Fermin et cela sans bien sûr un seul masque à l'horizon ! J'ai cru être victime d'une faille temporelle : un retour dans le passé ? une projection dans l'avenir ? ... et je me suis posé bien des questions. Les descendants des Huns ont-ils la couenne plus dure que les autres ou bien nous prendrait-on, ici, pour des gogos ?
 
   Malgré tout l'époque est formidable puisqu'à 18h 30 je me suis retrouvé à Cuellar, province de Ségovie, Espagne, d'où Télémadrid avait la bonne idée de retransmettre la corrida de Partido de Resina. Je ne saurais résister au plaisir d'admirer six Pablo Romero fouler le sable d'une arène lorsque l'occasion se présente. Ce sable, ils le foulèrent avec leur élégance et leur beauté de toujours (on exceptera le 3 à l'armure semblant préparée pour le rejoneo). À l'attrait de leur trapío, les gallardos ajoutèrent une activité en piste toujours digne d'intérêt. Voilà des toros qui nous tiennent éloignés du comportement standardisé de leurs cousins de la famille domecq que l'on voit désormais partout et qui sortent des chiqueros sans même avoir l'idée de donner de la corne, comme déjà prêts à être toréés. C'était loin d'être le cas des Partido de Resina qui semblaient posséder la même énergie délicate à gérer dont les footballeurs hongrois venaient de faire preuve quelques heures plus tôt. Des combattants !
   Tous allèrent à la pique de loin et sans se faire prier mais insistèrent peu sous le châtiment (13 rencontres). Les deux premiers permettaient le toreo artistique. Trois d'entre eux (les 3, 4 et 6) nécessitaient lidia adéquate et torero vaillant et poderoso qu'ils n'eurent pas. Enfin le 5 bis, remplaçant un frère handicapé, receloso et sans une passe, de aliño y a matar.
   Javier Castaño (rioja et or) possède toujours l'avantage d'une cuadrilla trois étoiles (très bon tercio de piques d'Alberto Sandoval au 1). On l'ovationna à son premier pour quelques bons passages à droite. Il commit l'erreur de stopper le tercio de pique après une seule rencontre au 4 et se trouva en permanence à la merci du bicho qui avait pris le dessus dès le début de la faena.
   Morenito de Aranda (noir et blanc) put montrer toute sa toreria face au 2 qu'il toréa remarquablement avec tout l'art dont il est capable mais qu'il tua mal (deux pinchazos et une entière caida). A la mort du 5 bis, l'image de mon téléviseur sembla se teinter de nuances sépias lorsque Morenito se profilait entouré de ses trois banderilleros, prêts à intervenir, comme dans certaines images de la tauromachie d'antan.
   Quant à Gomez del Pilar (vert et or), déception du jour, il parut absent toute l'après-midi.



2 commentaires:

Frédéric a dit…

Et oui, le masque va peut être enfin repartir là d'ou il n'aurait jamais du sortir à savoir le bûcher. Dans un autre domaine, le Madison Square Garden de New York accueillait hier soir 20 000 personnes non masquées pour s'éclater sur le rock du groupe Foo Fighters. En France, malgré sa levée en extérieur, nous voyons toujours le spectacle affligeant de ces gens marchant dans la rue avec la muselière remontée jusqu'aux yeux. Misère !

Pour les Partido de Resina, ta resena est une excellente nouvelle pour tous les aficionados. Ma dernière corrida avec eux date d'une quinzaine d'années à Vitoria et le moins que l'on puisse dire est que s'ils étaient superbement présentés, leur comportement dans le ruedo avait été fort décevant.

christian a dit…

J'avais lu que gomez del pilar etait aux abonnés absents ce samedi.
J'en suis déçu et peu surpris car je le soupçonne d'etre peu maître de ses émotions malgré une vaillance à toute épreuve.