Voilà une feria qui avait tous les atouts pour être une grande feria. Des toros magnifiquement présentés, d'excellente origine, majoritairement braves et encastés. Mais patatras! un grain de sable est venu se glisser entre les sabots de ces toros. Un malaise s'installe et chaque corrida, bien que comportant des moments de grand intérêt, se termine avec un sentiment de frustration et d'inaboutissement. Mais venons en aux faits. Samedi, deux Baltasar Iban, dont l'excellent sixième, perdent leur sabot. Dimanche, les deuxième et troisième Valdellan finissent gravement handicapés, pied en sang; le sixième est changé préventivement. Lundi, enfin, le quatrième et meilleur Victorino de l'après-midi, se lésionne durant le tercio de banderilles, perd un sabot et contraint Manuel Escribano à abréger. Si l'on ajoute à cela les problèmes qu'avaient connus les novillos d'Hoyo de la Gitana en septembre dernier (les organisateurs avaient été obligés de les remplacer à la dernière minute en raison de l'état de leurs sabots à la suite de leur séjour dans les corrals vicois) et si l'on prend en compte le fait que les toros de la corrida-concours - qui n'ont pas eu de problèmes de ce type - ont attendu, eux, dans les corrals de la plaza voisine d'Eauze, point n'est besoin d'être Sherlock Holmes pour en conclure qu'il y a un grave souci avec les corrals des arènes de Vic. A ce stade, la seule chose que l'on puisse souhaiter c'est que les hommes de l'art (les vétérinaires en l'occurrence) puissent identifier le problème et permettre de le résoudre. Et que l'an prochain il ne soit plus qu'un mauvais souvenir.
Baltasar Iban
Très bien présentés, très armés, les Baltasar Iban ont été très intéressants au cheval (15 piques). Ensuite ils sont inexorablement allés a menos, mais Peletero, le 6, malgré son handicap, partait au moindre toque et avait une charge longue. Una pena!
La corrida-concours
Manuel QUINTAS : Le berrendo de lointaine et éventuelle ascendance Jijon a de l'allure et veut du cheval. Mais il devient parado après la première pique. Pitos
Los MAÑOS : Salta Cancela, beau santacoloma cárdeno sera le héros du jour grâce à un tercio de pique d'anthologie. Quatre piques, la dernière donnée avec la pique de tienta, dont deux depuis l'opposé de la piste, en poussant chaque fois avec une obstination telle qu'il était difficile de lui faire quitter le cheval. Très noble sur la corne droite, plus retors à gauche, il accusa le coup en fin de combat ce qui le conduisit à rechercher l'appui des planches. Vuelta al ruedo et prix au meilleur toro (prix au meilleur piquero pour Gabin Rehabi)
HOYO de la GITANA : Noticiero est un santacoloma puissant qui animera un tercio de pique accidenté. Il se montre tardo mais violent en quatre assauts pour deux chutes (très bien Nicolas Bertoli). Il gardera le même comportement au troisième tiers, offrant des charges soutenues lorsque l'on pénétrait sur ses terres, ce qu'hésita à faire Thomas Dufau.
PEDRES : Encore un bon toro avec Macareno, imposant colorado de Pedres. Il est piqué à quatre reprises, mais s'il vient avec alegria, il ne s'emploie pas sous le fer. Puis il révèle une grande noblesse à la muleta. Un toro de deux oreilles ... avec lesquelles il repartira.
FLOR de JARA : Petit mais bien fait, le cinqueño de Flor de Jara est discret en trois piques (mal données) puis noble mais soso à la muleta.
PEDRAZA de YELTES : Potrico déçoit à la pique car il est très long à s'élancer par trois fois. Il possède en revanche une belle charge à la muleta.
Valdellán
Lot bien présenté et bien armé. Avec de la puissance, en témoigne la vingtaine de piques prises. Il paraît que les matadors ne se précipitent pas pour montrer leur face aux Valdellán. J'ai pourtant vu ce jour trois toros d'une grande noblesse. Le premier, brave de surcroît, un des meilleurs toro de la feria. Le second, moins engagé au cheval, mais très mobile et très noble. Il perdit hélas un sabot et Venegas qui avait vu tout le parti qu'on pouvait en tirer, dut se résoudre avec regret à abréger. Le cinquième, enfin, un manso qui ne se lassait pas de suivre la muleta du même Venegas.
Une certaine psychose (justifiée par la succession de deux toros perdant leur sabot) s'étant emparé des tendidos, on renvoya, peut-être prématurément, le sixième. Son remplaçant, du même élevage, avait un petit air de Barcial. C'était un manso puissant et dangereux. Ni le tercio de piques, ni la cuadrilla lors du second tiers, ni César Valencia par la suite ne parvinrent à le fixer. Violemment pris, ce dernier reçut une grave blessure.
Victorino Martin
Cobradiezmos : 0, alimañas : 5, sans sabot : 1
C'est le résultat du jour en ce qui concerne la corrida de Victorino. Ceux qui étaient venus alléchés par le tintouin fait autour de Cobradiezmos depuis la toute récente feria de Séville, en furent pour leurs frais.
Corrida cinqueña, sérieuse, encastée, intéressante, mais sin brillo. 17 piques, puis à la muleta, des charges courtes, des têtes qui se baissent mais pour mieux chercher les chevilles des toreros (tobilleros). Pour comble de malheur, le meilleur d'entre eux, Bochornoso, sorti en quatrième position, fut le sans sabot du jour; auparavant Paco Ureña, par excès de confiance, s'était fait blesser par le second. Il gagna l'infirmerie après l'avoir tué mais n'en revint pas.
Malgré le bon niveau de chaque lot, un sentiment d'inachevé, chaque jour, gagna les spectateurs. Essentiellement en raison du problème récurrent de sabot. Que le public soit informé des suites de l'affaire, et que tout soit rentré dans l'ordre pour la novillada de Dolores Aguirre qui sera donnée en septembre, c'est, je pense, le souhait de tous les aficionados.
Vic : les corrals de toutes les suspicions, ici le lot de Valdellán
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