La tauromachie a toujours eu à combattre nombre d'ennemis. Ceux d'aujourd'hui ont de l'argent, qu'ils distribuent largement (il serait intéressant de savoir qui reçoit et combien). Ils bénéficient de la puissance de feu d'internet dont ils usent avec une maestria consommée pour s'organiser, pour relayer leurs peinturlurages, pour faire croire qu'ils sont des milliers quand ils ne sont que quelques dizaines d'activistes haineux.Ils ont surtout un incroyable mépris pour l'humain dont la marque la plus malsaine est la joie dont ils font preuve dès qu'un torero se fait blesser ou tuer.
Eugenio Noel était fait d'un autre bois. Un ennemi à l'ancienne. Son arme : les mots. Pendant des années, au début du XXè siècle, à la manière d'un don quichotte, il va parcourir inlassablement la piel de toro et, de conférence en conférence, prêcher la bonne parole. A savoir que la corrida, et le flamenquisme en général, sont la cause des échecs de l'Espagne, du déclin de sa puissance (dont témoigne alors la perte récente des colonies), de son incapacité à devenir un pays moderne intégré à l'Europe. Il multiplie également les écrits : articles, pamphlets, essais, nouvelles, romans.
Parmi toute cette littérature, les nouvelles regroupées sous le titre Les toros du désespoir (Las Capeas en espagnol) qui ont paru originellement en 1915 à Madrid sont aujourd'hui encore d'une lecture tout à fait passionnante pour l'aficionado. Car Eugenio Noel connait parfaitement ce dont il parle : le mélange de grandeur et de sordide des courses de village, la ferveur des foules ou leur grossièreté, le pathétique des toreros ratés. On trouve tout cela dans Les toros du désespoir, et derrière la dureté des attaques on perçoit la tendresse de l'auteur pour ce monde rude des courses de sol, moscas y aguardiente qui met si bien en évidence le courage (inutile) et l'espérance (vaine) de ses compatriotes, ses frères d'infortune.
Eugenio Noel, Les toros du désespoir, avant-propos de Marc Thorel, UBTF, 2002
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l'UBTF
1 commentaire:
excellent livre lu il y a quelques années, plein d'humour où l'on sent à travers la prose d'un anti toute l'admiration inavouée qu'il porte pourtant à la chose...
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