lundi 22 juillet 2013

Madeleine 2013 (1)

Corrida de Fuente Ymbro : une leçon pour tous

   Le toreo classique, sincère, pur d'Ivan Fandiño a constitué en cette première corrida de la feria de Mont de Marsan une leçon de ce qu'est le bien toréer. Un torero qui rentre dans le terrain du toro, qui temple les embestidas à la perfection, qui est capable de lier les passes entre elles et qui rajoute à toutes ces vertus celle de toréer avec sentiment et entrega se situe au sommet de l'art taurin. Le public, entièrement conquis, l'a bien perçu et lui a fait un triomphe clamoroso.
   Si cette manière de toréer constituait une belle leçon pour le public, la leçon a aussi valu pour ses collègues d'un jour. Car il ne leur a vraisemblablement pas échappé que, comparé à celui de Fandiño, leur toreo laisse apparaître les grosses ficelles sur lesquelles il est construit : usage abusif du pico, positionnement fuera de cacho, excès des passes culerinas.
  On ne doute pas que leur lucidité leur fera tirer les leçons de l'aventure. A savoir :
- qu'il convient désormais de revenir aux fondamentaux et de toréer avec plus de sincérité
- qu'il convient d'éluder le plus possible les confrontations avec le blanc-bec basque.

Le lot de Fuente Ymbro n'a pas atteint le niveau de celui - il est vrai exceptionnel - de l'an dernier. Moins fort et moins brave, sans toro complet. Corrida malgré tout sérieuse et intéressante, avec la noblesse caractéristique de l'encaste domecq, et, parfois, l'étincelle de caste particulière aux fuenteymbros.


Corrida de Nuñez del Cuvillo : que penser de tels toros?

   Au physique : petitouns, mais fins d'armure.
   Leur comportement à la cape est tout un programme : ils vont et viennent dans le leurre d'une manière si dénuée d'agressivité que le public reste de marbre.
  Ils sont attirés par les chevaux qu'ils repèrent dès leur sortie et chargent sans se faire prier (12 piques) - un bon point pour eux - avec la limite que leur impose leurs moyens physiques réduits.
   A la muleta le cinquième fait preuve d'une noblesse sans la moindre scorie sur les deux cornes, d'autres sont handicapés par leur faiblesse de patte (1, 2 et 3), l'un enfin, le joli jabonero sorti quatrième est un impertinent : il fuit la muleta que lui présente le matador. C'est (bien sûr) par lui que viendra le moment le plus intéressant de l'après-midi.
   On le voit, un lot parfaitement calibré pour une prise de risque minimale : ce que veulent les figuras sans ambition.
   Il est juste toutefois de noter que c'est au moment de la mort que leur caste, jusque là bien cachée, resurgit. Plusieurs ont poursuivi le matador après l'estocade et ont résisté debout jusqu'à leur dernier souffle.
   Le paradoxe de ces toros, le revers d'une médaille par trop polie, c'est que, face à eux,  pour intéresser le public, les toreros doivent être doués de capacités exceptionnelles. Or ils sont très peu nombreux ceux qui ont ces capacités-là...
   Aujourd'hui, Enrique Ponce ne dut son salut qu'à l'effronté quatrième face auquel il donna, en vieux maître qu'il est devenu, sa leçon annuelle au public montois.
   José Maria Manzanares et Daniel Luque, moitié zombies, moitié toreritos passèrent sans peine ni gloire.
   De l'actuation de Mazanares fils émergent deux ou trois enchaînements de sa marque et un récibir réussi. C'est peu si l'on considère que le cinquième offrait ses deux oreilles sur un plateau.
   Quant à Daniel Luque, où est donc passé le jeune torero plein de salero andalou de ses débuts?



Aucun commentaire: