Ruiz Miguel, Victor Mendes, El Fundi.
Le cartel de la despedida arlésienne du Fundi avait tout l'air d'un OVNI traversant le ciel de la planète taurine. Il faisait figure d'habile montage destiné à parer la mise à l'écart (justifiée) des vedettes pour cause de prétentions excessives. Bien sûr l'âge des participants (63 ans pour Ruiz Miguel et 53 pour Mendes) et l'éventuel manque de sérieux du bétail pouvaient faire craindre une tarde tournant au grotesque. Pourtant, l'annonce de ce cartel avait avant tout constitué, pour moi, un véritable bain de jouvence : l'impression d'être revenu, par le coup de baguette magique d'une fée taurine, un quart de siècle en arrière!
RUIZ MIGUEL, d'entrée, dissipa tous les doutes. Sans un atome de graisse, débordant d'énergie, sautant la barrière comme un jeune homme, il illumina l'après-midi par son enthousiasme et sa toreria. Toreria car il toréa avec une sincérité, un naturel, une pureté qui constituèrent une leçon de bien toréer à l'usage des jeunes générations. On retrouva aussi le Ruiz Miguel cabochard qui houspille sa cuadrilla (pourtant remarquable) et cabotin qui aime et suscite les applaudissements. Ce qu'on ne vit pas, en revanche, et il est bon de le préciser pour ceux, nombreux, qui le découvraient ce jour, c'est le belluaire aux nerfs d'acier, capable de réduire et de dominer les toros les plus âpres. Il profita, en effet, d'un sorteo particulièrement favorable. Un premier toro très bien présenté mais très noble et faible de pattes, puis un petit toro de réserve d'Antonio Palla, vif et noble mais qui, par manque de fond comme ses frères cadets du matin, baissa de pied après les deux premières séries. On ne saura donc jamais si, face aux 2, 5 ou 6, toros très sérieux, con casta y poder, on aurait retrouvé le Ruiz Miguel de légende, celui qui nous a tant fait vibrer il y a de cela plus de vingt-cinq ans.
Malgré sa bonne volonté, face à deux toros qui excédaient largement ses possibilités actuelles, Victor MENDES n'a pas pu.
EL FUNDI, dans un jour noir, ne dut qu' à l'émotion légitime suscitée par sa despedida de recevoir des applaudissements. Mais la tauromachie a ses mystères, le lendemain il coupait une oreille à Madrid, plaza avec laquelle il a toujours entretenu des relations difficiles...
Respectueux d'eux-mêmes, de leur passé, du public, Ruiz Miguel, Victor Mendes et El Fundi sont venus à Arles avec la corrida la mieux présentée et la plus encastée de la feria. Six toros con trapío, majoritairement castaños, envoyés par le conde de MAYALDE, et dont l'origine contreras et domecq les apparente aux Baltasar Iban. Parmi eux trois toros de trois piques, gardant jusqu'à la fin du combat mobilité et volonté d'en découdre. Mayalde un élevage digne d'intérêt.
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