mardi 19 avril 2011

La dernière corrida de Juan Pedro Domecq

Si la corrida anodine et ennuyeuse donnée le dimanche 17 avril à Saragosse mérite qu'on en parle c'est en raison de l'accident tragique qui a coûté la vie à Juan Pedro Domecq. Elle restera en effet comme la dernière corrida de l'un de ses fers (en l'occurrence celui de Parladé) qu'il aura préparée et à laquelle il aura assisté. Car le lendemain, après son retour de Saragosse, le célèbre éleveur a trouvé la mort lorsque son véhicule a percuté un camion alors qu'il était à quelques kilomètres de son domicile. Tragique destin pour le ganadero passionné qui avait encore de nombreux défis à relever en particulier celui de sortir l'élevage qui porte son nom de la médiocrité dans laquelle ses conceptions controversées l'avaient laissé s'enfoncer.


Les toros du fer de Parladé courus dans le coso aragonais furent, je pense, assez révélateurs de la problématique actuelle des toros de la casa Domecq.

A savoir trois toros sans rien qui dépasse, surtout ne molester personne et ne pas réveiller les spectateurs qui font la sieste. Pour les toreros pas de triomphe possible mais pas d'échec non plus. Les figures adorent car des comme ça on peut en tuer des centaines dans la temporada sans mouiller la chemise ni salir le costume.

Mais trois autres toros (les 2, 3 et 6) avec du caractère, que l'on pourrait se risquer à appeler caste bien que Juan Pedro n'aimât point ce mot qui fait si peur aux coletudos. Des toros à qui il fallait s'imposer si l'on voulait connaître le succès. Des toros qui, en fin de compte, ont remis les toreros à leur place. Car aussi bien Morenito de Aranda que Daniel Luque, même s'ils se montrèrent désireux de bien faire et eurent quelques bons moments, ne purent et ne surent se hisser à la hauteur de leurs adversaires. L'un ne paraît pas avoir les moyens de sortir du monton, l'autre risque bien d'y retourner rapidement.


Et pour Juan Pedro Domecq une dernière vision, celle de Cupletisto, un toro qui va a mas au point de mettre en difficulté un torero médiocre, mais qui en d'autres mains aurait sans doute permis le triomphe. Peut-être le toro qu'il cherchait...




photo EFE


Sur Juan Pedro Domecq dans L'œil contraire : 1 - 2

1 commentaire:

el chulo a dit…

oui mais aussi: torodrome, déterminisme génétique, adaptation à un type de spectacle, pienso, fundas, visites touristiques des élevages (sûrement le premier dans l'exercice), business, production en gros, banalisation, figuritas, clowneries, mort de la lidia, mort de la pique, mort de la caste et de la bravoure encastée, mort de notre corrida.
au demeurant me dit t'on un homme charmant, cultivé et quasiment français.
j'en reste donc à la tristesse de mourir ainsi, sans avoir pu redéboucher le flacon des effluves domecq (parlade?) qui plaisaient tant à mon père lorsqu'elles étaient en concurrence avec les atanasio.
paix à son âme, en tous cas.