Comme il se doit, un évènement aussi considérable que la prohibition des corridas votée dernièrement par le parlement de la Catalogne espagnole a fait couler beaucoup d'encre et de salive.
Comment en est on arrivé là? à qui la faute? quelles en seront les conséquences?
Allez... voici venu le tour de l'œil contraire de poser son regard sur ce vaste sujet.
Ce qui m'a frappé de prime abord c'est combien chaque réaction est marquée par la chapelle à laquelle le locuteur appartient. C'est pourquoi deux accusations me paraissent devoir être écartées.
En premier lieu celle qui voudrait faire porter le chapeau à Zapatero, le président du gouvernement espagnol et au Parti Socialiste Catalan. Un simple calcul mathématique suffit à écarter la responsabilité des députés du PSC puisque les 6 (sur 37 députés du PSC) qui ont manqué à l'appel n'auraient pas suffi à faire pencher la balance du bon côté. Quant à Zapatero, dont on sait certes qu'il ne porte pas la tauromachie dans son cœur, il se serait bien passé de cette épine dans le pied au moment où il se débat parmi tant de problèmes qui semblent le dépasser. Et il est bien évident que ceux qui se sont empressés de le rendre responsable de la situation roulent pour le parti adverse, le Partido Popular qui se présente comme LE défenseur des traditions taurines espagnoles et est en train de tirer les marrons du feu en prévision des prochaines échéances électorales nationales. Que le PP profite de la situation ne me choque pas et me paraît même de bonne guerre mais de là à lui servir la soupe comme le fait éhontément l'Observatoire National des Cultures Taurines en reprenant dans son communiqué une citation du Partido Popular s'autoproclamant "parti de la liberté" il y a un pas que l'on ne saurait franchir si l'on se rappelle que le PP est le parti dans lequel se sont recyclés tous les anciens dirigeants franquistes.
La deuxième accusation qui me paraît sujette à caution est celle qui rend responsable de la situation les organisateurs taurins corrompus et la tauromachie édulcorée qu'ils cherchent à promouvoir. Loin de moi l'idée de penser que les organisateurs taurins sont des anges et de me satisfaire de la soft tauromachie qu'ils nous proposent trop souvent. Mais les faits sont les faits et je constate que, dans toute la géographie taurine, la meilleure façon de remplir une arène est de présenter trois vedettes devant du domecq...sauf précisément à Barcelone où, hormis lorsque torée José Tomas, on peine à remplir une moitié des gradins. Je n'ai pas non plus la naïveté de croire, bien que personnellement c'est le genre de corrida vers lequel mon aficion me porte, qu'une programmation de type Vic Fezensac ou Céret parviendrait à remplir la Monumental barcelonaise; même si, en ce qui concerne les résultats financiers, le moindre coût des toreros pourrait permettre aux organisateurs d'y trouver leur compte. Il n'y a pas si longtemps on pouvait d'ailleurs voir à Barcelone des Pablo Romero, Miura et autres Victorino Martin, on y organisa aussi des corridas-concours plutôt réussies. Pourtant l'aficion catalane s'est peu à peu réduite et le grand public a déserté les arènes. Ce qui ne s'est produit ni Dax, ni à Nîmes, ni à Vic ou l'aficion est vivace et les gens prêts à défendre leurs corridas. C'est donc bien ailleurs qu'il faut chercher les causes de cette désaffection. Étant entendu que sans elle jamais une majorité d'élus ne se serait risquée à voter l'interdiction.
Pour moi cette désaffection est le résultat d'un long travail de sape (plusieurs décennies) orchestré main dans la main par les élites nationalistes catalanes qui ont vu dans le combat antitaurin un puissant symbole antiespagnol et une minorité d'intégristes animalistes bien organisée qui a trouvé dans l'alliance avec les nationalistes un tremplin inespéré pour faire triompher ses idées. Leur combat a été remarquablement mené, avec patience et intelligence, profitant de chaque tension politique pour avancer leurs pions, avec, pour faciliter l'estocade finale, le scénario inespéré de ces derniers mois qui a vu la crispation des principaux partis politiques nationaux par rapport au statut de la Catalogne et tout récemment, le refus du tribunal constitutionnel espagnol de valider le projet de nouveau statut.
Pour mémoire dès 1988 une loi de protection des animaux interdit l'accès aux arènes des mineurs de moins de 14 ans, puis la police catalane verbalise les automobilistes garés a proximité des arènes les jours de corrida, petit à petit toutes les arènes de Catalogne espagnole ferment leurs portes, en 2005 la mairie de Barcelone déclare la ville antitaurine...
Seuls, les nationalistes catalans n'auraient jamais pu mener à bien l'ILP et les animalistes, de leur côté, seraient restés ce qu'ils sont ailleurs : des roquets qui nous mordillent les mollets.
Pour conclure sur une note optimiste je pense que la conjonction qui vient de voir la victoire des antitaurins est si exceptionnelle que je ne suis pas inquiet pour l'avenir de la corrida...A condition que les aficionados sachent défendre ce qui constitue un des plus extraordinaires spectacles que le génie humain a su créer ... et que notre société n'évolue pas vers une dictature des bien-pensants dont la Catalogne espagnole est devenue le fer de lance. Songeons qu'aujourd'hui aller voir une corrida de toros un cigare à la bouche après avoir bu une copita est quasiment un acte de rébellion!
3 commentaires:
presque d'accord sur presque tout, velonero.
le reste a peu d'importance.
je pense seulement, qu'au delà de la prise de position électoraliste des soutiens de "dede" du PP, il y a d'autres intérêts économiques sur lesquels il faudrait peut être se pencher.
je pense que la position "jacobine" du PP n'a fait qu'exciter des séparatismes. Mais selon Dede, l'inénarrable, ce sont les vrais aficionados comme lui.
Pour le reste et éviter de dire des sottises, comme le précise Picornell, il s'agit d'un processus parfaitement démocratique, où des élus se sont exprimés comme c'est leur droit et leur devoir.
On peut détester la démocratie, surtout en Espagne et singulièrement au PP qui est aussi un ramassis d'ex ou fils de phalangistes. C'est en tous cas le modèle de Dédé, de vieux Boucou, celui qui écrit plus vite qu'il ne réfléchit, lorsqu'il réfléchit, ce qui semble de plus en plus rare.
Enfin avant de vilipender le PSOE on ferait mieux de se demander comment les plazas se sont vidées en Espagne, comme si, ce spectacle ridicule ne parlait plus au peuple. Et ca, ce sont les Dédés et consorts, les célèbres "taurinos" les responsables!
Chulo,
On peut même imaginer qu'une Catalogne quasi indépendante dans un cadre fédéraliste n'aurait pas éprouvé le besoin d'interdire la corrida.
Quant au célèbre Dédé que je vois souvent mentionné sur le web c'est sans doute lui attribuer excessivement d'importance que de le rendre responsable de tous les maux.
Certes, pour le minuscule Dede.
Sauf tout de même qu'il use et abuse de son titre de "Président" de l'Omachin, que celà fait un gros effet au PP et( dans la presse de JeanPierre), et que d'aileurs, relations de Zumbielh obligent, Tierras Taurinas fut lancée avec nos fonds (impots) à l'Ambassade de France à Madrid.
Donc, si à aucun moment il n'est contesté à l'O machin de mes machins, c'est bien qu'il represente l'opinion unanime, y compris fortement politisée par ses soins, ce qui ne peut surprendre personne.
Donc en lui parlant, on leur parle.
Ce dont nous ne nous priverons jamais!
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