dimanche 17 février 2008

Philosophie de la corrida de Francis Wolff (5) -citations

"Le torero cherche à obtenir le plus d'effets possible sur son adversaire en utilisant le minimum de moyens : minimum de leurre, de temps, d'espace, de mouvements, etc. Ce pricipe d'économie -''le plus par le moins''- est le premier secret de la beauté plastique du toreo, que ce soit au niveau du geste, de la passe, de la série, ou de la faena toute entière." (p 279)


"Le toreo consiste dans le fait d'imposer une forme humaine à une matière brute et de contrarier la finalité naturelle de la charge du taureau; la rendre vaine, lui imposer la courbe contre la droite, l'ordre contre le désordre, le ralentissement contre l'accélération, etc. L'art consiste à dénaturer la charge naturelle du taureau. Mais il s'agit de le faire en beauté, si l'on peut dire, et donc de la dénaturer le plus naturellement possible... Voilà pourquoi, une fois encore, la beauté produite par le toreo a beau être parfaitement classique, ''naturelle'', elle est pourtant paradoxale, parce qu'elle est toujours menacée et à chaque instant conquise sur son contraire, qui est ici la nature même." (p 293)


"Cherchez donc en vous-même quand surgit spontanément le olé de vos entrailles : n'est-ce pas justement quand, sur fond de ce risque extrême, de cette tension absolue, surgit l'évidence du geste apparemment dénué de toute pression vitale et qui semble venu du monde apaisé de la représentation pure? N'est-ce pas ce qu'on appelle justement le geste torero - geste éthique autant qu'estéthique? Et vous, ne savez-vous pas, alors, qu'il n'y a que la corrida pour vous procurer ce plaisir unique, aussi charnel que chaste, aussi profondément physique que spirituel, aussi vital dans son fond que désintéressé dans sa forme?" (p 312 fin)

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