mercredi 22 août 2007

Grandeur et faiblesse du sang domecq

                               Trois novillos de Gallon dans les corrales roquefortois 

Je viens d'assister à deux courses avec des toros d'origine domecq. La novillada du 15 août à Roquefort avec du bétail de Gallon et, le lendemain, une corrida de Domingo Hernandez "Garcigrande" à Saint Sébastien. Deux courses qui me sont apparues assez révélatrices de ce qu'est devenu aujourd'hui cet encaste.
Tout d'abord la présentation. Magnifique le lot de novillos de Roquefort. Il est difficile de présenter un lot plus homogène, aussi harmonieux de forme, avec des armures aussi bien développées. Beau et sérieux également le lot de Saint Sébastien avec cinq toros pesant entre 500 et 515 kg ce qui correspond au juste poids de cet encaste.
Face au cheval, aucun toro fuyard, presque tous poussant avec fixité, certains, en particulier chez les Garcigrande, insistant longuement dans leur poussée contre le cheval et difficiles à sortir de la pique. Des toros qui peuvent être qualifiés de braves au cheval. Il faut noter que contrairement aux Gallon, les Garcigrande bénéficièrent d'excellentes mises en suerte par les maestros (Finito de Córdoba, José Tomas, El Cid).
Enfin à la muleta, presque tous firent preuve d'une grande fixité, tous combattirent au centre sans réticence, certains avec une charge longue, en particulier les 3, 5 et 6 de D. Hernandez et sans jamais rajarse.
Jusqu'à présent nous sommes dans l'excellence mais, car il y a un mais, pour tous, une faiblesse latente ou manifeste. Des toros qui manquent de poder: aucune chute de cavalerie à signaler. Des picadors qui lèvent la pique très vite (Saint Sébastien) ou des tercios écourtés (Roquefort, 9 piques). Un invalide total (le premier D. Hernandez). D'autres dont la caste ne peut s'exprimer totalement, le sixième de l'arène basque, cité plein centre par le Cid en début de faena accourt magnifiquement mais s'affale au troisième derechazo. La plupart qu'il faut cuidar ce qui ôte beaucoup d'émotion au spectacle.
Il a donc manqué une chispa de poder aux novillos de Roquefort pour être un grand lot; je pense que les frères Gallon en sont conscients et qu'ils vont chercher à y remédier. S'ils y parviennent, ils pourraient devenir un élevage de tout premier ordre. Si l'on se fie aux bons résultats obtenus par Ricardo Gallardo avec les Fuente Ymbro, il semble que la gageure soit possible. D'autres ganaderias comme Guadaira ou Antonio Palla semblent également être sur une voie prometteuse.
Après cette rafale d'optimisme, il ne s'agit certes pas d'oublier qu'une grande partie des élevages d'origine domecq est constituée de sous-produits de la maison mère dénués de la moindre parcelle de bravoure et que ce qui intéresse le plus ces éleveurs-là, c'est de vendre en produisant des toros inodores, incolores et sans saveur.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce compte rendu fort bien construit et très bien écrit est à la mesure du sujet. J'ai assisté à cette corrida de San Sebastian mais, en simple amateur - à ne pas confondre avec aficionado - que je suis, je suis loin d'avoir saisi toutes les subtilités qu'on nous révèle ici !
ATC