Joie de retrouver les toros et leur combat après quelques mois de nécessaire abstinence. Dans les belles et confortables arènes de San Sebastian, vaste vaisseau spatial abandonné par des extraterrestres venus étudier les mœurs du peuple basque et qui, dit-on, séduits, décidèrent de rester. Manolo Chopera, toujours avisé, décida de transformer l'objet en plaza de toros. En sa mémoire, ses fils avaient monté des cartels d'un grand intérêt qui avaient attiré nombre d'aficionados français.
Le retour des buendías
L'élevage de Joaquín Buendía avait périclité pour avoir voulu suivre la mode du toro grand et destartalado. Mais on savait l'élevage en train de se reconstruire à Bucaré entre les mains de Javier Buendía. On espérait donc voir peut-être quelques bons novillos. Un lot si complet fut une grande et agréable surprise pour les aficionados. Aujourd'hui les santacolomas de Bucaré avaient retrouvé à la fois le type physique et la caste qui firent leur succès autrefois. Grande homogénéité de poids (de 460 à 475 kg), finesse de type, armures discrètes mais intactes et solides, pelage essentiellement cárdeno. Au moral, tous braves au cheval en 12 piques, une noblesse pastueña mais qui peut mettre en difficulté le torero qui manque de domination. Enfin pas de faiblesse de patte à déplorer. La vuelta de Regidor, cinquième de l'après-midi, récompensa surtout sa noblesse car il sortit bien vite de la seconde pique, mais aussi l'ensemble du lot. Il n'est pas impossible que, s'ils renouvellent de telles sorties, les buendías retrouvent leur place dans les ferias de catégorie.
Un mot sur les hommes. D'une part nous sommes en début de temporada, d'autre part les novilleros ne peuvent être jugés avec les mêmes critères que les maestros confirmés. C'est pourquoi je ne mentionnerai que ce qui m'est apparu positif dans leur actuacion de ce jour.
Daniel Luque fit preuve d'une parfaite discrétion.
Perez Mota montra une certaine élégance.
Quant à El Santo, il se révéla dominateur et concis face au troisième, puis il donna un excellent quite par chicuelina au cinquième; ses mises en suertes au cheval sont également à mettre à son crédit.
La corrida-concours
Le principe d'une corrida-concours impose d'analyser le comportement de chaque toro.
L'exemplaire de Palha est un magnifique tío castaño de 505 kg qui impose le respect par sa présence. Il remate violemment aux tablas puis se montre distrait face au piquero et tape dans le matelas en faisant sonner les étriers. Très réservé aux banderilles (il refuse à plusieurs reprises de quitter les tablas pour répondre à l'appel de Padilla) ainsi que dans la muleta. Pitos.
Le toro de Victorino Martin n'a physiquement rien à voir avec celui de l'affiche. Laid, faible, innocent, les pointes en balais, il est arrastré sous la bronca.
Juncal, un colorado de Cebada Gago manque un peu de présence physique. Il part de loin pour quatre piques, la dernière en poussant bien. Hélas, il a déjà fléchi après la première et sa faiblesse ne lui permet pas d'exprimer toute sa noblesse lors du dernier tercio. Palmas.
La ganaderia Esteban Isidro (élevage de l'empresa) a envoyé un gros patapouf de 600 kg tel que le campo charro en produit en nombre depuis quelques années. Il fait illusion en partant de loin sur les deux premières piques, mais il rompt le combat à la troisième rencontre. Il passe beaucoup de temps de sa vie publique à gratter le sable de la plaza. Silence.
Le représentant d' Alcurrucén est une estampe. Ensellé comme les toros des gravures de Goya, sans un atome de graisse malgré ses 545 kg, negro axiblanco giron, très bien armé. Il affiche d'entrée sa réserve face à la cape de Lopez Chaves. Grâce à la maestria du piquero Miguel Angel Herrero, le tercio de pique sera très intéressant. En partant de loin et en poussant par à coup lors des deux premières rencontres, le toro trompera son monde. Mais, après avoir longuement hésité, il sort en ruant des deux piques suivantes, affichant ainsi sa condition de manso. Pas une passe au dernier tiers, non pas en raison d'un excès de châtiment, mais par absence de caste. Palmas à l'arrastre.
Solterón de Fuente Ymbro, avec son armure bizca, fait craindre le desecho. Pourtant il s'engouffre avec codicia dans la cape d'Antonio Barrera. Puis, sous l'ovation, il se précipite au galop, dès le premier appel, vers le piquero. Et ce trois fois de suite. Il poursuit le banderillero jusqu'aux tablas et se montre noble sur les deux cornes au cours de la faena. Il meurt en résistant. Un très bon toro qui méritait bien le prix accordé par le jury au toro le plus brave du concours. A vrai dire, il n'eut pas de concurrent sérieux, seul le Cebada Gago avec davantage de poder aurait pu être en mesure de lui disputer la suprématie.
Malgré quelques bas, ce fut une corrida-concours intéressante durant laquelle le tercio de pique fut mené comme il se doit, ce qui a permis au public de vibrer à l'unisson des charges des toros contre la cavalerie. Tous les toreros ont joué le jeu et ont fait preuve, dans l'ensemble, d'oficio.
Prix au meilleur toro: Solterón de Fuente Ymbro.
Prix au meilleur picador: Miguel Angel Herrero de la cuadrilla de Lopez Chaves.
Prix au meilleur peon de brega: Manuel Soto de la cuadrilla de Juan José Padilla.
1 commentaire:
Victoire pour le sang domecq
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