dimanche 23 juin 2024

Corrida de La Brède 2024


 
 
   Encore une corrida donnée sous la pluie en cet arrosé début de temporada 2024. Une sorte de sirimiri a commencé à tomber à partir du troisième toro, donnant aux légères ondulations des terres de Graves des airs de coteaux basques.
   C'est toujours un plaisir de voir sortir des corrals (ici un vulgaire camion) les toros de Robert Margé. Ils sont beaux, de cette beauté que l'on nomme trapío en langage taurin, et cherchent la bagarre, cognant à tout-va et mettant parfois à mal la brinquebalante plaza portative. Si l'on peut regretter des premiers tercios discrets (9 piques), le fond de caste des Audois donna du relief à la tarde. Il y eut des toros sérieux et encastés (Malbec et Cabernet), le lot d'Uceda Leal. D'autres plus malléables (Verdot et Sémillon), le lot d'Adriano. Ceux, enfin, qui ne donnèrent pas tout ce qu'ils semblaient promettre (Beaucaillou et Merlot), le lot de Dorian Canton. Les toros, comme les cépages, ont leur personnalité.
   Mais il faut revenir sur la lidia de Sémillon, cinquième toro de l'après-midi. Une annonce au micro nous informe qu'il s'agit du toro de réserve et qu'il sortira en lieu et place du titulaire (Sauvignon), celui-ci s'étant cassé une corne dans le camion. Il s'avéra dès les passes de réception à la cape (deux farols et véroniques) que le toro était invalide du train avant. On n'avait d'autre choix que de le lidier, ce que l'on fit à l'économie durant les deux premiers tiers. Mais, contre toute attente, malgré sa réelle invalidité, le toro fit preuve au troisième tiers d'une charge longue et inépuisable, émouvant témoignage de sa grande caste.  
   Adrien Salenc "Adriano" (oreille, oreille) est à ranger dans la catégorie des toros de l'alegria, si indispensables dans nos ruedos. Son répertoire varié fut intelligemment adapté à ses deux adversaires (et en particulier dans son trasteo à Sémillon). Bonne tarde pour le Nîmois que l'on reverra avec plaisir.
   Dorian Canton se situe, lui, à l'opposé. C'est un classique qui va même parfois jusqu'à cultiver une veine tragique. Il cherche le toreo pur et parfois le trouve, en particulier sur la droite à ses deux adversaires. Sa première épée largement trasera fut suivie d'un désastre au descabello, le toro se couvrant (silence). Une entière au dernier lui valut une oreille récompensant le mérite de celui qui, malgré les points de suture de la cornada de espejo reçue la semaine dernière à Aire-sur-Adour, sut toréer avec sa sincérité habituelle.
   Uceda Leal ne connut pas une tarde de tout repos. Il affronta deux magnifiques castaños, imposants, encastés, devant lesquels il valait mieux ne pas commettre d'erreur. Malgré son professionnalisme, il fut vilainement pris par le premier. Après un pinchazo, le Madrilène fut poursuivi, renversé puis repris au sol, la corne le soulevant par la chaquetilla. La tragédie n'était pas loin. Vuelta por su cuenta, salut.
 



  
  

1 commentaire:

Frédéric a dit…

Merci de ce compte rendu fort complet et intéressant, mon cher Pierre, mais tu aurais pu éviter de te fatiguer à le rédiger. Il te suffisait juste d'écrire que la course était présidée par Alain Biec. Les aficionados du Sud Ouest auraient compris.