mercredi 8 juin 2022

Vic-Fezensac 2022 : une feria sans oreille mais non sans toro (1)

   














 
   La feria a connu une progression jusqu'à parvenir à son zénith dimanche matin lors de la corrida de Baltasar Iban avant de décliner avec des Cebada Gago décevants et de finir dans la lassitude des derniers Escolar Gil.
   Elle restera dans les mémoires comme la feria sans oreille. Les bons toros n'ont pourtant pas manqué. Ce qui nous amène à nous interroger sur les insuffisances des hommes. On peut leur reprocher leur manque de professionnalisme et d'ambition mais aussi de technique en particulier lors des mises à mort. De quoi s'inquiéter pour l'avenir. 


Les toros
 
   Les novillos de RASO de PORTILLO ont une nouvelle fois donné satisfaction par leur bravoure et leur noblesse. Le dernier, Paletista, fut honoré d'une vuelta qui récompensait l'ensemble du lot. Le bémol vient de la présentation. Si les trois derniers étaient magnifiques, les trois premiers possédaient un trapío limite et on se demande comment les organisateurs ont pu tolérer que sorte le second, un animal quasiment dépourvu de cornes. Il ressemblait en fait aux animalcules que l'on peut voir sur certaines photos et vidéos des corridas des années 50 et que toréait le célèbre Litri, récemment disparu. On a quand même bien progressé depuis !
 
   Les toros de VALDELLÁN possédaient les caractéristiques de leur origine santa coloma. Un trapío correct mais discret, une bravoure qui pouvait tourner à la complication en particulier lors des bregas dans les deux premiers tiers, mais aussi une noblesse  qui les rendait tous très toréables au dernier tiers et ce malgré le mauvais traitement reçu par les trois de Ferrera. Cerise sur le gâteau, le quatrième fit preuve d'une douceur exquise dont se régala Lopez Chaves.
 
   Venons en maintenant aux véritables triomphateurs de la feria, les toros de BALTASAR IBAN. Un lot magnifique, de grand trapío. Tous allèrent au cheval avec fougue et bravoure (18 piques, une chute). Conformément à leur habitude ils se plaignirent des banderilles. Au troisième tiers, à l'exception du cinquième qui cherchait l'homme, les cinqueños de Cristina Moratiel chargèrent avec noblesse, permettant aux toreros de construire des faenas, le quatrième offrit même une corne gauche pleine de douceur à son torero. Vuelta acclamée du mayoral Domingo Gonzalez à l'issue de la course.
 
   La corrida de CEBADA GAGO a constitué en revanche une déception. Elle a manqué de fond et de formes. Pour une corrida cinqueña on pouvait s'attendre à plus de volume et de présence physique des toros même si l'on sait que les Cebada sont des animaux d'une grande finesse. Et aucun, hélas, ne s'est grandi au combat, tous finissant éteints ou de charge brusque et réduite.
 
   Les ESCOLAR GIL déçurent également. Eux aussi âgés de cinq ans, ils étaient très bien présentés, d'un grand sérieux. Tout avait pourtant bien commencé avec deux toros nobles (qualité qui n'est pas si fréquente dans l'élevage) mais le 3 et le 6 étaient fades et sans charge. Le 4 chercha l'homme dès les premières passes de cape. Ce comportement provoqua la démission totale de Lopez Chaves, occasionnant un beau scandale comme Vic aime en vivre régulièrement. Le 5 fut difficile par manque de fixité.


Les novilleros
   
   Cristian PEREZ (silence, salut) est un novillero basto et limité techniquement. Nous ne pouvons qu'espérer que la vaillance et la sincérité dont il a fait preuve ce jour lui permettront de progresser dans le dur métier qu'il a choisi. Il réalisa au cinquième un quite réussi par saltilleras serrées.
   
   Nerveux, emporté - jusqu'à se montrer incorrect avec sa cuadrilla - Diego PESEIRO (sifflets, salut) possède un bagage très limité. Il compense par une activité qui le porte à prendre des risques inconsidérés. Face au puissant cinquième il sortit miraculeusement indemne de deux cogidas spectaculaires qui mirent acteurs et spectateurs en émoi, lors d'une réception a porta gayola d'abord, puis à la sortie d'une paire de banderilles.

   Je souhaite me tromper mais je n'ai vu aucune qualité à José ROJO (silence, silence) qui, en outre, gâcha le très bon sixième.

   Tous tuèrent de manière calamiteuse, écoutant de nombreux avis et donnant le ton d'une feria avec toros mais sans matadors.
 

 













     (à suivre)

photos Laurent Bernède 
   Provechoso, sixième Baltasar Iban
   Espantavivos, cinquième Baltasar Iban
  

1 commentaire:

Frédéric a dit…

Raso de Portillo a t'il une camada suffisante pour couvrir toutes les sollicitations dont il fait l'objet depuis sa découverte à Parentis ? La question peut être posée. En tout cas, il serait peut être bon de faire preuve d'originalité, surtout pour une novillada ou le choix de l'élevage est plus facile.
Ravi du retour en force de Baltasar Iban après quelques années difficiles. Des valdellan au résultat inégal, mais surtout le mano à mano prévu dessus n'incitait guère à l'optimisme. Quant aux Gago et les Escolar, il est difficile de reprocher aux organisateurs d'avoir fait ce choix, car ces deux élevages donnent le plus souvent satisfaction aux aficionados. Cependant, il est quand même surprenant que les Vicois ait pu embarquer un lot de Gago avec une présentation douteuse (les photos mises en ligne quelques semaines avant la féria laissaient déjà clairement apparaitre le problème). Les choix pour l'édition 2023 seront difficiles, compte tenu des contraintes financières (Vic ne faisant plus le plein depuis quelques années). Dolores, Cuadri, Pahla et d'autres élevages comme les Coimbra peuvent être des pistes à étudier si les finances le permettent.