jeudi 9 juin 2022

Vic-Fezensac 2022 : une feria sans oreille mais non sans toro (2)




Les matadors
   
   Ce n'est pas la première fois que ce que l'on pourrait appeler le syndrome de Madrid frappe à Vic-Fezensac.. C'est bien sûr le public, mais aussi les organisateurs et l'éleveur qui en ont subi les conséquences. Trois toros qui semblaient avoir de bonnes possibilités sabotés, d'abord par les cuadrillas puis par Antonio FERRERA (sifflets, sifflets, sifflets). Une peine. La solution ? Attendre de connaitre les cartels de Madrid pour finaliser ceux de Vic.

   A la suite de sa bonne prestation de samedi, LOPEZ CHAVES (salut, vuelta, silence / vuelta, division d'opinions) obtint le remplacement de Gomez del Pilar lundi face aux Escolar Gil et tua donc cinq toros au cours de cette feria. Il nous montra ses deux faces. La meilleure devant le quatrième Valdellán, un toro pastueño dont il découvrit les qualités à la cape ce qui nous valut, après l'entrée du picador,  une étonnante larga afarolada de rodilla après poursuite du toro qui s'enfuyait. Suivirent de profondes véroniques pour mettre le toro en suerte puis une faena douce, templée, liée que n'auraient pas reniée les plus hautes pointures de l'escalafon. Hélas ! un inattendu bajonazo vint ternir ce beau moment et empêcha l'octroi de tout trophée. La pire face au quatrième Escolar Gil face auquel il se montra totalement inhibé. On ne lui reprochera pas de ne pas avoir tenté une faena (encore qu'une séance de macheteo eût été adaptée à la condition du toro), ni d'en avoir terminé par un bajonazo (cette fois justifié), mais d'avoir laissé s'installer la panique lors des deux premiers tiers ce qui occasionna des troubles d'ordre public qui auraient pu avoir des conséquences graves si une des bouteilles lancées par des énergumènes irresponsables avait atteint le picador visé.

   Ruben PINAR (salut, silence) est sans doute un torero pour Albacete où il coupe chaque année un montón d'oreilles mais pas pour Vic où sa réticence à se croiser lui vaut d'être fraichement reçu par une partie du public.
 
   Javier CORTES (salut, silence) réalisa une bonne faena, engagée, au bon second iban, puis il s'arrima au difficile cinquième. Son talon d'Achille reste l'épée.
 
   Damian CASTAÑO (silence, silence) faisait sa présentation à Vic. Il fit preuve d'une aisance un peu superficielle dans deux faenas assez complètes mais il se montra tueur calamiteux, multipliant les pinchazos sans s'engager.
 
   Morenito de ARANDA (silence, salut) dans son style élégant et un peu froid tira le meilleur parti d'un lot ingrat de Cebada.

   Alberto LAMELAS (silence, silence) toréa avec calme et engagement, tentant de mettre dans sa muleta des cebadas retors et y parvenant parfois.

   A la suite de la bonne impression laissée l'an dernier lors de la novillada de Raso de Portillo, José CABRERA s'était vu proposer par les organisateurs une alternative inespérée. La vérité oblige à dire qu'il parut peu préparé pour l'évènement et sans recours tout au long de la tarde face, certes, à deux cebadas empoisonnants.

   Quelle tristesse de voir Octavio CHACÓN (silence, sifflets) sans âme, sans désir, sans sitio, lui qui, il y a déjà quelques temporadas, nous a fait vibrer par son punch et son dominio !
 
   Face à deux escolargils fades et sans charge, Sergio SERRANO (silence, silence) tenta d'utiliser les ressources du temple mais rencontra peu d'échos auprès des toros comme du public..














Les banderilleros

   Si la feria a été désastreuse en ce qui concerne les matadors elle le fut aussi de la part des cuadrillas. Dès samedi, celle de Ferrera s'est appliquée avec constance à mal lidier, mal piquer et mal banderiller ses trois toros. Il ne fallait surtout pas que leurs qualités apparaissent au yeux du public ! On ne compte plus durant la feria le nombre de toros banderillés à l'unité. Quelqu'un qui aurait découvert la corrida lundi aurait pu penser que la façon normale de poser les palitroques était une par une. Sans doute un retour à la tauromachie des origines !
   Sauvons du désastre les excellentes bregas d'Angel Otero et de Marco Galan le jour des Baltasar Iban. David Adalid fut, lors de la novillada, le seul banderillero appelé à saluer de toute la feria.
 
 
(à suivre)


photos Velonero
   les trois du lundi
   Sergio Serrano

  
  

2 commentaires:

Frédéric a dit…

Si le résultat du mano à mano Ferrera/Lopez Chaves ne laissait guère de doutes sur son issue, dès son annonce pour tout aficionado lucide, il faut noter que l'histoire de Vic avec le premier fut toujours tumultueuse et ce n'est pas l'annonce de son contrat madrilène du lendemain qui allait renforcer l'optimisme. Notons quand même, qu'il ne brilla guère à Las Ventas.
Mais à mes yeux, le problème des toreros se situe ailleurs. Nous ne possédons plus de matadors, véritables spécialistes des corridas dîtes dures depuis fort longtemps. Aujourd'hui, les jeunes à potentiel intéressant, tel Tomas Rufo passent directement, dès leur alternative, sur les chèvres toréées par les figuras. Jusqu'aux années 90, même Cesar Rincon et Enrique Ponce avaient accepté de fouler le ruedo gersois. Ou était Tomas Rufo le lundi de Pentecôte ? Je vous donne la réponse: il indultait une chèvre à Nimes. Entre un triomphe (?) à peu de frais et un combat contre des Escolar, le choix est vite fait. Triste réalité d'une époque ou le superficiel est devenu roi.
Pour en revenir à Vic, si les organisateurs envisageaient le retour d'une corrida concours, ou le plus important est de mettre le toro en valeur par une lidia parfaite, qui, d'après vous serait en mesure d'assurer cette difficile tâche ? Pas grand monde, certainement. Avant, nous avions des toreros tels que Jose Ignacio Ramos, Richard Millan et pour ce type de corridas un cartel composé de Espla, Fundi et Meca. Ne trouvez vous pas que sa composition nous offrait d'autres garanties?
L'avenir de nos corridas torista est malheureusement bien incertain. Elles sont pourtant essentielles à la tauromachie et possèdent, n'en déplaise à certains sites toreristas, un public composé de véritables aficionados. Il serait dommage de ne pas en prendre conscience.

christian a dit…

La saison bat son plein et je ne vois que des matadors,qu'ils soient guerriers ou artistes,qui doutent.
Que leur arrive t'il? Le climat taurin est il si délétère? Sentent ils venir la fin du mundillo? Du coup sont ils pris de sidération devant la vacuité de leurs actes?
Je peux l'entendre et ne peux que le déplorer.