samedi 5 décembre 2020

Bilan 2020

    Bilan 2020 avez-vous dit ? Peut-on sérieusement faire le bilan d'une temporada qui n'a pas existé ? Certes elle n'a pas été blanche comme on aurait pu le craindre à un moment, mais si réduite et si inconsistante qu'elle est la temporada la plus misérable de toute l'histoire de la tauromachie, même en prenant en considération les années de la guerre civile espagnole.
 
    Si l'on examine les courses qui ont pu être données en Espagne on constate que trois entités en sont à l'origine. D'abord un certain nombre d'organisateurs privés n'ont pas hésité à prendre des risques pour relancer l'activité taurine dès la fin du confinement. La feria d'Avila donnée dès juillet en fut le meilleur exemple. Il ne fait pas de doute que ces organisateurs, jeunes et ambitieux, ont vu là une belle opportunité pour montrer leur savoir-faire et asseoir leur notoriété avant de partir à l'assaut, demain, des plazas les plus importantes. Car du côté des grandes empresas qui dominent le marché taurin le moins que l'on puisse dire est que leur discrétion a confiné à la démission. Pas même l'organisation de cycles de novilladas lorsque c'était possible ! Ce qui ne les a pas empêchées de casser honteusement du sucre sur le dos de celles qui travaillaient, comme on l'a vu après la corrida du Puerto de Santa Maria.
   Pour donner corps à une activité taurine minimale ce sont aussi les structures régionales (institutions politiques et télévisons) qui, en Castille et en Andalousie, ont pris en main l'organisation de cycles de novilladas avec en général une belle réussite.
   Enfin la Fundation del Toro de Lidia a réussi à organiser durant l'automne un cycle d'une vingtaine de corridas dans les zones de la géographie espagnole où c'était possible et cela en dépit des incertitudes de réglementations sanitaires en perpétuels changements.
   De ce côté-ci des Pyrénées, l'énorme disparité entre les deux régions taurines est vraiment frappante. Le Sud Est a fait preuve d'un dynamisme certain qui a permis durant les mois d'août et de septembre une activité taurine assez conséquente avec l'organisation de plusieurs ferias (Béziers, Arles, Nîmes), sans oublier Beaucaire qui avait courageusement montré la voie à suivre dès le mois de juillet.
   Dans le Sud Ouest en revanche, région pourtant très peu touchée par l'épidémie, le bilan est calamiteux. Une seule journée taurine, avec novillada le matin et corrida l'après-midi, a été organisée par la ville de Dax. Alors que durant les mois d'août et de septembre tout était possible ! J'ai bien l'impression que ce bilan atterrant est le signe que l'aficion du Sud Ouest est une aficion vieillissante ...
   Ceux qui ne sont pas restés les deux pieds dans le même sabot ce sont les ganaderos. Pour éviter la désespérance totale, ils n'ont pas hésité à organiser sur leurs terres des journées taurines qui ont semble-t-il connu le succès. Il s'agit là pour eux d'un mode de fonctionnement qui, s'il existait déjà, aura pris avec la crise une importance accrue dans leurs activités. 

   Si côté torero un bilan doit être tiré c'est pour mentionner un certain nombre de matadors et de novilleros qui ont su saisir les rares occasions qui leur étaient données. Ils ont montré qu'il faudrait compter sur eux lorsque la reprise sera une réalité. C'est ainsi que, parmi les matadors, Juan Ortega a fait sensation par son toreo classique et pur. Gomez del Pilar, de son côté a montré qu'il était mûr pour prendre une place de choix dans les corridas dures. José Garrido a rappelé qu'il était un torero sur lequel on pouvait compter. Fortes, enfin, a pu fouler à nouveau le sable d'une plaza après une grave blessure qui l'avait tenu plus d'un an éloigné des ruedos.
   Mais le plus encourageant - à vrai dire la seule note réellement positive de la temporada - c'est l'existence, malgré le peu d'opportunités offertes, de plusieurs novilleros porteurs d'espérance pour l'avenir. Tomas Rufo, natif de Talavera de la Reina (clin d'œil de l'Histoire), aurait dû prendre l'alternative lors des fêtes de la Madeleine ; son actuation (télévisée) de Tolède en octobre a confirmé qu'il avait les qualités pour s'imposer au plus haut niveau. Francisco Montero possède une personnalité hors norme et de réelles qualités taurines. Manuel Diosleguarde a acquis une maturité qui devrait lui permettre de bien figurer à l'échelon supérieur, il s'est montré très convaincant lors d'une novillada télévisée à Guijuelo. Mentionnons également Daniel Barbero vu à son avantage à Medina del Campo, Gonzalez Ecija vainqueur du cycle de novilladas andalouses, José Francisco Molina révélé par Dax et enfin l'élégant Nîmois El Rafi. Des espoirs pour le futur ...
   Quant à nos chères figures, tout comme les grandes empresas, elles se sont révélées durant toute l'année d'une discrétion qui ressemblait fort à une démission. Enrique Ponce est le seul qui soit monté au créneau pour tenter de donner un peu d'oxygène à une temporada en perpétuelle asphyxie.
   Je m'aperçois que pour un non-bilan d'une non-temporada, voilà beaucoup de mots écrits, il est temps de passer à :
 

Ma corrida rêvée

                6 toros de Victoriano del RIO 6
     Daniel LUQUE - GOMEZ del PILAR - Juan ORTEGA
 
Victorino, Victoriano, j'ai longtemps hésité entre les deux et si j'ai finalement opté pour Victoriano c'est en souvenir des deux bons lots de l'élevage que j'ai vus dernièrement (Bilbao 2019, Nîmes 2020). Du campo de Guadalix de la Sierra nous viennent régulièrement de beaux toros, braves et encastés, et, bien qu'ils ne soient pas majoritaires, ils ont pris, dans mon rêve, toute la place.
 
Un autre rêve a aujourd'hui plus de chance de devenir réalité : la crise liée à l'épidémie de coronavirus va disparaitre en 2021 et, peu à peu, la temporada taurine reprendra tous ses droits ... 
 
 



















Dax dimanche 27 septembre 2020 17 heures
le paseo de la seule corrida donnée dans le Sud Ouest
Daniel Luque, Lopez Simon, Alvaro Lorenzo
Sur les gradins tous les spectateurs sont masqués et une place sur deux est occupée
photo Velonero
 
 

4 commentaires:

christian a dit…

je signe direct pour ta corrida rêvée cher pierre !!
j'y ajouterais mon modeste grain de sel en remplaçant un luque homérique par un garrido à qui on ne la fait pas.
j'ai trouvé daniel luque moins inspiré , plus mécanique qu'en 2019 ...mais magnifique tout de même hein !!
mais j'ai dans l'idée que ton cartel, ou qu'il soit, je ferais tout pour répondre présent.
joli billet comme toujours.


Frédéric a dit…

Très bon résumé de cette temporada 2020 que nous espèrons oublier très vite, tout comme cette sinistre année.
Je te rejoins tout à fait sur la frilosité des organisateurs du Sud Ouest, surtout ceux de Mont de Marsan ou il était possible d'organiser quelque chose en fin d'été. Dommage, car les lots de toros prévus étaient plutôt intéressants. Il suffit pour s'en convaincre de regarder la manière dont sont sortis les 2 toros d'Adolfo Martin initialement programmés pour le Moum, lors d'une course en Espagne.
Mais bon, étaler nos regrets ne sert pas à grand chose. Il ne nous reste qu'à souhaiter que 2021 soit une année taurine complète. Ce n'est, hélas, pas gagné.

Frédéric a dit…

Que sera la temporada 2021 ? Difficile, voire impossible de se faire une idée précise en cette fin décembre 2020.
Si la mauvaise nouvelle est venue de Seville avec l'annulation pour la 2ème année consécutive de la féria, Dax a présenté ses ganaderias avec un mix maison. Retenons surtout le plaisir du retour des Escolar avec un lot parait il digne de Madrid (dixit Eric Darrière) et à un degré moindre La Quinta et le déplacement plutôt judicieux selon moi des Pedraza dans le cadre de Toros y Salsa, permettant ainsi de présenter une féria apportant satisfaction aux toristas et aux toreristas.
Souhaitons que d'ici août 2021, cette triste et pénible pèriode soit définitivement derrière nous.

christian a dit…

reste cool frederic moi je dis que ,bon an mal an, on reussira bien à en voir une ou deux...ou trois.