La vidéo taurine a un grave défaut : elle est trop souvent fragmentaire. On y voit la plupart du temps un moment de lidia détaché de son contexte. Or, chaque acte de la lidia est déterminé par ce qui a précédé et détermine ce qui suivra. Et, chaque toro ayant un comportement unique, chaque lidia est un moment unique toujours dépendant de l'intelligence qu'a le torero du comportement du toro et de son évolution. L'intérêt de l'aficionado vient du fait qu'il essaie en permanence de comprendre la relation qui, sous ses yeux, se noue entre torero et toro. C'est pourquoi, sauf défaillance totale de l'un des éléments, nous nous ennuyons rarement aux arènes et y revenons. C'est pourquoi aussi il est bien plus intéressant de voir les images d'une lidia complète, de ce point de vue rien ne vaut la possibilité de visionner des corridas dans leur intégralité - et nombre d'entre nous ont aujourd'hui plus que jamais le temps de le faire!
Hélas, après quelques recherches infructueuses, j'ai trouvé la toile bien avare en ce domaine. Certes on peut trouver facilement la fameuse corrida du siècle mais je n'ai pas réussi à trouver mes autres "corridas de chevet", à savoir :
- la corrida de beneficencia du 6 juin 1991 (Madrid, toros de Samuel Flores pour Ortega Cano et César Rincon, mano a mano)
- la corrida goyesque du 2 mai 1996 (Madrid, toros de diverses ganaderias, José Miguel Arroyo "Joselito" unico espada)
- la corrida de la feria de Logroño du 23 septembre 2015 (toros de Fuente Ymbro pour Diego Urdiales et Sébastien Castella mano a mano).
Si des lecteurs plus habiles que moi parviennent à les trouver qu'ils n'hésitent pas à me le faire savoir, j'indiquerai les liens adéquats.
A défaut de corrida intégrale il est possible de trouver des lidias complètes depuis l'entrée en piste du toro jusqu'à sa mort. De ce point de vue, le site de l'association El Toro de Madrid est une mine. Il met en ligne la lidia de nombreux toros choisis parmi ce qui s'est vu de mieux ces dernières années à Las Ventas.
Asociación El Toro de Madrid
Signalons aussi l'initiative du journal digital taurin de la région de Murcie, El Muletazo qui chaque jour a la cinco y media de la tarde nous offre "en direct" une "tarde de toros".
Rappelons toutefois un autre inconvénient, paradoxal, de la vidéo taurine : ne nous montrer que le meilleur de ce qui advient dans une arène et nous faire oublier par là-même que l'aficion est une longue patience. Le grand toro, la faena cumbre sont des moments d'autant plus gratifiants qu'ils surgissent bien souvent à la suite de longues périodes d'attente et de frustration. Puissent les semaines de confinement que nous vivons actuellement constituer le prélude à bien des jouissances futures ...
Madrid 1er juin 1982 "la corrida du siècle", une des rares que l'on peut trouver en intégralité sur le net
(à suivre)
2 commentaires:
Bien que n’étant pas un adepte de la vidéo en matière taurine, il y a des exceptions qui confirment la règle et cette course en fait indiscutablement partie. Possédant le dvd de cette corrida du siècle, j’ai pris le temps, en cette période de confinement, de la ressortir du placard dans lequel elle était rangée et très franchement à son nième visionnage, je trouve que cette corrida mérite totalement son appellation. Oublié l’éternel débat torista/torerista, puisque tout ce que recherche l’aficionado s’y trouve concentré.
Excepté peut être l’ultime toro, nous avons là un lot d’exception, qui non seulement nous prouve sa bravoure sous le châtiment (quel plaisir de retrouver les 3 piques obligatoires !), mais aussi une caste extraordinaire dans les deux derniers tiers. Si le fils Victorino visionnait à nouveau cette course aujourd’hui, il pourrait se rendre compte ce qu’était cette fabuleuse ganaderia avant qu’il ne la prenne en main et lui fasse tant de mal, car ces toros ont été éblouissants toute la tarde et pendant les années qui suivirent, Victorino Père a éblouit et régalé l’aficionado.
Mais pour que la soit réussie, il fallait des hommes en mesure de se mettre à la hauteur d’un tel lot. Ruiz Miguel, Espla, et Jose Luis Palomar ont su grandir la tarde avec des faenas courtes (20/25 passes en moyenne, mais assorties du sceau de la grande classe). Selon mon modeste avis, Ruiz Miguel aurait largement mérité les deux oreilles à son premier bicho, mais nous sommes à Madrid et le palco n’a pas cédé à l’énorme pression du public (surtout en début de tarde). Espla fut moyen à son premier toro, mais se rattrapa totalement à son second. A ma connaissance, je n’ai jamais vu un maestro faire une vuelta à l’issue d’un tercio de banderilles. Celui qu’à réalisé le maestro d’Alicante est de loin le plus extraordinaire qu’il m’ait été donné de voir et m’a procuré un immense frisson, avant de sortir une faena « al natural » d’anthologie et de conclure celle-ci par un recibir. Moins connu que ses camarades de cartel, Jose Luis Palomar a su se mettre à leur niveau et a été particulièrement bon sur son premier toro.
Cette course inoubliable a l’immense mérite de réconcilier les toristas avec les toreristas. Il est vraiment dommage que le fils Victorino ait sacrifié le formidable travail de son père sur l’autel de l’argent.
Merci Frédéric pour ce commentaire qui me rassure, je me croyais seul à penser que victorino hijo avait dilué la caste de ses toros dans l'eau saumâtre du business!
mais après tout, peut être que tout cela correspond à l'air du temps: lisse , inodore et sans saveur.
il y a des toreros d"époque , pourquoi n'en serait il pas de même avec les ganaderias?
pour le meilleur et pour le pire!
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