El Cid a été un des meilleurs toreros du début du siècle. De 2004 à 2007, lorsqu'il était au sommet de son art, il a été le matador de l'escalafon qui toréait le plus purement et le plus sincèrement. Malgré nombre de triomphes perdus à la mort dû au fait qu'étant gaucher il lui a été nécessaire d'apprendre à tuer de la main droite, il a accumulé les succès dans les plus importantes arènes espagnoles et françaises. Séville, Madrid, Bilbao l'ont acclamé dans des journées d'anthologie. Et le plus souvent devant des toros de Victorino Martin.
Alors qu'il vient de terminer une temporada de despedida au cours de laquelle il a reçu le vibrant hommage de l'aficion (On notera que la France l'a complètement oublié) voici, en quelques dates subjectivement choisies, une évocation de la carrière de ce grand torero qu'a été Manuel Jesus Cid Sala "El Cid".
2002 l'année de la révélation
A Vic, des véroniques de toute beauté suivies d'une faena sincère et templée séduisent le public gersois (deux oreilles d'un toro de Ramon Sanchez). A Madrid, pour la San Isidro, la faena qu'il donne à Guitarrero, grand toro d' Hernandez Plá, met Las Ventas boca abajo. Son échec à la mort lui coûte la grande porte. A Bayonne, en septembre, il coupe les deux oreilles et la queue d'un Victorino Martin. Voilà un carrière bien lancée !
2004 le chef-d'œuvre
S'il ne fallait garder qu'une faena du Cid, ce serait celle-là : Madrid, le 5 juin, face à Bombonero de Victorino Martin. Donnée entièrement de la main gauche, la faena du Sévillan est un chef-d'œuvre absolu. Une fois de plus, Manuel Jesus perd les deux oreilles à la mort.
2007 la grande année
C'est, bien sûr, l'année du seul contre 6 Victorino à Bilbao, corrida qui marque l'apogée de la carrière du Cid. Mais c'est aussi l'année de la salida a hombros de Pamplona, et de sa quatrième Porte du Prince à Séville après deux faenas pour le souvenir toujours face aux victorinos.
Les années qui suivent vont marquer un déclin progressif du torero. Son toreo garde la fluidité qui a toujours été la sienne mais son engagement est moindre, son sitio moins assuré, sa muleta moins dominatrice. S'il continue de glaner des succès dans les plazas de moindre importance, son passage dans les arènes de première catégorie se solde la plupart du temps par des déceptions ou des échecs. Parfois, un toro d'exception comme Madroñito, cet Adolfo Martin de Santander en 2016, lui permet de redorer son blason mais dans l'ensemble ces dernières temporadas le voient très en dessous de sa période de plénitude.
On a toujours dit que le Cid avait la baraka lors des sorteos. Cette ultime temporada a confirmé le fait. A Huelva , il touche un Cuadri comme il en est peu sorti ces derniers temps et lui coupe deux oreilles après une excellente faena. Enfin à Zaragoza le dernier (?) toro de sa carrière sera le meilleur de toute la feria du Pilar et en fera le triomphateur. Comme toujours dans ces cas-là, il faut avoir le talent pour se hisser à la hauteur des opportunités. Et ce talent, El Cid l'a toujours eu.
La main gauche a toujours été le point fort du Cid.
Ici à Seville devant un victorino
photo Arjona
1 commentaire:
j'avais été épaté il y a deux ans à arenas de san pedro par l'élégance naturelle que cet homme dégageait.rien qu'à le regarder bouger , pas uniquement dans le ruedo, on ressentait sa droiture.
le cœur n'y était peut être plus tout à fait mais cet après midi là devant des escolar qui avaient de noirs projets pour lui, il ne baissa pas les yeux et su me parler même s'il toréait un poil trop les gradins à mon gout.
cette ultime temporada fut réussie et touchante.
suerte torero pour l'amérique du sud !
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